jeudi 15 septembre 2011 par L'Inter

A la mi-décembre 2011, sauf changement, les Ivoiriens se rendront à nouveau aux urnes pour élire les députés de Côte d'Ivoire. Trois mois avant ce scrutin capital pour les partis au pouvoir, mais également ceux de l'opposition, c'est l'effervescence dans les différentes chapelles politiques. Les candidats à cette prochaine législature, la dixième, déploient toutes leurs énergies pour se positionner. Coups bas, coups de gueule, rencontres de proximité avec les populations, mais aussi avec les décideurs, tout y passe pour s'imposer. Au sein des deux partis leaders du Rassemblement des houphouëtistes pour la démocratie et la paix (Rhdp), en l'occurrence le Pdci-Rda et le Rdr, ce bouillonnement d'avant élection est le plus visible, et semble faire le lit à un désordre, une cacophonie dans la présentation des candidatures. Dans diverses localités du pays, le phénomène fait déjà l'actualité. A Yamoussoukro, 14 candidats s'étaient déclarés au titre du Pdci-Rda, et seulement trois ont été retenus, conformément aux trois postes de députés disponibles dans la région. Les 11 candidats recalés crient déjà au complot, dénonçant la procédure mise en place pour les choix opérés. Si on ne fait pas attention, on risque d'avoir une implosion. Le Pdci est un parti démocratique, mais nous sommes en train de nous rendre compte que le Pdci devient un parti monocratique. Nous demandons donc au parti de faire attention , a menacé face à la presse le lundi 12 septembre dernier, Alimane Kouassi, représentant le candidat malheureux Ahui Ben N'guessan. A Bouaké, le parti sexagénaire n'est pas à l'abri de cette implosion dont parle M. Alimane, car ce sont 36 candidatures qui sont déclarées pour 9 postes électifs. Soit une différence de 27 candidatures qui seront mises à la touche. A Abidjan, dans la commune d'Attécoubé, où le Rhdp a décidé de présenter une liste avec un cadre du Pdci et un autre du Rdr, la bataille est déjà engagée entre l'actuel maire Danho Paulin, candidat au poste de député et Drissa Coulibaly, tous deux membres influents du Pdci. Drissa Coulibaly compte briguer le poste dans cette commune quoiqu'il arrive. Le même schéma se présente à Abobo, où l'ancien maire Koné Godjé, Siaka Koné, Me Claude Ahouobo, Justin Rabé Kanon, Kouamé Benzem et Mme Djekette, la présidente des femmes, se sont déclarés candidats, et se livrent une guerre sans merci en ce moment. A Grand-Lahou, le coordonnateur Rhdp, Djaha Jean et le délégué départemental du Pdci, N'Guessan Yao Alfred, se considèrent déjà comme des adversaires aux prochaines élections législatives. Le Rdr n'échappe pas au même phénomène. Des voix s'élèvent de plus en plus au sein de la base pour dénoncer des pratiques visant à imposer un candidat au détriment du choix des militants. Des cadres, sans être désignés officiellement, travaillent sur le terrain pour prendre une longueur d'avance. Voyant le danger se profiler à l'horizon, le secrétaire général par intérim du parti des républicains, Amadou Soumahoro, a pris les devants. Nous allons anéantir les candidatures indépendantes ! , menace-t-il. Une mise en garde qui ne freine cependant pas les diverses velléités de briguer des postes pour l'Assemblée nationale. Que ce soit au Pdci ou au Rdr, la division à l'issue du choix des candidats pour les législatives, paraît inévitable. Les deux partis pourraient se retrouver avec plusieurs candidatures, les unes parrainées, les autres en free-lance.

Quand le mur est fissuré

Ces nombreuses candidatures découlent en effet de certaines frustrations. Au Rdr, cela fait dix ans que des cadres attendent d'être positionnés. La non-participation de ce parti aux législatives de 2000 a en effet freiné les appétits. Ces cadres du Rdr brûlent d'envie de s'exprimer sur la scène politique, notamment dans leurs régions. Ils veulent prendre une sorte de revanche sur l'histoire. De plus, avec l'arrivée au pouvoir de la coalition politique du Rhdp, il y a eu d'autres frustrations. Certaines personnalités sont rongées par la colère de n'avoir pas été nommées soit ministre, soit directeur dans l'administration Ouattara. Celles-ci n'ayant pas bénéficié des dividendes de leur lutte au plan administratif, veulent se rabattre sur les postes politiques, à savoir député, maire, conseils généraux. Certains, convaincus que leur heure a sonné, sont déterminés à affronter la direction de leur parti quitte à présenter une candidature indépendante. Une situation qui est de nature à fragiliser la coalition au pouvoir, qui a plus que jamais besoin d'une majorité confortable à l'Assemblée nationale pour mieux gouverner le pays. Sur le terrain, l'affrontement entre deux candidats du même parti divise l'électorat et favorise la victoire de l'adversaire. Cela s'est vu à Bouaké, pendant les élections municipales, où la division du Pdci a permis au candidat du Rdr d'en sortir victorieux, alors que l'addition des voix des postulants du vieux parti dépassait largement les voix du candidat du Rdr. L'union fait la force, dit-on. Mais, le syndrome de la division guette à nouveau les Houphouëtistes, qui ne parlent pas encore d'une seule voix en ce qui concerne les élections législatives. Le Premier ministre Guillaume Soro, qui a annoncé officiellement le week-end dernier que son mouvement se rallie au Rhdp, a justement mis en garde contre l'implosion. Nous sommes en alliance avec le RHDP, alors ne nous divisons pas car l'union fait la force. Restons avec nos ainés Bédié, Ouattara, Mabri, Anaky et Gnamien Konan. Soyons unis, mettons l'intérêt national en avant , a prévenu le secrétaire général des Forces nouvelles, ajoutant que le Front populaire ivoirien (Fpi) est à l'affût et entend profiter d'une éventuelle division du Rhdp pour se positionner. Le Rhdp pourra-t-il éviter cette dispersion ? Difficile équation pour les tenants de cette coalition au pouvoir

Hamadou ZIAO

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