vendredi 25 novembre 2011 par L'intelligent d'Abidjan

Gbagbo sera jugé par les Blancs, s'étaient écriés, à l'époque des partisans du président Ouattara, heureux du grand débarras que cela semblait représenter ! Or donc des noirs et des nègres ne sont pas capables de juger celui, qui durant dix ans, les a traumatisés, celui qui s'est accroché au pouvoir et qui, par son entêtement, a conduit à des morts et à de graves violences ? Si les dirigeants actuels de la Côte d'Ivoire ne sont pas capables de créer les conditions d'un procès interne, comment vont-ils mettre le pays à l'abri de nouvelles guerres et de nouvelles violences ? La grande mais seule peur d'aller à la Haye, et à la CPI, peut-elle suffire à rendre sages les dictateurs, quand on peut percevoir que malgré Charles Taylor le premier, malgré Jean Pierre Bemba, malgré l'inculpation de Béchir au Soudan, les violences politiques continuent dans le monde arabe et les tripatouillages électoraux se poursuivent en Afrique ? A la CPI on ne tue pas ; et pour certains, la peine de mort au Pays-Bas, vaut mieux, qu'une seule année de prison en Afrique. Comment faire aboutir les réformes pour une justice équitable, indépendante, et plus crédible en Côte d'Ivoire si tout le dispositif de la vérité et de la sanction éventuelle, concernant Laurent Gbagbo est axé sur un agenda interneet externe ? Ne pas faire l'objet de la CPI, c'est avoir le courage d'affronter notre histoire récente, c'est accepter de se regarder dans les yeux, pour se dire : mais Laurent pourquoi tu as fait ça. Mais Alassane, pourquoi sommes-nous allés si loin, mais président Bédié, comment cela-a-t-il pu nous arriver ? Il y'a un sentiment de fuite en avant, et un refus de questionnement. Est-ce parce que des gens autour du président Ouattara veulent continuer le même fonctionnement et les mêmes abus ? En réalité, les résistances contre le changement sont si fortes. Huit mois après le 11 avril, beaucoup de pratiques décriées refont surface. L'exercice du pouvoir ne fait pas toujours des hommes heureux, justes et toujours disponibles, ceux qui sont aux commandes. Le président Ouattara a bien fait d'ouvrir toutes les options. Il a été de bonne foi en appelant la CPI, à enquêter. A priori, Alassane Ouattara avait besoin de sortir de la pression partisane et du parti-pris. Le chef de l'Etat ne veut pas être accusé justement de pratiquer la justice des vainqueurs, en faisant le procès de Laurent Gbagbo en Côte d'Ivoire. Le problème est que cette noble et humaine motivation, a du mal à être expliquée pour obtenir l'unanimité, dans tous les camps. Y compris dans le camp Ouattara, ou après l'euphorie du départ, certains sont convaincus que, autant Dadis Camara était prêt à livrer Toumba Diakité, autant Ouattara pourrait effectivement exécuter toutes les réquisitions de la CPI contre ses partisans. A noter d'ailleurs en passant, que la CPI ne parle plus de ce qui s'est passé en Guinée en Septembre 2009, depuis la chute de Dadis Camara ; de plus en Egypte, en Tunisie personne ne parle de CPI pour Ben Ali, ni pour Moubarak. Tout cela peut constituer aux yeux de l'opinion africaine et internationale, le caractère très politique et non juridiquement impartial de la CPI. Ce qui se passe en Lybie fragilise sérieusement les intentions des autorités ivoiriennes et l'action du procureur Ocampo. A Tripoli, le procurator de la cour pénale internationale a admis le fait que le fils Kadhafi ne soit pas extradé, en dépit d'un mandat d'arrêt international lancé par lui-même, suite à une inculpation pour crimes de guerre. Comment la CPI peut-elle discuter avec le CNT après une inculpation par la justice internationale ? L'état libyen est-il moins défaillant que l'état ivoirien ? Quand il reviendra en Côte d'Ivoire, quand il s'agira de demander l'inculpation de Laurent Gbagbo et des autres, dont certains pro-Ouattara, il faudra bien que le procureur Ocampo-Moreno tienne compte de tous les imprévus.
C. K

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