mardi 21 juin 2011 par Le Patriote

L'assemblée générale de la fédération ivoirienne de football tenue le samedi 18 juin dernier, a donné le quitus au président sortant Jacques Anouma et à son Comité exécutif. Ce quitus qui est le signe de l'approbation de sa gestion par les mandants ne doit pas occulter les défaillances. En prenant la fédération ivoirienne de football (FIF) en 2002, Anouma nourrissait une ambition. Celle de faire du football ivoirien, l'un des meilleurs du continent voire du monde. Cet objectif passe par une équipe nationale forte. A l'heure du bilan et au moment où il est encore sur la ligne de départ pour un troisième mandat à la tête du football éburnéen, une rétrospection permet de dégager deux axes d'analyse. Les actifs d'Anouma et les insuffisances de sa gestion.

Les acquis de la gestion d'Anouma

Si son ambition est réellement de faire de l'équipe nationale la vitrine du football ivoirien, Anouma a parfaitement réussi ce challenge. J'ai dirigé cette fédération avec des objectifs bien précis. Celle de faire de l'équipe nationale la vitrine du football ivoirien, reconnaît-il. En cinquante ans d'indépendance, la Côte d'Ivoire a goûté aux délices de la Coupe du monde sous le mandat de Jacques Anouma. Il comptabilise deux participations successives à la Coupe du monde des seniors (2006, 2010), trois participations à la CAN (2006, 2008, 2010), une participation aux Jeux Olympiques (2008), un Mondial des juniors (2003), une CAN de la catégorie (2003), deux Coupes du monde des cadets (2005, 2011). Le CHAN (2009, 2011), les trophées de l'UEMOA (2007, 2008). Les finances des clubs ivoiriens soufflent avec la subvention fédérale qui est passée de 500000 F CFA avant 2000 à 38 millions F CFA aux clubs de Ligue 1. Sans omettre celle allouée aux divisions inférieures. Sous Anouma, le football ivoirien dispose de son Clairefontaine avec l'acquisition et la mise en valeur du Centre national technique de football à Bingerville à travers les projets Goal 1, 2 et 3. La réhabilitation du stade Robert Champroux à Marcory et du Parc des Sports à Treichville avec la pose de pelouse synthétique, l'acquisition du terrain du terrain du siège de la fédération à Treichville sont autant d'actes qui font la fierté de la fédération. Anouma, dans sa vision, a transformé la fédération en une PME avec une direction générale. Cette gestion professionnelle de la fédération a abouti à la création de la Ligue de football professionnelle placée sous la responsabilité de Sory Diabaté. A l'actif du président de la FIF, la participation des différentes sélections (minime, cadette, junior, olympique, A et A') à toutes les compétitions internationales. Le couronnement reste incontestablement la présence au sein des comités exécutifs de la FIFA et de la CAF depuis deux mandats d'Anouma où il porte la voix de la Côte d'Ivoire à différents niveaux.

Les ombres de la gestion

Mais cette embellie avec l'équipe nationale ne saurait cacher les multiples insuffisances au niveau national. Certes la participation aux deux Coupes du monde permet au football national de bénéficier des retombées, mais force est de constater aujourd'hui que le football local est loin de l'aura que dégage la sélection nationale. Même si le président Anouma semble ne pas épouser cette vision : Le football local ne se définit pas en termes de spectateurs au stade ou en termes de trophée. Je suis désolé. Le football local est dirigé par des chefs d'entreprise que j'appelle les présidents de clubs. A eux d'imprégner à ce football local le souffle dont nous tous nous espérons. Donc, je ne suis pas trop d'accord qu'on dise qu'on ne fait rien et que le football local n'avance pas. Il avance. Une avancée à reculons est-on tenté de dire, car les clubs ivoiriens peinent depuis une décennie à atteindre les phases de poules des compétitions africaines. Il y a un fossé entre la vitrine du football (l'équipe nationale) et le football local. Ce sont des disparités qu'il va falloir comblées, disait récemment le président du Satellite FC, Diaby Souleymane Cocauh. Ce fossé est également visible par le manque de spectateurs dans les stades lors des compétitions nationales. Le jet d'éponge des différents sponsors de la Ligue 1 (Orange et MTN) est significatif. Loin d'être philanthropes, ces entreprises n'ont jamais trouvé satisfaction à la hauteur de leur implication dans le football. Les stades de proximité promis sont devenus des chimères. Si on peut lui trouver des circonstances atténuantes dans la mesure où les sommes injectées dans la réhabilitation du Champroux et du Parc n'ont pas encore été recouvrées, toutefois cela ne saurait expliquer le palmarès vierge de la sélection nationale senior que traîne Anouma comme un boulet. Constellation de talents, cette équipe dégringole depuis sa finale de 2006 en Egypte pour sortir en quarts de finale de la CAN 2010. Un gros point noir sur la gestion d'Anouma même si ce dernier refuse de le qualifier comme un échec. Je ne fais pas des trophées une fixation. Si on arrive à en avoir, c'est tant mieux. Le plus important, c'est l'organisation du football ivoirien. Si je travaille et que mon successeur vient remporter des trophées, ce sera une satisfaction pour moi, ne cesse de répéter le locataire du 3e étage de la Maison de Verre de Treichville. Mais pour les Ivoiriens, le trophée de la CAN doit être le couronnement de son action. Tout comme une meilleure représentativité des clubs sur l'échiquier continental. A défaut, tout est échec. La gestion financière de la fédération n'est pas sans critique.
Le bilan d'activités et la gestion financière ont été certes approuvés par les clubs, le samedi dernier. Mais bon nombre d'Ivoiriens sont à se demander encore ce que le président et son équipe font des énormes sommes allouées à la fédération aussi bien par les sponsors que la participation à la Coupe du monde. Au point de qualifier sa gestion financière de tontine personnelle et d'opaque. Une préoccupation à laquelle il répond sans véritablement convaincre si l'on se réfère au regain d'intérêt qu'a engendré l'exposé sur la gestion financière: Depuis 2006, nous dépendons essentiellement des ressources de la FIFA et des ressources qui nous sont attribuées par le sponsoring de l'équipe nationale. Si l'Etat ne joue pas son rôle à 100% dans le financement des compétitions et si jamais, je touche du bois, nous ne sommes pas qualifiés pour la prochaine Coupe du monde, la fédération ivoirienne va se retrouver avec un manque à gagner de plus de 3 milliards à partir de 2013. L'Etat est redevable à la fédération pour avoir financé sur fonds propres les équipes nationales entre 700 millions et 1,3 milliards F CFA. Une tâche qui incombe en premier ressort à l'Etat. Ce qui cause un préjudice énorme au fonctionnement fédéral. Sans pour autant ôter le voile qui couvre l'aspect financier de la gestion d'Anouma. De même que cela ne saurait justifier le délaissement dont est victime le football local.
Toutefois, il est indispensable que l'Etat joue pleinement son rôle régalien en finançant entièrement les équipes nationales.
OUATTARA Gaoussou

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