vendredi 22 juillet 2011 par L'Inter

La crise post-électorale a conduit le gouvernement à décider de la gratuité des soins
du 16 avril au 31 mai 2011 pour les usagers des établissements sanitaires publics
parapublics et communautaires conventionnés. Cette mesure d'exemption de
paiement des soins a été bien accueillie par la population, qui a démontré sa demande
des services de santé par une fréquentation massive des établissements de soins
pendant toute la période avec des niveaux d'utilisation des services très supérieurs
aux données de routine observées avant la crise. L'opération a connu un engouement
à tous les niveaux de la chaîne de prise en charge sanitaire. Cependant, la gratuité de
soins saluée par l'ensemble des Ivoiriens , dans sa pratique , connait des difficultés.
Le ministère de la Santé et de la lutte contre le sida qui en a conscience, a reconnu
récemment que l'offre des soins a souffert au plan quantitatif et qualitatif par la faible
satisfaction des besoins en médicaments et intrants stratégiques des établissements
sanitaires. Les usagers des hôpitaux publics, notamment les malades et patients, ont
déploré la non disponibilité et le non approvisionnement des médicaments dans les
hôpitaux. Dr Atté Boka, porte-parole de la Coordination des syndicats de la santé, a
dénoncé cette situation dans une récente interview. Il a confié qu'avec le manque de
certains médicaments, des films radios, d'intrants de laboratoire, il est difficile
d'assurer une prise en charge totale, pour une gratuité des soins totale et effective. Les
praticiens ont évoqué d'autres réalités qui pourraient mettre à mal cette opération de
soins. Selon leurs explications, lorsque les soins sont payants et après recouvrement ,
un pourcentage est prélevé et affecté aux personnels de soins pour l'intéressement.
Et d'ajouter que l'Etat doit prendre des mesures pour motiver le personnel puisque
l'exemption de paiement de soins favorise la hausse de la charge du travail, la
démotivation du personnel. L'opération de gratuité augmente la fréquentation des
hôpitaux et donc leur surexploitation. Elle implique les risques de baisse de la qualité
et de désorganisation du système de l'offre de soins. En vue d'apporter une réponse
durable à ces problèmes, le ministère de la Santé et de la lutte contre le sida a initié
récemment un atelier de réflexion sur le financement de la santé en Côte d'Ivoire.
Cette initiative vise à l'élaboration et la mise en oeuvre de la feuille de route vers la
couverture universelle. Les experts ont recommandé au gouvernement des actions à
réaliser sur la période de 2011-2012 pour l'amélioration de la couverture sanitaire des
populations et évoluer vers la couverture universelle. Ces nouvelles orientations
interviennent dans la mise en oeuvre du Plan de Développement sanitaire ( PNDS)
qui a démarré depuis 2009 et se poursuit en 2013. Il se définit par l'accroissement
de la contribution de l'Etat au financement de la santé, le développement de
mécanisme de mobilisation de ressources extérieures et le développement de
mécanismes complémentaires de financement du secteur de la santé. Il est demandé à
l'Etat ivoirien d'aller au-delà des 4%, sa part du budget allouée à la santé, là où la
déclaration d'Abuja en 2001 par les chefs d'Etat africains recommande 15% du
budget total. Il est également exigé la réduction du paiement direct, la mise en place
d'un cadre juridique et institutionnel adéquat pour les assurances et mutuelles de

santé...

Marcelle AKA

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