jeudi 18 aot 2011 par L'expression

On en parle partout. L'opération de déguerpissement des installations anarchiques pour refaire d'Abidjan la Perle des lagunes fait des heureux mais aussi des mécontents. Le parti au pouvoir qui assume tous les bilans peut il capitaliser l'opération en cours ?

Le gouvernement a entrepris une vaste opération d'assainissement qui a abouti au déguerpissement de nombreuses installations anarchiques. Le ministère de la Salubrité urbaine et le ministère de l'Enseignement supérieur ont, chacun de son côté, procédé à la démolition à l'aide de bulldozer des constructions sans autorisation. Les engins assistés d'éléments des Frci font le ménage sur la plateforme universitaire de Cocody et à travers les grandes artères d'Abidjan. Les abords du Campus, la rue Princesse de Yopougon, le boulevard Giscard d'Estaing ont été nettoyés. Le célébrissime Café de Versailles d'Alpha Blondy est dans le viseur des bulls.
L'opération a pris une telle ampleur au point que le déguerpissement est devenu le sujet principal dans les quartiers. Si pour les uns, ce programme est salutaire, pour les autres, il est inhumain parce qu'il jette des pères de familles à la rue à un moment où le pays sort d'une situation qui a fragilisé l'économie et appauvri les citoyens.
La critique si poussée a amené Amadou Soumahoro, le secrétaire général du Rdr, à se rendre mardi au cabinet de la ministre Anne Ouloto pour comprendre l'opération en cours. Le premier responsable du parti au pouvoir a indiqué que son parti va bientôt engager une campagne de sensibilisation à l'effet d'expliquer aux populations le bien fondé des déguerpissements . Cela signifie qu'il sait que certaines populations ne comprennent pas trop bien les actions en cours.

Le souci du Rdr

Assurément, le déguerpissement est tout aussi impopulaire que le raccrochage des enseignants en 1992 et la suppression des primes Haut les c?urs pour les ex-Fds. Ces actions bien que justifiées créent forcément des mécontents. Pourtant le Rdr doit aller aux législatives avec tous les électeurs qui ont donné leur voix à Alassane Ouattara lors de la présidentielle. Parmi les personnes jetées dans la rue après le déguerpissement, un bon nombre a donné leur bulletin au président Ouattara. La grosse équation aujourd'hui c'est comment faire pour éviter d'amener les déguerpis à sanctionner le Rdr par un vote sanction. C'est le gros souci du patron de la rue Lepic. Les législatives, étant pour la fin de l'année, il est urgent que ce parti crée les conditions de la confiance. Si rapidement des emplois peuvent être créés pour suppléer le manque à gagner des artisans déguerpis, ce serait la solution . Si dans la même optique, des logements sociaux pouvaient sortir de terre pour recaser les économiquement faibles qui ont été chassés des installations anarchiques, la rue Lepic en tirerait des dividendes. Mais, il serait dangereux de ne rien faire pour ces milliers de personnes privées de leur gagne pain quotidien.

Traoré M. Ahmed

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