mercredi 27 juillet 2011 par Afrik.com

Toussaint Alain, conseiller de l'ancien président ivoirien Laurent Gbagbo, estime que ce dernier serait l'otage d'un chef rebelle à Korhogo, où il a été transféré depuis son arrestation le 11 avril dernier. Il considère que la libération des prisonniers de l'ancien régime, Laurent Gbagbo en premier lieu, par le nouveau pouvoir ivoirien serait une étape significative vers la réconciliation nationale.
Laurent Gbagbo n'est plus au pouvoir. Il bénéficie pourtant de l'indéfectible soutien de Toussaint Alain, conseiller de l'ancien président ivoirien. Depuis son interpellation le 11 avril dernier, il se bat avec ses avocats pour qu'il soit libéré. L'ancien journaliste se dit aujourd'hui très préoccupé par l'état de santé de Laurent Gbagbo qui, selon ses sources, ne serait pas en résidence surveillée à Korhogo, dans le nord du pays, mais détenu par un chef rebelle nommé Fofié Kouakou. Toussaint Alain livre son analyse de la crise post-élecorale, où au moins 3 000 personnes ont été tuées, et son sentiment sur les conditions d'une réconciliation en Côte d'Ivoire.

Afrik.com : Qu'est-ce qui vous permet d'affirmer que Laurent Gbagbo est détenu dans de mauvaises conditions ?
Toussaint Alain : Il ne faut pas sous estimer la complexité de la situation du président Laurent Gbagbo, de son épouse Simone et son fils Michel et de la soixantaine de personnalités également détenues. Nous estimons que le président Gbagbo est déjà à son centième jours de détention (mercredi 20 juillet) sans qu'il ait la possibilité de communiquer avec l'extérieur, avec ses avocats ou ses proches. Laurent Gbagbo est en danger de mort ! Contrairement aux allégations de Ouattara, le Président n'est pas en résidence surveillée à Korogho. Le Chef de l'Etat est l'otage du chef rebelle Fofié Kouakou chez qui il est enfermé dans une pièce-salon et sans la lumière du jour. Il en a été extrait spécialement pour être conduit à la résidence présidentielle lors de la visite de Choi (le représentant spécial des Nations unies en Côte d'Ivoire, ndlr). Nous avons des informateurs qui nous permettent d'affirmer ce que nous disons. Il s'agit de sources proches du régime et des Nations unies qui nous soutiennent. Ils nous disent d'agir car le président Gbagbo court le risque permanent d'être assassiné. C'est le plan que M. Ouattara compte mettre à exécution : l'élimination brutale de Gbagbo à tout moment. D'ailleurs, ma source au sein du Comité International de la Croix-Rouge (CICR) m'a indiqué qu'elle est très inquiète à propos de son état . Ils peuvent lui faire ingurgiter plusieurs drogues pour l'affaiblir mentalement et psychologiquement. Il en ressortirait demain comme un légume. La meilleure façon de s'assurer qu'il est bien traité, c'est de l'autoriser à communiquer avec l'extérieur.

Afrik.com : Où en est votre demande concernant la libération de Michel Gbagbo, le fils franco-ivoirien de l'ancien président, également détenu en Côte d'Ivoire ?
Toussaint Alain : Je suis indigné par l'attitude méprisante de la France. La mère de Michel Gbagbo, Jacqueline Chamois, a écrit deux fois au ministre français des Affaires étrangères, Alain Juppé. Elle n'a obtenu aucune réponse. Elle a ensuite écrit début juillet à M. Sarkozy qui ne lui a pas répondu non plus. Pour le gouvernement français, il y a deux types de citoyens : ceux qui méritent d'être défendus et ceux qui ne le méritent pas. On a vu les autorités françaises à la man?uvre pour Florence Cassez détenue au Mexique. On les a vues agir pour les otages journalistes et autres. Mais pour Michel Gbagbo, rien ne bouge. Michel Gbagbo est Français même s'il a la double nationalité. Il mérite tout autant qu'un autre d'être défendu. C'est une attitude qui m'interpelle et me préoccupe. La France, qui se présente comme celle qui va rétablir la démocratie en Côte d'Ivoire, est en réalité en campagne économique et n'hésite pas à sacrifier ses otages pour le bien de ses intérêts économiques. Elle ne réagit pas alors que nous savons que les clés des prisons de Gbagbo, son fils et sa femme sont entre ses mains. Car ces derniers sont ses prisonniers. La France a voulu leur donner une leçon car ils ont refusé de se coucher devant M. Sarkozy. Le sort qui leur est réservé est totalement inhumain. Si nous n'agissons pas, je pense que c'est la mort qui les attend.

Afrik.com : Avez-vous des nouvelles de Charles Blé-Goudé, qui s'exprime régulièrement dans les médias tout en s'abstenant de révéler l'endroit où il a trouvé refuge depuis la chute du régime de Laurent Gbagbo ? ... suite de l'article sur Afrik.com

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