mardi 5 juillet 2011 par Nord-Sud

Les audits, annoncés par le président Alassane Ouattara dans les sociétés d'Etat, troublent le sommeil des dirigeants. Nombreux sont ceux qui s'affolent déjà et se demandent comment les différents contrôles vont se dérouler. Il y a donc des frissons voire la tremblote!

Ils tremblotent et ne tiennent plus dans leurs sièges au bureau. De nombreux dirigeants de sociétés d'Etat, soumis désormais à une véritable épreuve de nerfs, risquent d'être engloutis par les grosses vagues que soulèvent les audits initiés par le président Alassane Ouattara lors du Conseil des ministres du mercredi 29 juin. En attendant le démarrage effectif de ces opérations de contrôle qui doivent être menées dans un délai de 2 mois par 14 cabinets inscrits au tableau de l'ordre des experts comptables, la déprime gagne de nombreux services et un grand vent de panique souffle comme un alizé sur la majorité des structures sous tutelle dont les patrons craignent une chute vertigineuse.

C'est gâté !

Ouvrant peut-être la voie aux poursuites judiciaires si effectivement des entreprises ont trempé dans des malversations! Une chose est claire, cet audit financier vise à renforcer la gouvernance des sociétés publiques et à rationaliser ce portefeuille en vue de mettre fin aux nombreuses déperditions. En effet, depuis l'annonce de ces mouvements de vérification, la suspicion prend des ampleurs démesurées à Petroci (Société nationale d'opérations pétrolières de Côte d'Ivoire). Selon des sources bien introduites, les services comme la Direction des ressources humaines (Drh), la logistique et la gestion des stocks et les finances ont perdu le sommeil voire leurs repères. L'affolement n'est pas loin. On a l'impression que des individus ont des problèmes avec ce vaste chantier d'assainissement des sociétés d'Etat initié par le gouvernement. A la limite, l'attitude de certains agents fait croire qu'ils se reprochent quelque chose, témoignent-elles.
A l'instar de la Petroci, les balbutiements et autres antinomies sont également constatés à la Sonatt (Société nationale des transports terrestres). Avant la certification des comptes et des mouvements de flux financiers et bancaires de cette structure, les inquiétudes qui s'aggravent, semblent alourdir l'environnement de travail. Il y a beaucoup de remous, fait remarquer un agent. A l'Autorité de régulation de la filière coton-anacarde (Areca), une vague de suspicion a envahi la maison. Les langues se délient. On parle d'au moins 1,8 milliard de Fcfa détourné sur le seul segment de l'anacarde. Des cadres affirment qu'ils n'hésiteront pas à dénoncer leurs complices au niveau du ministère de l'Agriculture au cas où. Dans les établissements bancaires publics tels que la Versus bank et la Bfa, certains cadres font profil bas dans la mesure où ils ne savent pas réellement comment ces audits qui concerneront 43 entreprises publiques, vont se dérouler. Et les interrogations fusent. D'ailleurs, cette grosse frayeur qui secoue les administrateurs s'est traduite par une flopée d'appels téléphoniques vers les services de la direction générale de l'économie (Dge). D'autant que personne ne veut être dans la nasse.

La Dge assaillie

Depuis que le gouvernement a annoncé ces audits, nous sommes assaillis par des appels téléphoniques en provenance des responsables et des administrateurs de sociétés d'Etat. Ils se demandent comment ces audits vont être menés et qu'est-ce qui va être fait. Ils veulent savoir aussi ce qu'on leur reproche exactement. Dans tous les cas, ils ont déjà reçu les termes de référence et ils sont en train de s'activer à leur niveau, confie T.S., un agent dans l'un des services rattachés à cette direction. A l'en croire, eu égard à l'atonie manifeste de l'ancien régime, plusieurs entreprises publiques ont accusé du retard par rapport à la finalisation de certains documents comme les rapports financiers pour préparer les assemblées générales. Malgré les interpellations de nos services, certaines sociétés ne transmettaient pas les documents de façon périodique. Elles s'appuyaient sur certai­nes raisons pour se justifier et jeter la pierre à la direction générale de l'économie qui estime, pour sa part, que les fautifs sont à rechercher ailleurs. Mais, il faut dire que nous sortons d'une situation où il y avait de nombreux intouchables, précise le fonctionnaire. Convaincu que, dans une situation normale, les dysfonctionnements de ce type ne devraient pas arriver. Cette réforme du président Ouattara va permettre de revisiter toutes les sociétés d'Etat et les sociétés à participation publique majoritaire. Parce que bien que beaucoup d'entre elles soient sorties du portefeuille, aujourd'hui dans le suivi, c'est délicat. Il y a des entreprises où pour avoir ne serait-ce que le contenu de la convention qui les lie à l'Etat, relève du parcours du combattant, dénonce-t-il. Justement, le gouvernement a lui-même déploré ces distorsions en constatant que 20 sociétés n'ont pas pu produire d'états financiers pour diverses raisons liées au redressement judiciaire, à l'administration provisoire, à l'arrêt des activités, à la restructuration C'est pourquoi il entend renforcer le contrôle des entreprises publiques et le suivi du processus d'exécution budgétaire, améliorer le processus d'établissement des états financiers, apporter assistance aux sociétés en situation difficile et responsabiliser les dirigeants avec la mise en place de contrats de performance. Les choses sérieuses, nouvelles empreintes des réformes Ouattara, vont donc commencer avec ces audits. Avant la production des différents rapports des auditeurs, la frousse risque de faire de nombreux dégâts dans les rangs des administrateurs.

Cissé Cheick Ely

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