mercredi 19 octobre 2011 par Nord-Sud

Demain, se tiendra, à Grand-Bassam, un séminaire de recadrage de la radiodiffusion télévision ivoirienne (RTI). A un jour de ce rendez-vous, l'annonce du dégraissage de 600 agents crée la psychose chez les travailleurs des radios et télés nationales.

Que va-t-il se passé à la Radiodiffusion télévision ivoirienne (RTI) ? La réponse à cette question quelques heures avant l'ouverture du séminaire de recadrage de la maison prévu à Grand-Bassam avec en fond de toile une réduction des effectifs des agents, hante le siège de la télé à Cocody. Le soleil qui brille à 14h, ce mardi, n'illumine pas les visages des agents rencontrés dans l'enceinte de la maison bleue. Tous sont réservés. Certains vaquent tranquillement à leurs occupations pendant que d'autres sont très occupés. Pour saisir des bouts de conversation, il faut tendre l'oreille ou être accepté au sein des petits groupes qui se forment juste pour quelques instants. Depuis le déménagement de la Télé Côte d'Ivoire (TCI) dans les locaux de la RTI à Cocody en mai, un délai pour la reprise du travail avait été donné aux agents. Aujourd'hui, nous sommes en octobre. Cela fait cinq mois et ils ne sont pas encore venus. Que faut-il faire ?, argumente un journaliste proche de la direction générale. Et de continuer : quand on parle de la RTI, c'est souvent les journalistes seulement qu'on voit. Mais il y a aussi les agents des centres-émetteurs, de la radio, les secrétaires et tout le personnel. Le Dg a dit que des statistiques ont été faites par un cabinet.

Mais avant, une étude de l'Union européenne avait indiqué qu'on pouvait faire la télé avec moins de personnes . Pour un autre salarié de RTI 2, l'identité des travailleurs visés est un secret de Polichinelle. Personnellement, je n'ai aucune psychose parce que je ne me reproche rien. Il y a de nombreux agents qui sont hors du pays et à chaque fois qu'on met en place un système de contrôle, ils sont apeurés. Ils rentrent pour travailler deux jours et repartent , reconnaît-il. Pareille situation est aussi dénoncée à Fréquence 2. Les agents de la radio aussi ont peur. C'est l'inquiétude qui se lit sur tous les visages à la radio , confie un agent de la chaîne nationale qui revient de la salle technique au Plateau. L'annonce faite par le directeur général de la Radiodiffusion télévision ivoirienne (RTI), Lazare Aka Sayé d'analyser le cas de 600 agents payés à ne rien faire ou carrément absents, a jeté un froid sur toutes les structures de la RTI. Les spéculations vont bon train depuis ce matin (Ndlr : hier). Les gens se disent, est-ce que ce n'est pas une forme de chasse aux sorcières voilée.

Tout ce qui se dit, glisse sur le terrain politique , continue-t-il. Selon le directeur général, qui a animé un point-presse, lundi, une analyse de l'Union européenne est formelle. Sur 900 agents, seuls 300 travaillent. Les 600 autres sont soit absents, soit oisifs. C'est-à-dire qu'ils viennent au service mais tournent en rond. Et, ceux qui sont visés semblent être connus de tous.

Chasse aux sorcières ?

Il y a une bonne partie du personnel qui est végétative. C'est indéniable. Nous nous sommes toujours plaints parce qu'il y a une minorité qui se tape tout le boulot et qui est même surexploitée alors que d'autres touchent des salaires faramineux et ne font rien , s'indigne notre interlocuteur. Avec ceux-là, il faut compter des employés qui ne se sentent plus intéressés par la nouvelle RTI. La nouvelle donne (arrivée du président Ouattara au pouvoir) fait que certains agents s'éloignent de la télé , rappelle le proche du Dg. La prochaine libéralisation de l'espace audiovisuel (2012) a aiguisé l'appétit de nombreux travailleurs. Ils n'attendent que le début de la concurrence pour faire leurs bagages , se convainc-il.

Seulement, un groupe de salariés soutient mordicus que c'est le top-départ d'un processus de licenciement abusif. On n'avait jamais franchi le pas de faire répondre de ses actes à un agent qui n'est pas régulier au boulot. Le fait de ne pas venir au travail n'est pas nouveau ici.

Depuis longtemps, lorsque quelqu'un est nommé et démis de sa fonction, il ne revient plus travailler comme un simple agent et faire des reportages. Même le Dg actuel était dans cette situation , dénonce un journaliste télé qui ne voit dans cette action qu'un acharnement à des fins politiques. Pour son collaborateur, la décision est mal inspirée, surtout à cette période précise. Il y a actuellement une polémique. On veut dégraisser le personnel, alors qu'on vient d'engager une centaine de bénévoles de TCI , lance-t-il. Certains proposent des mesures plus sages. Je ne souhaite pas un dégraissage tous azimuts. On peut favoriser et encourager les départs à la retraite anticipée pour des anciens. Parmi ceux qui ne viennent plus, ils sont nombreux. Enlever 600 personnes d'un seul coup, c'est excessif , soutient le journaliste de la radio nationale. Le séminaire de demain sera houleux et aucun agent ne se sent à l'abri d'une surprise. Moi-même qui vous parle, j'ai peur. Car, je ne sais pas ce qui peut se passer , s'inquiète-t-il.

Sanou A.

www.225.ci - A propos - Plan du site - Questions / Réponses © 2023