jeudi 15 septembre 2011 par Nord-Sud

Le prix Houphouet-Boigny, édition 2011, a été remis hier à Paris, en présence d'une forte délégation ivoirienne conduite par le président Alassane Ouattara.


La Côte d'Ivoire et l'Argentine étaient à l'honneur, hier après-midi, au siège de l'Unesco à Paris. L'?uvre colossale de Félix Houphouet-Boigny et surtout les actions des Grands-mères de la Place de mai en Argentine, ont été fortement saluées, dans une ambiance de fête. Ces dernières, représentées par Mme Estela Carlotto, ont reçu le Prix Félix Houphouet-Boigny pour la recherche de la paix en présence de nombreux Chefs d'Etat et de gouvernement. Au nombre desquels Alassane Ouattara, Abdoulaye Wade (Sénégal), Blaise Compaoré (Burkina Faso) et Mohamed Ould Abdel Aziz (Mauritanie).
Pour l'édition 2010, les membres du Jury du prix présidé par l'ancien président portugais, Mario Soares, ont unanimement désigné les Grands-mères de la Place de mai. Ces courageuses femmes argentines, ont, selon plusieurs témoignages, combattu l'impunité dans leur pays et imposé la Justice pour les familles des 500 bébés kidnappés sous la junte militaire de 1977 à 1983. Cette junte au pouvoir aurait d'ailleurs occasionné la mort et la disparition de près de 30.000 personnes. A partir de 1983, dès la chute de la junte militaire, les Grands-mères ont lancé leur mouvement avec un courage inégalé à travers des actions pacifiques exemplaires. Une trentaine d'années après, leur lutte fut couronnée d'un succès en demi-teinte, puisqu'elles ont permis de retrouver 105 enfants arrachés à leurs familles. Mais le combat est loin d'être terminé pour ces mémés déterminées. Il leur reste encore à identifier près de 400 autres enfants.  Nous sommes sans arrêt en voyage à la recherche d'un fils, d'un petit-fils que nous avait arraché la dictature militaire , a souligné avec force conviction, Mme Estela Carlotto. Dans leur engagement, elles peuvent compter sur un soutien de taille, celle de la présidente argentine, Mme Cristina Fernandez de Kirchner. Dans son allocution, celle-ci a loué la détermination de ses compatriotes et relaté quelques moments tragiques que son pays a vécus pendant ces six années de dictature militaire très meurtrières et inoubliables.
Cette distinction de l'Unesco (soit un chèque de 70 millions de F Cfa, une médaille d'or et un diplôme de la paix) est la dernière d'une série reçue par ces grands-mères. Elles ont en effet obtenu auparavant le Prix Sakharov du parlement européen et le Prix des droits de l'Homme de l'Onu.
En distinguant ces femmes, les membres du Jury et à travers eux l'Unesco ont voulu également saluer le retour de la Côte d'Ivoire dans le concert des nations. Après une période de crise très meurtrière, le pays de l'apôtre de la paix renoue avec cette denrée rare dans le monde : la paix et la Justice. D'ailleurs, la plupart des orateurs à la tribune ont souhaité que le pays prenne exemple sur ces grands-mères en magnifiant la justice et la paix. Dans cette optique, le président Alassane Ouattara a réaffirmé sa volonté de poursuivre l'?uvre de son illustre prédécesseur, Houphouet-Boigny en promouvant  la culture de la paix et le développement . Une volonté saluée par le protecteur du prix, Henri Konan Bédié, qui dit ne pas douter qu'  ADO réussira . Tel a été également les v?ux exprimés par le président sénégalais qui a souligné les qualités du successeur de Laurent Gbagbo, regrettant une fois encore les affres dans lesquelles le pays avait été entraîné par la folie des hommes.
L'engagement des grands-mères argentines en faveur des droits de l'Homme dans leur pays est perçu par de nombreux orateurs, à l'instar de Michel Mercier (ministre français de la Justice) comme un appel du pied à l'émergence d'une société civile dynamique en Afrique et ailleurs, dans laquelle les femmes joueront une partition plus forte.

Karim Wally à Paris

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