Le rêve est permis à tous, même à l'esclave, seul maître de ses pensées et opinions. Le geôlier même le plus cruel ne peut empêcher cette donne. Ainsi, le dimanche dernier, à Koumassi, les dirigeants de ce qui reste du Front Populaire Ivoirien, ont annoncé qu'ils reviendront prochainement aux affaires en Côte d'Ivoire. Le ministre Michel Amani N'guessan l'a dit à ses partisans. Certes, nous l'avons affirmé, le rêve est de mise chez tout le monde, mais à trop s'y enfermer, c'est la porte ouverte à toutes sortes de cauchemars. Comment peut-on penser un seul instant, que le parti politique qui a envoyé, à la Côte d'Ivoire, la première guerre de son histoire, qui a érigé les crimes politiques, les bombardements des populations, la prédation des deniers publics en modes de gestion, puisse revenir au sommet de l'Etat ? Comment se persuader que la formation de l'homme qui était le problème du pays, qui a proposé à son peuple, le chaos, la guerre civile, la conflagration sociale et le déluge des armes, alors que ces concitoyens espéraient le bien-être et le développement, rêve à regagner le pouvoir ? Comment peut-on raisonnablement penser que les Ivoiriens soient devenus des masochistes et des demeurés pour redonner les rênes du pays à un homme qui a passé le clair de son temps à faire la promotion de l'ethnie, du clan et de la préférence nationale ? Un dirigeant qui a fait de la tricherie, du copinage, de la corruption et de la violence institutionnalisée, les leviers de son pouvoir. Le rêve est vraiment permis à tous, au point même de donner libre cours aux folies, lubies et démences les plus inimaginables. Si le FPI avait encore un avenir politique dans ce pays, Mamadou Koulibaly et bien d'autres militants n'iraient pas voir sous d'autres cieux. A l'évidence donc, il est loisible de penser que Michel Amani N'guessan et ses amis jouent la comédie. Ils espèrent sans doute détendre l'atmosphère après la décennie des grandes terreurs que leur grand chef a fait vivre aux Ivoiriens. Assurément, la Côte d'Ivoire qui bouge en ce moment, avec les nouvelles autorités, et nos compatriotes qui retrouvent les joies du travail, avaient besoin d'un temps de relaxation et de divertissement que vient de leur servir ces rêveurs permanents.