vendredi 17 juin 2011 par Le Patriote

Cissé Souleymane est le président des chauffeurs routiers de San Pedro. En début du mois de juin en cours, il a été l'objet d'un passage à tabac de la part des éléments des forces républicaines pour s'être opposé au racket de ses passagers. Il raconte sa mésaventure.
Pourquoi avez-vous été bastonné par des éléments des forces républicaines ?
Je suis le président des chauffeurs routiers de San Pedro et propriétaire de Massa. Tous les jours, les chauffeurs viennent se plaindre du racket. J'ai alors décidé de faire la route moi-même de San-Pedro à Méagui. Au corridor, à la sortie de San Pedro, j'ai pris leur laissez-passer à 3.000 FCFA. Pour la lever de la herse dans les deux sens, on paie 1000 FCFA. Juste après, il y a la police et la gendarmerie qui prennent 1.000 FCFA. A ce seul corridor, le chauffeur doit payer 5.000 FCFA avant de sortir ou entrer dans la ville.

Si vous avez payé, pourquoi vous a-t-on frappé ?
J'ai eu des problèmes avec eux à mon deuxième voyage vers 13 heures. Lorsque je revenais, ils ont demandé à mes passagers de payer 200 FCFA chacun. J'ai demandé à l'élément qui est venu vers moi d'encaisser plutôt 100 FCFA par personne pour qu'on puisse aller vite, parce que ce n'est pas le seul barrage que nous avons traversé. L'élément s'est alors énervé et m'a demandé si c'est moi qui les avais mis là. J'ai dit non. Il a donc commencé à insulter ma mère. Je lui ai demandé si c'est parce qu'il tient une kalach qu'il m'insulte. C'est alors qu'il s'est mis à me tabasser avec ses amis. Ils m'ont déchiré les habits et m'ont gardé au violon sur place.

Comment vous êtes-vous tiré de leurs griffes ?
La nouvelle a parcouru la ville et les transporteurs sont venus nombreux au corridor pour intervenir. C'est ainsi que j'ai recouvré ma liberté. Le lendemain, nous avons fait un arrêt de travail, mais grâce aux interventions des bonnes volontés, nous avons levé la grève le même jour. Après cet incident, les Forces républicaines ont levé trois barrages mais quelques jours seulement après, ces mêmes barrages sont revenus.

Est-ce que les transporteurs ont rencontré la hiérarchie militaire de San Pedro et qu'est-ce que vous vous êtes dit ?
Nous sommes allés voir le Capitaine Bema Ouattara qui commande la zone de San Pedro pour nous plaindre du comportement de ses hommes. Ce dernier nous a demandé si on voulait porter plainte. Mais nous avons voulu que cet incident aide à baisser les ardeurs au racket des Frci. Malheureusement, le racket continue.

Le racket a de tout temps été de cette ampleur ici ?
Non, avant c'était mieux que maintenant. Lorsque les Forces républicaines sont arrivées, elles obligeaient les transporteurs à prendre un macaron à 75.000 CFA avant de rentrer dans la ville de San Pedro. Tout transporteur qui n'avait pas ce macaron ne pouvait pas venir en ville. Même quand tu prends ce macaron, tu dois payer encore au niveau des corridors. Par exemple, les Massa qui font l'axe Soubré-San Pedro, dépensent entre 18 et 19.000 FCFA sur les barrages sauvages. Nous sommes fatigués.

Avez-vous un message à lancer au gouvernement ?
Nous sortons d'une crise qui a secoué tout le monde. Je demande au gouvernement de veiller à ce que tous les barrages soient levés pour permettre la libre circulation sur tout l'ensemble du territoire. Nous ne demandons pas une ville portuaire sans corridors, mais la disparition des barrages sauvages. A San Pedro ici, il y a plus de véhicules garés que de véhicules qui roulent. Beaucoup on tout simplement arrêté de transporter les passagers pour le moment, en attendant de meilleurs jours. Ils ne veulent pas continuer de travailler pour ces éléments des Forces républicaines qui les dépouillent de tout sur les routes.

Propos recueillis par A. Lebel

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