lundi 3 octobre 2011 par Notre Voie

Parmi les maux qui minent la classe politique ivoirienne, figurent en bonne place la mauvaise foi, la malhonnêteté et la méchanceté. L'illustration en a été faite vendredi à Korhogo, à l'avenue William Tolbert, par Guillaume Soro, Premier ministre d'Alassane Ouattara, arrivé au pouvoir après le débarquement du président Laurent Gbagbo par l'armée française et l'ONUCI. En effet, présidant la cérémonie officielle de lancement des projets de reconstruction des infrastructures de l'ex-zone de guerre appelée zone centre, nord et ouest (CNO), Guillaume Soro a cru bon d'affirmer que les gouvernements du président Laurent Gbagbo ne travaillaient pas. La semaine prochaine, nous allons faire le bilan des cent jours de Ouattara. Mais en cent jours, nous avons fait plus que certains en dix ans. Les villes sont propres et les routes dégagées. La guerre ne peut pas tout justifier, a-t-il soutenu avec mépris. En clair, pour lui, le gouvernement de Ouattara, en cent jours, a travaillé plus que celui de Laurent Gbagbo en dix ans de pouvoir.
A ce niveau de l'analyse, il convient de faire observer que les opérations de nettoyage des villes et de dégagement des voies ont bel et bien été initiées par Laurent Gbagbo déjà avec le gouverneur Amondji depuis 2002-2003, avec les différents gouvernements qui se sont succédé et depuis 2008 avec le ministre Mel Eg Théodore qui agissait au nom d'un gouvernement conduit par lui, Guillaume Soro. On se rappelle que lors du déploiement de cette opération de déguerpissement des voies, ce sont bien les partisans de Guillaume Soro qui se sont opposés avec violence à l'opération à Adjamé, avec en tête le maire Sylla Youssouf sans que Guillaume Soro ne lève le petit doigt. On se rappelle aussi que le RDR avait constamment ameuté la communauté internationale par le biais des organisations de défense des droits humains qui faisaient pression pour que l'on ne touche pas aux affaires des petits commerçants. Curieusement, aujourd'hui, Soro se félicite publiquement de l'opération de dégagement des voies. Non ! Monsieur en cent jours, vous n'avez pas à être fier de votre bilan puisque vous n'avez rien fait pour réaliser ce que vous êtes en train de faire. En effet, tous les projets que vous êtes en train de réaliser au sud, au nord, à l'Est et à l'Ouest sont des projets montés par Laurent Gbagbo avec les financements acquis par lui. Et cela, Guillaume Soro le sait. Ouattara n'a aucun mérite. S'il n'est pas capable de profiter des financements obtenus par son prédécesseur pour faire ce à quoi ce financement est destiné, alors il y a de quoi pleurer pour la Côte d'Ivoire. Par ailleurs, on a envie de dire que si Abidjan et les autres grandes villes de Côte d'Ivoire sont propres, c'est bien parce que ceux qui les salissaient ont décidé enfin de les nettoyer. Oui, durant 10 ans, Guillaume Soro et ses soldats, sous la conduite de Ouattara, ont coupé la Côte d'Ivoire en deux et ont mis toute l'économie de la partie sous leur contrôle en lambeau. Alors que les populations étaient en train de souffrir et les infrastructures en déliquescence, les hommes de Ouattara blanchissaient les fruits de leur pillage dans l'achat des villas à Ouaga 2000 au Burkina Faso et à Abidjan, dans l'immobilier et le transport. Pendant ce temps, Laurent Gbagbo montait le CNPRA pour redéployer les fonctionnaires de la santé, de l'administration, de l'éducation dans les villes d'où lui et Ouattara les avaient chassés depuis leur attaque armée du 19 septembre 2002. C'est pendant cette période que Laurent Gbagbo s'est même rendu à Korhogo pour lancer le projet de réparation des pompes villageoises pour que les parents de cette contrée aient de l'eau à boire. Les villes de l'intérieur, notamment celles de la zone CNO, sont en retard parce que Guillaume Soro et ses soldats, sous la conduite de Ouattara, l'ont voulu ainsi. Si la guerre ne justifie pas tout, pourquoi durant tout le temps où ils occupaient la zone CNO, lui et Ouattara n'ont pas développé cette zone avec l'argent du braquage de la BCEAO et du pillage de ses ressources ?
Dans ses contractions, Guillaume Soro admet que c'est seulement durant 5 mois de guerre qu'ils n'ont pas pu travailler. La guerre nous a pris cinq mois pendant lesquels nous n'avons pas pu travailler, a-t-il reconnu. Or donc, la guerre empêche de travailler ? Il est évident que si Soro et son patron n'avaient pas attaqué le pays pour empêcher le président Gbagbo de dérouler son programme de gouvernement, la Côte d'Ivoire n'aurait pas eu ce visage hideux qu'elle présente aujourd'hui. Korhogo par exemple aurait eu, par le canal du conseil général, au moins 3 milliards de Fcfa par an pour son développement. Soit 15 milliards de FCFA sur cinq ans. Avec cette somme, c'est sûr que Korhogo ne serait plus ce qu'elle est et ses enfants ne se livreraient pas au premier maître-chanteur venu.
D'importantes sommes d'argent qui auraient pu donner du travail aux personnes en quête d'emplois, qui auraient pu construire le troisième pont sur fonds propres, faire de nouvelles routes, construire des écoles, des centres de santé, mettre en place l'assurance maladie universelle, ont été consacrées à la sortie de crise. Une sortie de crise factice qui n'a pas encore livré tous ses secrets. Des milliards ont été gaspillés pour rien. Nul n'est dupe. On ne peut pas volontairement mettre des régions, tout un pays en retard au nom d'une prétendue justice et venir aujourd'hui abuser de l'ignorance des populations en se présentant comme un bienfaiteur. Et se réjouir des miettes du genre : l'administration a renoué avec le goût d'aller à l'heure au travail. C'est à se demander si Soro contrôle son administration. Qu'il fasse un tour dans une quelconque direction administrative et il verra que les absences sont trop nombreuses. Notamment les après-midi où les fonctionnaires, parce qu'ils ont peur, rentrent chez eux plus tôt que d'ordinaire. C'est tout simplement méchant de la part d'un homme comme Soro en qui le Président Gbagbo a placé sa confiance pour conduire la Côte d'Ivoire vers de meilleurs horizons. Avec ce genre d'esprit, c'est sûr que ce n'est pas pour demain la réconci-liation.

Coulibaly Zié Oumar

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