samedi 3 decembre 2011 par Nord-Sud

Hier, face au groupe des ambassadeurs africains accrédités en Côte d'Ivoire, le Premier ministre, Guillaume Soro, a assuré que les voies qui conduisent à la réconciliation des Ivoiriens sont loin d'être totalement obstruées. Nous vous proposons l'intervention du chef du gouvernement dans son intégralité.

Excellences Monsieur le Doyen du corps diplomatique,

Excellence Mesdames et

Messieurs les ambassadeurs,
Je voudrais vous remercier pour votre disponibilité. Votre présence cet après-midi marque, si besoin en était, la sollicitude que vous avez manifestée pour la Côte d'Ivoire.

La rencontre de ce jour renoue avec la tradition que j'avais, d'échanger avec le corps diplomatique pour le tenir informé de l'évolution de la crise en Côte d'Ivoire.
Mais aujourd'hui, tout particulièrement, il s'agit de parler entre frères africains, d'où le format de cette rencontre.

Pour l'essentiel, j'aborderai avec vous trois points :

D'abord, la question des législatives, ensuite l'actualité judiciaire et enfin le processus de réconciliation.

Pour ce qui est des législatives, comme vous l'avez appris, le Gouvernement s'est résolu à respecter la date fixée par la Cei, pour la simple raison que toutes les garanties pour des élections transparentes et inclusives ont été données et prises et, que les discussions avec une partie de l'opposition, notamment Lmp, ne semblaient pas s'inscrire dans une volonté de faire avancer le processus.

J'ai bien compris qu'il leur fallait du temps pour réfléchir et s'organiser avant d'envisager prendre toute leur place dans l'arène politique, c'est bien leur droit. Mais, c'est de la responsabilité du gouvernement de veiller à la sauvegarde de l'intérêt général, qui passe par le fonctionnement régulier de toutes les Institutions de la République.

En effet, vous vous souviendrez que, depuis près de dix ans, l'Assemblée nationale qui, en temps normal, vote le budget et consent l'impôt n'est plus consultée, que les lois ne sont plus votées, tout cela n'est pas de bon augure pour la démocratie, seule garante des intérêts du peuple. La Côte d'Ivoire ne peut, en ce 21ème siècle, se payer un tel luxe. Il nous fallait donc régler ce dysfonctionnement dans les plus brefs délais.

En tout état de cause, le millier de candidats enregistré à ces législatives montre bien que celles-ci viennent combler des attentes longtemps contenues, mais bien plus, il montre le caractère très ouvert de ces élections, puisque toutes les régions et toutes les communautés nationales sont dans la course, sans restriction et sans exclusive. Je peux en témoigner, en tant que candidat.

Oui, je suis candidat, comme je vous l'ai annoncé dans le courrier de candidature que je vous ai fait parvenir. Dans ce courrier, je me suis appesanti sur les raisons et les motivations profondes qui m'ont toujours hanté s'agissant des questions de justice sociale, de démocratie et de l'avenir de la Côte d'Ivoire et du continent.

Pour ce qui est de l'actualité judiciaire, vous êtes sans ignorer qu'en exécution du mandat d'arrêt émis par la Cour pénale internationale, Monsieur Gbagbo, ancien chef de l'Etat, a été transféré à La Haye, le mardi 30 novembre dernier. Sur cette question, les traditions africaines commandent que je vous en informe officiellement, mais aussi que je vous fasse partager les motivations qui ont amené le gouvernement, à son corps défendant, à accepter cette alternative.

Au moins deux raisons ont fortement conduit à cette issue :

premièrement, l'absence de repentance : des personnes se comportent comme s'il ne s'est rien passé dans ce pays, on note ni remords, ni regrets, chez les auteurs des actes de barbaries, de méchanceté et de cruauté perpétrés sur les populations. Je vois encore les images des tueries des femmes d'Abobo, celles plus cruelles du supplicié du feu, qui tentait en vain de se soustraire des flammes dans lesquelles ses bourreaux l'avait jeté, et cela, en plein jour, sur la voie publique, sans qu'aucune âme charitable ne vienne à son secours.

Voyez vous, Excellences Mesdames et Messieurs les ambassadeurs, les familles, à juste raison, attendent du gouvernement que justice soit faite.

Mais au-delà-de ces faits déjà très graves, c'est le manque d'humilité du Fpi qui a conduit Monsieur Gbagbo à la Cpi. Ce parti n'a ni voulu intégrer le gouvernement, pour se donner les moyens de participer aux prises de décisions qui engagent le destin du pays et les Ivoiriens, ni saisir, de bonne grâce, la main tendue du président de la République, qui invitait à privilégier les intérêts supérieurs de l'Etat, dans le jeu politique. Gbagbo à La Haye, c'est donc le résultat de l'inconséquence et de l'intransigeance du Fpi. Mais les fils du dialogue, quoique distendus, ne sont pas rompus.
En ce qui concerne la réconciliation, elle se poursuit.

En effet, le processus de réconciliation engagé est irréversible, car il y va de l'avenir de la Côte d'Ivoire et de la paix dans la sous-région. J'attends donc du Groupe africain des ambassadeurs, un soutien à ce processus, qui sauvegarde nos intérêts communs.

Pour sa part, le président de la République, le gouvernement et moi-même, sommes à la tâche pour appuyer les efforts du président de la Commission dialogue, vérité et réconciliation dans sa mission.

Sachez que nous ne nous lasserons jamais de garder la main tendue à tous, sans exclusive.



Je vous remercie de votre aimable attention.

N.B. : La titraille et le chapô sont de la Rédaction.

www.225.ci - A propos - Plan du site - Questions / Réponses © 2023