mercredi 20 juillet 2011 par L'intelligent d'Abidjan

Monsieur le ministre beaucoup de défis attendent le Gouvernement ivoirien. Comment allez-vous réussir cette mission si délicate confiée par le Président, le Dr Alassane Dramane OUTTARA, dans le secteur des Eaux et Forêts ?
Nous voudrions, tout d'abord, vous remercier pour cette opportunité que vous nous donner de parler de notre département, le ministère des Eaux et Forêts, que nous avons l'honneur de diriger, à la demande de Monsieur le Président, le Dr Alassane Dramane OUATTARA. Il faut savoir que les hommes ne peuvent pas vivre sans la forêt. Pourtant, ce sont ces mêmes hommes, qui causent le plus de nuisances à ces ressources dont ils ont nécessairement besoin pour leur survie. Aussi pour ne pas mettre en danger l'existence des générations d'aujourd'hui et celles de demain , faut-il éviter de détruire la forêt en abattant les arbres de façon anarchique, en y mettant le feu et enfin, en exterminant les animaux qui y habitent. Nous venons aux Eaux et Forêts avec un credo : reconstituer le couvert forestier par le reboisement et l'aménagement ; ce sont les lignes directrices majeures de notre action au sein de ce département. Permettez-nous de vous rassurer tout de suite. La Côte d'Ivoire a aujourd'hui, un grand Président, le Dr Alassane Dramane OUATTARA, qui a déjà fait ses preuves. C'est un homme respecté de tous, dans le monde entier et cela est très important à relever pour ceux qui sont encore dans le doute et le scepticisme. Il faut qu'ils comprennent bien, que la situation actuelle est irréversible et nous devons aller de l'avant pour le bien-être des populations de notre pays. Quand les bailleurs de fonds et les partenaires vous font confiance, c'est déjà un grand pas vers le succès et l'accomplissement de vos projets. Aujourd'hui, pour l'ensemble du gouvernement, de grands défis nous attendent, mettons-nous au travail. Le Président a constitué un bon gouvernement avec des ministres engagés politiquement et qui sont solidaires dans l'action. Les choses sont bien parties et nous n'avons pas droit à l'échec. En ce qui nous concerne, nous arrivons à la tête de cet important département avec beaucoup de soucis, car il y a eu d'énormes gâchis par le passé et c'est à nous, de faire changer les choses. Bien sûr, nous ne sommes pas les meilleurs, mais nous essayerons avec l'ensemble de nos collaborateurs de faire mieux, au service de notre pays. Il faut que la forêt redevienne une des priorités, sinon la priorité de la Côte d'Ivoire. D'ailleurs, le Président en a fait son cheval de bataille. La volonté politique est là, c'est aux acteurs de faire changer les choses. Vous constaterez avec nous, que les choses évolueront positivement. La situation de la forêt est aujourd'hui bien triste. D'après nos experts, notre pays qui comptait près de 16 millions d'hectares de couvert forestier au début des années 60, est aujourd'hui, à une couverture forestière estimée à moins de 3 millions d'hectares. Cela est bien inquiétant et c'est à nous, de faire quelque chose pour renverser cette tendance.

Face à la perte vertigineuse du couvert forestier en Côte d'Ivoire, par le fait de l'abattage des arbres pour se procurer du bois de chauffe, du bois d'?uvre et d'ébénisterie, pour l'agriculture, pour construire les routes et pour l'exportation, quelle politique entendez-vous mener pour sauver le couvert forestier ivoirien ?
A ce propos, nous sommes heureux de vous annoncer que notre département va organiser à la mi-septembre, les états généraux des Eaux et Forêts à San-Pedro. Au cours de cet important forum qui réunira l'ensemble des acteurs et partenaires de la filière des Eaux et Forêts en Côte d'Ivoire, de grandes décisions seront prises. Mais en attendant cela, nous ferons une communication en conseil des ministres pour réduire tout de suite les exploitations abusives des forêts. On note trop de fraudes des clandestins dans le secteur de la filière bois et cela est inacceptable. Nous allons également prendre des mesures pour réglementer l'exportation du bois, tout en privilégiant plus la transformation sur place afin de procurer du travail à nos jeunes. Il faut réduire la pression de l'exploitation sur les essences de valeurs pour faire la promotion d'autres essences de nos forêts. Nous pensons qu'après les états généraux, nous inviterons nos partenaires à venir en Côte d'Ivoire pour redécouvrir nos potentialités en matière de bois à exploiter. Nous pouvons vous assurer que la Côte d'Ivoire forestière renaîtra.
Monsieur Boueka Nabo Clément, qu'est-ce qui vous fait parcourir la France ?
Nous courrons à la recherche de partenaires et d'appuis, car vous le savez, nous sortons d'une grave crise militaro-politique qui a sérieusement ébranlé notre pays. La Côte d'Ivoire n'a plus rien. Notre pays est à genoux. Nous avons perdu beaucoup de temps et il faut rattraper le retard. Aujourd'hui, nous avons un grand Président qui nous demande de nous mettre au travail, de poser des actes concrets, de sortir et de regarder ce qui se fait de mieux ailleurs et c'est ce que nous faisons en venant en France, qui est la première étape de notre action à l'extérieur de la Côte d'Ivoire. Etant maire d'une grande commune de Côte d'Ivoire, San-Pedro, et dans le cadre de la coopération décentralisée, nous cherchons également des appuis et des partenaires pour consolider les actions de notre commune. C'est tout cela, qui nous fait courir et nous n'arrêterons pas sans résultat. La plupart des responsables français que nous avons rencontrés connaissent bien la Côte d'Ivoire et sont prêts à y revenir pour participer aux actions de développement. Toutes ces personnes ont beaucoup de respect pour le père fondateur le Président Félix Houphouët-Boigny. Aujourd'hui, nous avons la chance d'avoir son fils, le Président Alassane Dramane Ouattara aux commandes et avec lui, nous allons faire de grandes choses. Des promesses ont été faites et nos amis les français sont déterminés à nous accompagner.
Les problèmes causés par la déforestation menacent directement l'équilibre environnemental, culturel et spirituel de nos régions, en faisant référence aux forêts sacrées qui sont vénérées et réservées à l'expression culturelle de nos communautés, comment comptez-vous les sauvegarder durablement et protéger l'environnement ?
Nous avons fortement dégradé nos forêts pour développer des plantations agro-industrielles et des plantations villageoises pour les besoins de développement d'alors. Aujourd'hui encore, on assiste à une exploitation anarchique du bois et une production désordonnée du charbon de bois. Tout cela doit cesser, pour faire place à une exploitation intelligente et plus rationnelle de la forêt. Il y a beaucoup de choses à faire et les états généraux de la mi-septembre nous indiqueront la voie à suivre. En ce qui concerne la protection des forêts sacrées à laquelle vous faites allusion, nous pouvons vous rassurer que ces formations forestières sont naturellement protégées à cause des valeurs socio-culturelles qui s'y attachent. Nos populations ont beaucoup de respect pour ces forêts. D'ailleurs, on pourra s'en inspirer pour bâtir une bonne politique de protection de la nature. Nous devons développer la conscience écologique nationale pour mieux préserver les forêts et la biodiversité qui garantissent la pérennité de la vie sur terre. Pour nous, tout de suite, il faut se mettre au reboisement pour éviter la disparition totale du couvert forestier. Cela est aussi simple, même si, nos experts pensent le contraire. Il faut réinsérer les jeunes afin qu'ils prennent une part active à la reconstitution du couvert forestier. Vous me permettrez d'évoquer ici, la situation de la SODEFOR, structure sous tutelle du ministère des Eaux et Forêts dont j'ai à charge. C'est un établissement qui est chargé de reboiser notre pays. Cependant, je note avec beaucoup de désarrois que très peu de reboisements ont été réalisés. Il faut donc aller vers la création de nouvelles plantations. Il faut redynamiser cette structure et éviter à l'Etat, de continuer à y injecter beaucoup d'argents sans résultats concrets. Nous devons faire en sorte que, cette structure tende à terme vers l'auto-financement. Les jeunes sont là, ils n'ont pas de travail ; mettons- les au travail au travers de toutes nos structures ou cela est possible. Je signale également, que l'on doit reprendre les programmes de recherche au niveau des forêts pour créer une nouvelle dynamique dans la reconquête des espaces forestiers perdus de notre pays. Je voudrais enfin terminer cet entretien, en remerciant le gouvernement français et les structures qui nous accueillent de façon chaleureuse. Nous partirons satisfaits d'avoir jeté les bases d'une nouvelle collaboration franco-ivoirienne dans le secteur des Eaux et Forêts.

Entretien réalisé à Paris par Joachim J.Y

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