jeudi 18 aot 2011 par Le Temps

Lago Paulin fait partie de l'ancienne génération Zouglou, père de plusieurs rythmes en Côte d'Ivoire. L'artiste explique à travers cet entretien les tons de ses derniers albums, parle de la réconciliation dans le milieu des artistes et se dévoile.

Tu as eu des critiques acerbes contre le pouvoir Gbagbo dans tes chansons. As-tu aujourd'hui le sentiment que l'actuel régime est sur la bonne voie ?
Vous savez, nous chantons pour le peuple dont nous sommes issus. Donc c'est ce que le peuple ressent comme souffrance que nous chantons. Cela dit, si aujourd'hui, ce même peuple exprime cette souffrance, nous tirons les conclusions et dénonçons. Mais pour le moment, ça va.
Votre dernier album est intitulé Le temps de Dieu. Quelle explication donnes-tu à ce titre ?
Le temps de Dieu parce que le temps est un autre nom de Dieu. C'est lui le maître de ce qu'on entreprend. Donc mon temps n'est donc pas encore arrivé. Je suis quand même de l'ancienne génération Zouglou. Si je persévère dans ce rythme, c'est l'?uvre de Dieu.
Ton soutien à Ouattara Alassane a-t-il une histoire ?
C'est ce que les gens pensent, sinon je n'ai jamais soutenu un candidat. Vous savez, à l'époque de Bédié, j'ai chanté Abidjan est canké. Là aussi j'ai été poursuivi et je suis allé me refugier au Ghana. Je ne soutiens pas un candidat. Je sors un album intitulé Le temps de Dieu; je paye mes droits à la RTI pour qu'on fasse la promotion de cet album, et on me dit que je suis suspendu des medias. Vous savez, un artiste ne vole pas, n'a pas d'autres business que sa chanson. Dans ce cas, il fait quoi ?
Que te reprochait-on exactement ?
On m'a parlé d'incitation à la violence. Et que l'album n'arrange pas le pouvoir en place. On m'a donc collé une étiquette, en me mettant à l'écart. C'est ainsi que d'autres ont eu besoin de moi. J'ai saisi l'opportunité pour faire la promotion de mon album.
Lago Paulin est-il un artiste engagé ?
Engagé ? Non. Je suis plutôt les aspirations du peuple. Je ne suis pas un artiste engagé.
Mais être la voix du peuple, c'est être engagé pour un combat ?
Ce n'est pas un combat. Nos dirigeants ont tendance à frustrer le peuple. Au fait quand ils sont dans l'opposition, ils font des promesses qu'ils ne peuvent pas tenir dès qu'ils parviennent au pouvoir.
Ton regard sur le régime Ouattara quatre mois après son installation
Je pense que pour le moment ça va. Cependant, on déplore la présence des hommes en armes qui font un peu de zèle. Ce qui crée l'insécurité partout. D'ici six mois, il faut que ces hommes partent. Parce que cela n'est pas digne de la Côte d'Ivoire. Car ces hommes vont créer des frustrations dans la population. Ce qui va nous amener à la case de départ.
Gadji Céli (Pca) et Michel Barouan (Dg) ont été demis de leurs fonctions au Burida. Gadji a aussi été éjecté de l'Unartci. Penses-tu que dans cette ambiance, la réconciliation sera possible dans votre milieu ?
Non. Je ne crois pas à cette réconciliation. Je ne vais jamais médire de Gadji Céli. Car l'homme est généreux, courtois dans ses relations. C'est pourquoi, il est toujours entouré des artistes de Côte d'Ivoire. Il a créé l'unité dans ce milieu. Les artistes l'ont choisi librement. Je peux crier sur tous les toits que Gadji s'occupait très bien des artistes de Côte d'Ivoire. Gadji Céli, c'est celui qui va aux fins fonds lorsqu'un artiste ne se porte pas bien. Ne se met à la tête des artistes de Côte d'Ivoire qui veut. Gadji a cette carrure. Même s'il a fait des erreurs, on peut lui pardonner afin que la réconciliation dans notre milieu soit effective. On parle de ce qu'il a utilisé les locaux du Burida pour faire la promotion de son candidat. Ce sont des choses qui peuvent se pardonner puisque Gadji, après tout, c'est un homme qui a son choix en toute chose. C'est pour cela qu'il vote aussi. Lorsque c'était dur, nous sommes allés le voir et il nous a aidés. Il est donc inadmissible de mettre Gadji à l'écart.
Sur le plan discographique, que prépare Lago Paulin ?
Je suis au travail. Je suis en train de faire un single intitulé Borimaban. Pour dire que la course n'est pas encore terminée. Les gens ont encore peur. L'insécurité règne partout. Il faut travailler à corriger cela. Moi-même, je côtoie mes amis qui hier ne partageaient les mêmes opinions que moi. J'ai même mis sur ma voiture une affiche sur laquelle est écrite je suis sur la route de la paix. Ce single sortira en décembre.

Entretien réalisé par Renaud Djatchi

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