samedi 24 septembre 2011 par Le Patriote

Le Patriote : Zriglo, un village de votre sous-préfecture a été attaqué
le 16 septembre dernier par des individus armés. Aujourd'hui, peut-on établir leur identité et quel est le bilan exact?
Yao Etienne: Avant tout, je voudrais signaler que ce n'est pas la première attaque de ce genre. Ponan et Dahobly ont été attaqués il n'y a pas longtemps. Cette attaque a fait 12 morts. Aujourd'hui c'est Zriglo. Je ne saurai vous dire exactement qui attaque et d'où il vient. Puisque personne n'a encore été arrêté parmi les agresseurs. Cependant, une chose est sûre: les populations sont depuis quelque temps la cible d'individus armés. La dernière en date à savoir Zriglo a fait 20 morts.

LP: La situation est aujourd'hui sous contrôle où reste-t-elle encore volatile?
YE: Le ministre de la Défense devait être là dans les prochains jours. Donc si le ministre vient, cela veut dire que la situation est sous contrôle.

LP : Selon des informations des fonctionnaires apeurés, quittent la ville du fait de cette attaque. Vous confirmez ?
YE : Non. Personne ne m'a saisi de façon formelle pour me dire qu'il s'en allait. Ceci dit, la peur est un sentiment normal. En tout cas, nous n'avons pas enregistré de départ lié à cet évènement.

LP : Des populations sont au Libéria suite aux élections. Cette attaque ne va-t-elle pas compromettre leur retour?
YE : Bien sûr qu'elle aura des répercussions sur leur retour. Le ministre Gnonkonté Désiré, le député Deh Paul et moi-même, nous nous sommes rendus à Tembo au Libéria pour les inciter à revenir. Certains s'apprêtaient à le faire. C'est sûr que ça va influerr sur leur retour. Tant que des populations sont là-bas, ça ne fait que compliquer les choses. Elles sont accusées par celles qui sont ici d'être responsables des attaques. RS


Koné Tima, (une des victimes) raconte son calvaire : On a cru à un jeu des FRCI
?'Dans la nuit du jeudi au vendredi, nous organisions une soirée de mariage chez moi quand nous avons entendu des coups de feu. On a cru à un jeu des FRCI. Car il arrive parfois qu'ils tirent en l'air pour s'amuser. Mais les coups de feu étaient de plus en plus intenses. Avant que nous nous en rendions compte, trois hommes armés de kalachnikovs et de fusils calibres 12 ont fait irruption dans la cour. Chacun a tenté de se mettre à l'abri sauf un monsieur qui était venu participer à la fête et moi. Ils nous ont fait coucher par terre et nous ont fouillés. Je ne sais pas trop ce qui s'est passé quand l'un d'eux a tiré et fait exploser la tête de celui avec qui j'étais. J'ai reçu des projectiles qui m'ont blessé à la main et son sang se répandait sur moi. Quand ils ont fini ce qu'ils avaient à faire ils sont sortis.' RS


Konaté Mohamed Idriss, (Cdt militaire de Taï) : Les attaques sont le fait de gens bien renseignés
Le Patriote : Comment expliquez-vous l'attaque de Zriglo? Est-ce le fait de mercenaires affamés ou une tentative de déstabilisation?
Konaté Mohamed Idriss : Je vous rassure qu'on ne peut pas déstabiliser le régime. Ceci dit, qu'est ce qu'on constate ? On constate que ces individus rentrent nuitamment sur nos populations et les dépouillent de leurs biens. Parfois elles y laissent la vie. Ces attaques sont très ciblées. Ce sont des commerçants ou des planteurs ayant réalisé parfois une bonne affaire. Il s'agit de gens bien renseignés et qui sont de la région.

LP : Quelle a été votre réaction tout de suite après l'attaque?
KIM : Nos éléments en poste à Nigré et à Para se sont immédiatement déportés sur les lieux pour engager le combat.

LP : De combien d'hommes disposez-vous pour sécuriser cette frontière?
KIM : Je ne saurai vous donner le nombre. Cependant nous travaillons avec les moyens de bord.

LP : Mais disposez-vous d'hommes suffisants ?
KIM : Je réponds seulement qu'il nous faut des moyens.

LP : Lesquels ?
KIM : Les moyens de déplacement surtout.

LP : Dans le cadre de votre travail, collaborez-vous avec les forces
libériennes?
KIM : Oui. Je suis allé moi-même au Libéria pour échanger avec elles. J'en ai profité pour échanger avec nos frères qui s'y trouvent. Nous leur avons donné des garanties sécuritaires.

LP : Quelle est donc la nature de cette collaboration avec les forces libériennes ?
KIM : Chacun de nous travaille à surveiller la frontière de son côté.

LP : On a comme le sentiment que ce n'est pas fait du côté du Libéria.
KIM : Elles font ce qu'elles peuvent.

LP : Et les populations, elles vous aident ?
KIM : Elles réagissent mais de façon tardive. Or, il est bon que nous ayons l'information en temps réel.

LP : Et les forces onusiennes dans tout ça ?
KIM : La collaboration est parfaite. Nous faisons des patrouilles ensemble. Elles nous appuient quand nous sommes limités. Cependant, nous les comprenons. Elles obéissent à des procédures.

RS

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