jeudi 28 juillet 2011 par Le Patriote

Le Patriote entend faire sa mue. Hier, journal proche de l`opposition significative et de son chef charismatique Alassane Ouattara, votre quotidien préféré doit désormais s`adapter à son nouveau statut. Pour mieux assumer son rôle, le Patriote sera en séminaire de recadrage les 29-30 et 31 juillet prochains à Grand Bassam. Dans cette interview, Charles Sanga, Directeur de publication du journal donne les raisons de ce conclave et rassure les lecteurs sur le rôle critique du journal.

Le Patriote : Quelle est l`opportunité d`un séminaire de recadrage pour le Patriote ?
Charles Sanga : C`est le cours normal de notre parcours. C`est le troisième séminaire du genre que nous organisons depuis la réapparition du journal sur le marché, dans sa version quotidienne, le 5 juillet 1999. Après chaque étape importante de la vie du journal, il nous semble important de nous asseoir pour définir les nouvelles priorités, recadrer la ligne éditoriale et essayer d`apporter des innovations au plan de la charte graphique et du contenu. Cela pour mériter la confiance que les lecteurs nous ont toujours apportée.

LP : Fondamentalement, qu`est-ce qui va changer, que ce soit au niveau de la charte graphique et du contenu?
CS : Sans préjuger de ce que le séminaire va décider, le Comité scientifique a travaillé sur des objectifs très importants au plan général et au plan spécifique. Nous voulons donc adapter le journal à son nouveau statut. Vous êtes sans ignorer que de 1999 à aujourd`hui nous avons soutenu un combat politique qui a abouti. Nous avions le statut de journal proche d`un parti de l`opposition, aujourd`hui, nous sommes aujourd`hui un journal proche d`un parti au pouvoir. Il y a fondamentalement de nouvelles façons d`appréhender l`actualité. Mais, dans le fonds, le Patriote doit rester toujours un journal critique, éveilleur de consciences, dénonciateur de tout ce qui est préjudiciable à la cohésion nationale et à la bonne gouvernance. Les lecteurs peuvent compter sur nous. Nous n`allons pas nous inscrire dans un soutien moutonnier ou dans la critique systématique. Nous savons d`où nous venons, nous savons pourquoi le président Ouattara a été élu, nous savons quels sont les espoirs qu`il a suscités et surtout, les attentes de ses compatriotes. Nous allons l`y accompagner afin qu`il réalise ce que les Ivoiriens veulent et attendent de lui. Le Patriote va changer, certes, mais, sans se renier.

LP : Concrètement, dans quel registre pourrait-on inscrire le Patriote aujourd`hui. Journal pro-gouvernemental ou journal qui défend les idéaux du RDR ?
CS : Fraternité matin est le seul journal pro-gouvernemental en Côte d`Ivoire. Nous nous considérons comme un journal citoyen. Cela se traduit dans le thème que nous avons choisi. Le programme de gouvernement pour lequel le président Ouattara a été élu, et que nous avons soutenu, sera défendu. Nous pensons que ce programme peut amener notre pays vers des horizons plus radieux. Nous ne sommes pas un journal pro-gouvernemental, nous restons le Patriote, quoiqu`étant proche du RDR. En tout cas, toutes les personnalités de ce parti qui ont été promues à tel ou tel poste de responsabilité gouvernementale ou dans l`administration publique, ne doivent pas compter sur nous pour protéger, s`il advenait de le constater, leurs écarts de comportement en terme de gestion des deniers publics. Nous serons "les chiens de garde" du président Ouattara. Ce serait gauche pour nous de cacher la vérité au chef de l`Etat et aux citoyens.

LP : Le pouvoir du Président Ouattara a pour socle des défis à relever pour le bien-être des Ivoiriens sans exclusive. Vous, en qualité d`animateurs du journal sur lequel il s`est toujours appuyé, quels sont vos défis maintenant qu`il est le président de tous les Ivoiriens ?
CS : Notre histoire fait de nous un journal politique, d`opinion et d`information. Le Patriote est parvenu à s`imposer dans le trio de tête des journaux les plus lus, les plus vendus et les plus importants du pays depuis dix ans. Nous comptons maintenir cette position et mieux, l`améliorer. Aujourd`hui, quand le Patriote affirme quelque chose, la République bouge. Hier, lorsque le Patriote disait quelque chose, c`était pareil. C`est cela un journal de référence. Figurez- vous, les nombreuses distinctions et prix de référence que nous glanons sur l`échiquier international, nous le devons à cela. C`est-à-dire notre crédibilité. Et nous la revendiquons. Parce que vous ne pouvez pas porter les idéaux d`une personnalité de la carrure d`Alassane Ouattara et faire de l`à peu près. En tout cas, nous mesurons le poids des défis énormes qui sont les nôtres. La première des choses, c`est vraiment d`aider à consolider la Démocratie et les libertés sous le mandat du Président Ouattara. Nous allons également aider le chef de l`Etat, le gouvernement à réaliser le projet de société qu`il porte, qu`il a défendu pendant la campagne présidentielle. Ensuite il s`agit de reconstruire le journal après avoir subi des casses et pillages à deux reprises par le régime Gbagbo. Nous sommes dans une situation un peu plus sereine qui amène à réfléchir à la construction d`un grand groupe de presse. C`est l`enjeu principal pour les prochaines années à venir. Le Fondateur du journal, pionnier de la presse libre en Côte d`Ivoire, Hamed Bakayoko, en rêve. Nous pouvons pour les prochaines années construire un grand groupe privé, multimédia pour dominer l`espace médiatique ivoirien.

LP : La construction d`un groupe de presse nécessite beaucoup plus d`engagements financiers. Peut-on dire que Mayama Editions et production, la société éditrice du Patriote, est aujourd`hui une entreprise privilégiée avec l`accession de Ouattara au pouvoir, pour que vous songez à développer l`entreprise?
CS : Nous n`attendons pas de privilèges particuliers, quoique nous le méritions. Cela est indéniable, nous avons souffert plus que quiconque dans notre engagement pour la démocratie. Nous sommes restés droits dans notre ligne malgré les chants de sirènes. Nous attendons surtout que cela nous soit reconnu. Mais, en même temps, nous devons faire des efforts pour demeurer nous-mêmes. En 2004, nous avons été aussi sinistrés au même titre que "les entreprises expatriées françaises". Nous avons constitué les dossiers que nous avons déposés, mais le régime Gbagbo n`a jamais voulu nous soutenir. Nous pensons qu`avec l`impartialité dans la gestion des affaires publiques qui est instaurée par le président Ouattara, les pouvoirs publics seront un peu plus regardants sur le Patriote qui a vu son imprimerie d`une valeur d`au moins 350 millions partir en fumée. Nous avons perdu notre rédaction et tout notre outil de production, puisque le siège a été incendié. Le préjudice a été évalué à plus de 500 millions de Francs CFA. Nous demandons que le ministre de l`Economie se penche sur le dossier. Si les entreprises françaises ont été dédommagées, il n`y a pas de raison que Mayama Editions et Production qui emploie plus d`une centaine de jeunes ivoiriens ne le soit pas.

Par Jean- Antoine Doudou

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