mardi 6 decembre 2011 par AFP

ABIDJAN, La justice ivoirienne a relaxé mardi trois journalistes de Notre voie, quotidien du parti de l`ex-président Laurent Gbagbo, détenus depuis près de deux semaines pour "incitation au vol par voie de presse", a constaté un journaliste de l`AFP.

César Etou, directeur de publication, Boga Sivori, chef du service politique, et Didier Dépry, secrétaire général de la rédaction, ont été déclarés "non coupables pour les faits qui leur sont reprochés", a indiqué le président du tribunal, Philippe Kouamé Yao.

Des cris de joies de nombreux confrères et de proches ont salué la décision du tribunal de première instance d`Abidjan.

Le procureur, Désirée Tahou, avait requis une amende de 400.000 FCFA (610 euros).

"Le droit a été dit et le tribunal a constaté qu`il n`y avait pas d`infraction", s`est félicité Me Serge Essouo, l`avocat des journalistes.

Mais "c`est dommage que des journalistes professionnels aient été privés de leur liberté pendant 13 jours", a-t-il souligné.

Arrêtés le 24 novembre, ces journalistes, d`abord détenus par la police avant d`être incarcérés, ont dans un premier temps été poursuivis notamment pour "offense au chef de l`Etat" dans un article.

Les charges ont ensuite été requalifiées en "incitation au vol, pillage et destruction de biens d`autrui par voie de presse".

Dans l`un des deux articles en cause, le journal affirmait que, "pendant que les Ivoiriens meurent de faim et de maladies, (le président Alassane) Ouattara s`offre 40 Mercedes à 1,04 milliard de FCFA" (1,6 million d`euros).

Selon Notre voie, les véhicules sont destinés aux membres du gouvernement.

L`autre article incriminé évoquait une prochaine dévaluation du franc CFA, malgré les démentis des banques centrales d`Afrique de l`Ouest et Centrale.

La mission de l`ONU en Côte d`Ivoire (Onuci) et l`organisation Reporters sans frontières (RSF) avaient dénoncé cette détention.

Mardi, l`Onuci a estimé que cette relaxe constituait "un développement encourageant dans le respect de la liberté d`expression".

"La décision prise par la justice est conforme à l`existence d`une presse plurielle réflétant les diverses sensibilités politiques", indique un communiqué de la mission onusienne.

"De même, l`on peut espérer qu`elle va contribuer à la détente politique et sociale qui apparait progressivement dans une atmosphère de campagne électorale vulnérable aux tensions et aux passions", avant les élections législatives de dimanche, boycottées par le parti de M. Gbagbo.

RSF s`est également déclaré "satisfait de cette issue logique" et a appelé à la remise en liberté d`"Hermann Aboa, journaliste de la RTI (Radio-Télévision ivoirienne) incarcéré depuis plus de quatre mois".

Laurent Gbagbo est détenu à La Haye par la Cour pénale internationale, qui le soupçonne de crimes contre l`humanité commis au cours des violences post-électorales de 2010-2011.

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