mardi 23 aout 2011 par L'Express

Au lendemain de l`inculpation de l`ex-président ivoirien pour "crimes économiques", son porte-parole Justin Koné Katinan répond à LEXPRESS.fr
Seul porte-parole mandaté -fin mai- par l`ex-président ivoirien, Justin Koné Katinan fut ministre délégué au Budget au sein du dernier gouvernement de l`ère Laurent Gbagbo. Pour LEXPRESS.fr, cet ancien cadre de l`administration fiscale réagit à l`inculpation de son mentor et dépeint l`état d`esprit du reclus de Korhogo (nord).
Laurent Gbagbo, a annoncé hier jeudi le procureur d`Abidjan, vient d`être inculpé de " crimes économiques ". Que vous inspire cette décision ?
Je l`ai apprise par voie de presse. Attaché à la légalité, j`attends qu`elle soit signifiée à l`intéressé et à ses avocats. Cela posé, je suis déçu et inquiet. Je me rends compte que le président [Alassane] Ouattara, en dépit des conditions dans lesquelles il est parvenu au pouvoir, ne mesure pas la responsabilité qui lui revient en matière de reconstruction de la cohésion sociale et de réconciliation. La crise électorale qui a secoué la Côte d`Ivoire résulte de frustrations qui lui sont en grande partie imputables, qu`elle soient nées du putsch de 1999, de la tentative de coup d`Etat de 2002 ou des violences qui ont suivi. Et je tiens à rappeler à cette occasion que, au regard de la résolution 1975 du Conseil de sécurité, ni la France ni l`Onu n`avaient mandat d`arrêter et de remettre Laurent Gbagbo aux autorités actuelles. Autant dire que j`ai peur pour la suite.
Les conseils de l`ancien chef de l`Etat et vous-même avez maintes fois dénoncé le flou de son statut juridique Cette inculpation a au moins le mérite de clarifier la donne.
De fait, elle la modifie. Jusqu`alors, le président Gbagbo était en résidence surveillée, régime relevant d`une mesure administrative ; le voilà désormais inculpé, donc sous contrôle judiciaire. Mais l`inquiétude mentionnée précédemment demeure : Laurent Gbagbo a été arrêté dans ses fonctions de chef d`Etat. Il jouit donc en Côte d`Ivoire d`une immunité. Aucun magistrat ne détient la compétence de l`inculper en quoi que ce soit. Chez nous, un chef d`Etat, en exercice ou pas, ne peut être jugé par une juridiction de droit commun.
Reconnaissez-vous en revanche la compétence de la Cour pénale internationale (CPI), dont le procureur devrait indiquer le mois prochain s`il y a lieu ou non de poursuivre Laurent Gbagbo et plusieurs membres de son entourage ?
Je ne dispose d`aucune information confirmée quant à cette échéance. Mais qu`il soit ivoirien ou international, un tribunal qui prétendrait juger Laurent Gbagbo jouerait un jeu dangereux pour le pays. Gare à la justice sélective. Comment passer sous silence les milliers de morts recensés depuis 2002, y compris les civils victimes d`exactions commises après le 11 avril [date de l`arrestation de l`ex-président]. J`ai ainsi donné instruction à nos avocats d`insister sur la nécessité de faire la lumière sur les tueries commises dans le quartier d`Abobo et imputées aux Forces de défense et de sécurité [pro-Gbagbo]. Si après cela, on décrète qu`un seul camp est fautif, c`est à désespérer du droit. ... suite de l'article sur L'Express

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