jeudi 28 juillet 2011 par Nord-Sud

Pendant la crise post-électorale, l'artiste Billy Billy a souvent défrayé la chronique. Nous l'avons rencontré.
Il s'explique et parle de son prochain album.


Où étiez-vous pendant la crise post-électorale ?
Je suis resté à Abidjan, chez moi à la maison. Contrairement à ce que d'autres racontent, je n'ai jamais été en exil. Tout s'est passé devant moi. Vu que j'avais mon enfant de cinq mois, je ne pouvais pas le laisser ici et partir quelque part. Nous avons été tous victimes de cette crise.

Avez-vous rencontré des difficultés avec des proches de l'ancien régime ?
Ceci n'est pas à l'ordre du jour. Aujourd'hui, nous sommes dans une phase de réconciliation et c'est le plus important pour moi. Billy Billy reste toujours le même. Que ce soit l'ancien ou le nouveau régime, moi je dis toujours ce que je pense. Je chante ce qui se passe. Je n'ai pas de problème particulier avec quelqu'un. Je serai toujours présent pour parler et chanter des problèmes sociaux de mon pays. Je ne suis pas un griot, mais plutôt un révolutionnaire. Je veux le changement.

Quelle attitude allez-vous adopter face au régime en place?
Actuellement, c'est un nouveau régime qui est en place et si ce pouvoir pose des actes positifs nous allons tous les applaudir. Mais, si ce dernier pose des actes négatifs, nous allons les chanter aussi.

Selon vous, quelles orientations doivent prendre les actions du gouvernement pour le retour définitif de la paix?
Pour moi, aucune nation ne peut se construire sans la sécurité de ses citoyens. Si une personne quitte sa maison pour aller au travail et qu'elle ne se sent pas en sécurité, s'il n'y a pas une libre circulation des biens et des personnes, cela devient très compliqué. Un élément de sécurité ne doit pas être un élément d'insécurité. La guerre est finie. Il est important que les gens rendent les armes. On ne doit pas être assis dans un maquis et voir des gens en treillis circuler comme lors d'une battue, ça coupe l'appetit. Il ne faut pas traumatiser le citoyen.

Quel est le titre de votre prochain album et quels sont les thèmes qui y seront abordés?
Le titre, c'est compte-rendu. Je ne suis pas là pour tourner le couteau dans la plaie. Je dis dans cet album que le véritable problème de la Côte d'Ivoire c'est la chasse aux sorcières. Ce n'est plus la politique, c'est plutôt des règlements de comptes. Si chacun veut chercher à savoir qui a tué qui? Je vous jure que nous allons gâter ce pays. La Côte d'Ivoire mérite mieux que ce qu'on voit. Il faut aussi savoir que Billy Billy c'est désormais avec un orchestre dont le nom est le poulailler. On ne portera plus de préservatif pour m'écouter, ce sera en direct.

Qu'est-ce que vous pouvez dire aux artistes qui hésitent encore à rentrer aux pays?
Pour que ces gens-là reviennent, il faut une volonté politique. Méfiez-vous d'un citoyen qui est frustré. Car, c'est de frustration en frustration qu'on va à la rébellion. On ne se réconcilie pas avec son ami mais plutôt avec son ennemi parce que c'est l'ennemi d'hier, qui devient ton ami aujourd'hui. C'est ce qu'on appelle la réconciliation. Il faut qu'on arrête de se mentir; c'est à cause de tout cela que je ne vais pas chanter sur ces sites de cérémonie de réconciliation.

Pourquoi ?
Je n'aime pas tout ce qui est à la mode. On ne peut pas parler de réconciliation que sans les autres. On voit au cours de certaines cérémonies dites de réconciliation tous les invités portent des tee-shirts Rhdp, je dis non. Quand on parle de réconciliation tout le monde doit être impliqué : le militant de la majorité présidentielle (Lmp) doit porter son tricot et celui du Rassemblement des houphouétistes pour la démocratie et la paix (Rhdp) doit porter le sien et c'est ce que moi j'appelle réconciliation.

Interview réalisée par M.G.

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