mardi 21 juin 2011 par Nord-Sud

48 heures après la libération de 17 cadres de l'ancien régime garde des sceaux, ministre de la Justice, Jeannot Ahoussou Kouadio, donne des explications.
Pourquoi avez-vous libéré ces cadres de l'ancien régime ?

Le mot libéré est un petit peu trop fort parce que ces personnes n'ont jamais été incarcérées. Donc je ne suis pas d'accord avec le mot libéré. En fait, de quoi s'agit-il ? Suite à la capture du président Laurent Gbagbo le 11 avril dernier, certains militants du Fpi se sont sentis en insécurité totale dans la ville d'Abidjan. Elles se sont réfugiées au préalable au siège de l'Onuci à l'ex-hôtel Sébroko. Or, à cet endroit précis, il n'y a pas de chambres pour accueillir ces personnes. Donc en accord avec l'Onuci, nous avons décidé de trouver un autre endroit pour ces personnes qui se sentaient en insécurité afin qu'elles s'y réfugient. C'est ainsi qu'on est convenu de réquisitionner l'hôtel Pergola qui avait au préalable servi de base militaire à l'Onuci.

Pourtant ces personnes disent avoir été piégées ou séquestrées

Lors de leur passage au mois de mai dernier, les Elders, c'est-à-dire Mgr Desmond Tutu, Kofi Annan et Mme Robinson, se sont rendus à la Pergola. Et là, il n'a pas été évoqué de la part de ces personnes, la question de la séquestration. Par ailleurs, moi-même, je me suis rendu à la Pergola pour leur demander de rentrer. On a signé un document qu'on leur a remis. Mais, elles n'ont pas voulu. Or, pour leur statut juridique, il n'y a jamais eu de décret d'assignation à résidence signé par le président de la République. Ceux qui ont été assignés à résidence, ce sont tous ceux qui ont participé à la commission de crime gravissime, de crime de sang ou de crime économique. Pour ces personnes, un décret du président de la République a été pris. Il s'agit de l'ancien Premier ministre Aké N'Gbo, du ministre de l'Economie et des Finances, Désiré Dallo. On a entendu des Ong chargées des droits de l'Homme telles qu'Amnesty international, Human Rights Watch parler de détention illégale. Il y a des décrets qui ont été pris.
Est-ce que ces mesures vont concerner l'ancien président, son épouse et certains hauts responsables du Fpi ?

La justice est saisie de ce dossier. Seuls les juges peuvent aviser. Je précise que l'enquête préliminaire pour les crimes économiques est terminée. Le dossier a été transmis au juge d'instruction qui va instruire bientôt sur les crimes économiques qui ont été commis, notamment le braquage de la Bceao (Banque Centrale des Etats de l'Afrique de l'Ouest, Ndlr) et des banques commerciales. N'oublions pas qu'on a 500 milliards de créances compromises. Entre le 2 décembre 2010 et le 11 avril 2011, M. Laurent Gbagbo et ses compagnons ont contribué à mettre la Côte d'Ivoire totalement en faillite dans tous les compartiments.

Est-ce que ces genres d'opérations vont se poursuivre ?

Parmi les personnes qui sont allées se réfugier à la Pergola, à qui l'Etat de Côte d'Ivoire a offert le gîte et le couvert, celles qui ont voulu rentrer chez elles, sont rentrées librement. La justice ivoirienne ne va pas donner dans la vengeance ou dans des règlements de comptes. Nous allons étape par étape. L'enquête préliminaire est terminée. S'agissant des crimes de sang, M. et Mme Gbagbo et les autres dignitaires de l'ancien régime ont été entendus. Nous allons bientôt procéder à l'audition de toutes les victimes, des témoins. Nous avons à peu près 2000 personnes à entendre.

L'un des acteurs-clés de cette crise, c'est Charles Blé Goudé qui n'est pas sur le terrain

Lorsque la justice va entrer dans sa phase active, nous allons lancer un mandat d'arrêt. La justice ivoirienne a des magistrats compétents et la police a également des officiers compétents. Ces personnes iront le chercher. La Côte d'Ivoire a signé des conventions d'extradition dans le cadre de la Cedeao (Communauté économique des Etats de l'Afrique de l'Ouest, Ndlr) ou dans le cadre d'Interpol. Nous avons signé des accords avec plusieurs pays. On mettra en ?uvre ces accords pour ramener ceux qui sont à l'extérieur. Je précise que Charles Blé Goudé est sorti du territoire ivoirien alors qu'il est sous sanctions onusiennes. S'il se retrouve dans un autre pays, cela veut dire qu'il a déjà violé une disposition des Nations Unies. Or, les Nations Unies, c'est l'organe suprême.
Propos recueillis sur

Bbc Afrique par M.D.

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