vendredi 21 octobre 2011 par Nord-Sud

Prévue lundi, la rentrée scolaire s'annonce avec beaucoup de challenges pour la ministre de l'Education nationale. Après dix ans de crise, c'est la première rentrée de paix. Beaucoup de dossiers chauds laissés par ses prédécesseurs attendent la ministre.


L'organisation tardive des examens a eu un impact sur les résultats scolaires, cette année. Pour preuve : le Certificat d'études primaires élémentaires (Cepe)  avec 58% de réussites, enregistre l'un des plus bas taux ; quand le baccalauréat compte 20,59 % de réussites. Une catastrophe ! La rentrée scolaire prochaine, fixée au 24 octobre est un nouveau départ pour tous, après dix années de crise. Un départ pour redorer le blason de l'école ivoirienne. Mais ce départ ne saurait se faire sans régler certains problèmes qui minent l'école. Même si certains ont été réglés dans la foulée, dès la prise de fonction de la ministre. Elle a entrepris des réformes hardies telles que la réinstauration du port de l'uniforme scolaire(le kaki et le bleu-blanc). Selon elle, il s'agit  d'un élément de sécurisation permettant d'identifier facilement l'élève. L'uniforme scolaire vient réduire les discriminations d'ordre social et économique. Le deuxième grand coup porté par Kandia Camara, c'est la dépolitisation de l'école. Pour ce faire, se fondant sur la loi ivoirienne, elle a décidé de  la suppression de toute action politique et syndicale dans tous les établissements sur l'étendue du territoire national. En effet, n'est autorisée à participer à une action syndicale qu'une personne majeure. Aussi, a-t-elle rappelé, si de la maternelle en classe de terminale, plus de 98% des élèves sont mineurs, alors leur appartenance à un quelconque groupement syndical ne se justifie en aucune manière. La troisième chose que Kandia Camara veut apporter à l'école, con­cerne la bonne gouvernance. Elle est mise en place à travers une nouvelle discipline : l'Edu­­­cation aux droits de l'Homme et à la citoyenneté , qui prend appui sur l'Education civique et morale, insistera sur les notions de paix et de tolérance ainsi que sur le respect des valeurs morales.

Les manuels scolaires

Cependant, beaucoup reste à faire. Notamment, concernant le prix des manuels scolaires. Depuis plusieurs années, les parents d'élèves se plaignent du prix capricieux des manuels scolaires et leur remplacement fréquent dans les rayons. On change cons­tamment les livres. Avant, plusieurs enfants pouvaient utiliser les mêmes livres sur des années. Et le contenu était bon. L'on apprenait de belles choses aux enfants, rechigne Alfred, un libraire. Le Mouvement des instituteurs pour la défense de leurs droits (Midd), à travers son premier secrétaire général adjoint, Paul Gnogbo, pense qu'il faut élargir la réflexion sur la confection des livres scolaires.  Ceux qui confectionnent les livres ne sont pas les mêmes personnes qui enseignent sur le terrain. Par exemple, la confection du Dialogue au primaire pose problème. La présentation des images est mauvaise. Il n'y a aucune logique entre les images et le dialogue. Il faut revoir tout cela , explique-t-il. La politique de gratuité ? Elle n'existe que de nom. Le nouveau régime pourra-t-il l'appliquer ? Tous les regards sont tournés vers la ministre de l'Education nationale. A cette question, Kandia souligne qu'elle va rendre effective la lutte contre la pauvreté et la non-scolarisation notamment chez la jeune fille. Mon département a acquis pour les cours préparatoires (cp) 2.716. 656 kits scolaires dont 678.462 ont été distribués et 4.072.337 manuels dont 1.717 690 ont été mis à la disposition des inspections de l'enseignement primaire , a-t-elle indiqué. Suffisant ? Cela reste à voir. Paul Gno­gbo insiste sur la méthode d'enseignement. La formation est devenue l'approche par compétence, selon lui. Nous pensons qu'une pédagogie qui est nouvelle, doit être suffisamment expliquée. Pour que les instituteurs la comprennent mieux. Pour que tout le monde s'approprie la diffusion , souligne-t-il. Il soutient qu'on ne peut pas instruire les élèves avec une pédagogie et les évaluer par une autre. Comme cela a été le cas lors des examens, cette année. A côté de ces dossiers, cohabite un autre plus problématique. Le nombre pléthorique d'élèves dans les classes. Certaines classes, comme au lycée moderne d'Abobo, enregistrent jusqu'à 100 élèves. Ce qui affecte la con­naissance des apprenants. Le 3 octo­­bre dernier, à son cabinet, la ministre avait exprimé ses besoins lors d'une rencontre avec les entrepreneurs. Elle avait estimé que la Côte d'Ivoire a besoin de 17.000 classes par an. Et récemment, elle a fait un plaidoyer auprès des partenaires du système éducatif. Il lui faut au moins 125 milliards pour guérir son département. Mais qui dit classes dit enseignants. Et, à ce sujet, il faudrait mettre un frein aux  gombos  : plusieurs enseignants du public désertent leurs classes pour aller dispenser les cours au privé. Ce qui n'est pas sans conséquence sur la qualité de l'enseignement. Interpellé sur la question, Soro Mamadou, secrétaire général du Syndicat national des enseignants du secondaire (Synesci), indique qu'il faut revoir beaucoup de choses.  Nous allons discuter avec la ministre , a-t-il signifié.


S.S (stagiaire)

www.225.ci - A propos - Plan du site - Questions / Réponses © 2023