mercredi 29 juin 2011 par Le Temps

En raison des risques d'épidémies liés au mode de conservation des aliments et boissons, le
Gouverneur du District d'Abidjan, informe les populations, tenanciers de commerces et vendeurs
ambulants que seule la vente des aliments et boisson (eau, gnamakou, bissap, tomi, lait, sirop),
gâteau beignet, arachides, petits-pois, aloco ou igname frit, atiéké, riz, poisson, viande, légumes et
légumineuses contenus dans des box vitrés est désormais autorisé sur l'ensemble du territoire du
District d'Abidjan. Il en est de même pour les aliments et boissons vendus à ciel ouvert. Ce
communiqué signé de Robert Beugré Mambé, Gouverneur du District d'Abidjan interdit
formellement la vente de ces produits s'ils ne sont pas protégés. Cet appel ne semble pas émouvoir
les concernés. En cette saison de pluie, nous nous sommes efforcés de nous rendre au marché
d'Adjamé. Là, où plus d'un million de commerçants se retrouve chaque jour pour exercer leur
activité. Ce jour-là, le ciel est clément. Le soleil a fait place aux gros nuages. Nous longeons le célèbre
Boulevard Nangui Abrogoua du côté de la grande mosquée. Entre embouteillages humains et bruits
de klaxons, nous essayons de nous faire un passage. Sur le côté de la chaussée, un tas d'ordures nous
accueille. Les mouches sont au rendez-vous. A cinq mètres de là, une dame frit de aloco et du
poisson. Elle ne semble pas se soucier de la moindre hygiène. Dans le plateau, de grosses mouche.
sans doute invitées à une cérémonie festoient comme elles peuvent. Non loin de là, c'est le même
décor. Des cuvettes de pain attendent de potentiels clients. C'est pareil. Ce commerce à ciel ouvert
se déroule à côté d'un tas d'ordures. Les mouches n'en demandent pas mieux. Sur le long de la voie
qui mène au Forum du marché de la commune cher au Maire Youssouf Sylla, la situation est
identique. Le respect des normes d'hygiène prescrit par le nouveau Gouverneur du District d'Abidjan
n'a pas atteint sa cible de ce côté. Cap est mis sur les 220 logements, toujours dans la même
commune. Ici, la plupart des commerçantes vendent de l'atiéké accompagné d'aloco. Un regard
furtif indique que les commerces ici sont couverts de sachets plastics. La protection n'est pas de
mise. Car, les peaux de bananes et autres eaux sales des poissons nettoyés sont exposées à un
centimètre près. Comme du miel, ces ordures attirent également les mouches qui, de temps à autre,
vont se poser sur les poissons frits, mal couverts par ces sachets. Malgré tout, les clients friands de
ces plats ne se font pas prier pour être servis. On va faire comment ? lance un client qui dit que
cela fait plusieurs années qu'il mange dans ce coin, sans pour autant avoir le moindre signe de
maladie, encore moins de maladie comme le choléra. Cependant, il se dit conscient du terrain que

gagne la maladie dans le District d'Abidjan. Cap est mis sur l'espace Shanghai à la Riviera 2 dans la
commune de Cocody. Cet espace qui regorge au moins cent commerçants (vendeuses d'atiéké et
poisson, de poulets braisés et autres aliments) ne semble percevoir le message du nouveau
Gouverneur du District d'Abidjan. Tous les aliments sont vendus à ciel ouvert. Une commerçante
interrogée sur la décision du Gouverneur nous balance presque ce bout de phrase. Depuis que
vous êtes à Abidjan, avez-vous appris que nos aliments ont donné le cholera à quelqu'un?,
interroge-t-elle. Tout en me renvoyant dans les communes telles que Attécoubé, Koumassi ou
Adjamé qui ont eu des cas de cholera. Allez-y à Attécoubé, Koumassi et Adjamé. C'est là-bas qu'on a
découvert le cholera. Ici, nos aliments sont propres, dit-elle. Une façon de dire que le message de
Robert Beugré Mambé n'est pas entendu par les vendeurs et autres vendeuses de ce quartier. En
effet, dans ces différentes communes du District d'Abidjan, le cholera fait rage. Plusieurs cas dont 15
décès ont été annoncés par les autorités sanitaires du pays. Aussitôt dit, aussitôt fait. Nous nous
retrouvons au quartier Château d'eau. C'est ici que le premier cas de la maladie péril fécal et de
l'insalubrité a été signalé au mois de février dernier. Dans ce sous quartier de la commune d'Adjamé,
les conditions d'hygiène des populations n'ont pas changé après la découverte du premier cas de
cholera. Les commerces sont toujours tenus à ciel ouvert. Idem, pour la commune voisine
d'Attécoubé. Dans le marché comme sur la grande voie qui mène dans cette commune, les femmes
continuent de vendre sans protéger la nourriture. En tout cas, l'appel du Gouverneur quelques
semaines après n'est pas toujours entendu par ses administrés. Peut-être, il va falloir changer de fusil
d'épaule en menant par exemple de grandes campagnes de sensibilisation dans les marchés.

Joseph Atoumgbré

attjoseph@yahoo.fr

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