mercredi 29 juin 2011 par Nord-Sud

Arrêté le 26 avril puis conduit trois jours plus tard au violon du 11ème arrondissement , Mahan Gahé, secrétaire général de la Centrale syndicale Dignité , raconte sa condition de détention et balaie du revers de la main les déclarations au sujet de l'incident survenu samedi dernier, au commissariat de Williamsville.

C'est un homme très remonté que nous avons rencontré, lundi dernier à 17h30mn au commissariat de police du 11ème arrondissement à Williamsville. Le secrétaire général de la Centrale syndicale Dignité botte en touche toutes les allégations du confrère Notre voie qui titrait en page intérieure(8) Mahan Gahé échappe à la mort. Habillé d'un pantalon Jean couleur bleu-ciel assorti d'un tee-shirt bleu-foncée et chaussé de sandales, le sécrétaire général de Dignité sort librement de la cellule, emprunte le couloir et nous rejoint au bureau du commissaire intérimaire du 11ème arrondissement, Zana Diabaté. C'est là que nous l'avons rencontré. Moi, je dois remercier beaucoup le commandant Zana Diabaté. C'est un monsieur qui connaît les droits de l'Homme.

La confiance s'installe et la langue se délie

Ce n'est pas parce qu'il est en face de moi que je le dis. Non pas parce que je suis en cellule que j'affirme cela. Je voudrais faire une précision. Je n'ai jamais été contacté par un journaliste. Je ne me reconnais pas à travers ces écrits. Ce sont des mensonges à la limite des imaginations. Je n'ai jamais été inquiété. Mieux, ma sécurité est la préoccupation essentielle du Cdt. Il m'a affecté des éléments qui s'assurent de mon intégrité physique. Souvent je suis autorisé à sortir de ma cellule pour me promener dans la cour. Je profite du temps. Je vous dis que je suis en sécurité. L'incident de samedi dernier est survenu loin de ma cellule. Je ne sais même pas ce qui s'est passé cette nuit-là. Aucune balle n'a failli m'atteindre comme l'affirme le journaliste de Notre voie. Je n'ai pas échappé à la mort. Il gagnerait à venir sur le terrain pour s'imprégner de la réalité au lieu d'écrire des choses fadaises , fulmine le leader syndical dont le co-accusé, Dr Séka, ex-directeur des ?uvres universitaires (Crou) a été transféré il y a quelques semaines dans une clinique pour des soins. Il a rejoint les autres pensionnaires de l'hôtel la Pergola à Marcory.

Lors des échanges, nous gagnons la confiance de celui qui dit avoir été le premier Africain noir élu président de la confédération mondiale du travail. Il nous confie que l'Ong de défense des droits de l'Homme, Amnesty International et le bureau international du travail(Bit) lui ont récemment rendu visite dans sa cellule. Je voudrais vous faire cette confidence. Depuis mon arrestation le 26 avril à mon domicile à la Riévera Golf suivie de mon incarcération le 29 avril, je n'ai subi aucun traitement inhumain de la part du commandant ni de ses hommes. Je n'ai même pas été insulté a fortiori recevoir des brimades. J'avoue que j'ai été traumatisé lors de mon arrestation et les premiers jours qui ont suivi. Mon c?ur en a battu la chamade. Donc, je suis cardiaque. Les conditions de détention préventives sont acceptables. Dans la mesure où je reçois régulièrement la visite de mon médecin. Je prends mes médicaments. J'ai droit aux trois repas de la journée. Mes plats viennent de la maison après l'autorisation du Cdt. Je suis correctement traité et les allégations de votre confrère risquent de m'exposer. Heureusement que je suis en de bonnes mains au commissariat du 11ème arrondissement. C'est Dieu qui a mis ce monsieur(le Cdt Zana Diabaté, ndlr) sur ma route. Sinon lorsque j'ai été appréhendé le 26 avril, on m'a envoyé au 34ème arrondissement à Abobo Baoulé. Puis j'ai été conduit manu militari dans une forêt à Anyama. J'ai eu très peur pour ma vie car ce jour-là a précédé la mort d'IB (sergent-chef Ibrahim Coulibaly, ndlr). Les gens m'ont accusé d'être un milicien. Et, ils ont failli me tuer n'eût été l'intervention du Cdt Wattao que je connais depuis une vingtaine d'années. Je dois ma vie à Wattao et aussi au Cdt Zana. Il ne ménage aucun effort pour veiller sur ma sécurité. Je vous dis que ce qui a été écrit par le journaliste est faux, répète l'époux de la cheffe du département traduction (français et anglais) de la Banque africaine de développement(Bad). Selon lui, il a été arrêté puis conduit au violon du 11ème arrondissement depuis le 29 avril. Il lui est reproché, d'après lui, d'avoir distribué des armes de guerre et d'avoir entretenu des groupes de miliciens à Bloléquin, son village natal et à Abidjan. Je n'ai pas été entendu par le procureur de la République. Je voudrais bien rejoindre mon co-détenu à l'hôtel la Pergola mais cela dépend des autorités policières et militaires. Il y a dix-sept personnes qui ont été libérées. Donc, il y a de la place pour moi, affirme-t-il avec un rire sous cape. C'est donc un Mahan Gahé corpulent et jovial dont nous avons recueilli les propos avec la permission du commissaire intérimaire du 11ème arrondissement, Zana Diabaté. J'ai mon plat du soir qui m'attend. Je vous invite , nous lance-t-il en tirant la porte du bureau du commissaire. Après soixante minutes d'échanges, Mahan Gahé repart dans sa cellule comme il est venu, en homme détendu.

Ouattara Moussa

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