lundi 16 janvier 2012 par L'intelligent d'Abidjan

Monsieur Wayne Camard, représentant régional du Fmi en Côte d'Ivoire, est convaincu que la zone franc CFA n'est pas menacée de dévaluation. Pour la Côte d'Ivoire, Wayne Camard n'est pas venu en vain. Il veut aider les Ivoiriens à repositionner leur pays sur l'échiquier économique mondial.

Monsieur Wayne Camard, présentez-vous aux Ivoiriens

Je suis Américain et je suis au Fmi, il y a 20 ans, dont 10 ans au département Afrique. J'ai déjà fait le Mali, le Tchad, la Guinée-Conakry. Je suis arrivé en Côte d'Ivoire en Août 2010 où la période électorale n'était pas du tout propice pour un travail de réflexion.

Vous êtes le représentant régional du Fmi. Peut-on avoir une idée de votre plan de travail pour la Côte d'Ivoire ?

C'est très clair. J'ai un rôle de conseiller économique auprès du gouvernement ivoirien. Je ne veux pas dire tous les détails, mais je peux vous dire simplement que je peux défendre la position économique de la Côte d'Ivoire au siège du Fonds monétaire international. J'explique aussi le contexte politique du pays.

Comment le Fmi entend travailler avec la Côte d'Ivoire ?
Comme je l'ai dit plus haut, mon rôle n'est qu'un rôle de conseiller auprès du gouvernement de la Côte d'Ivoire. A ce niveau, j'ai pour le moment deux priorités pour l'économie ivoirienne : aider la Côte d'Ivoire à sa réduction de la dette. Ensuite, enseigner au gouvernement ivoirien ce qu'il doit faire pour introduire des dossiers bien au Fonds monétaire international.

Que pensez-vous des 8% de croissance annoncés par le chef de l'Etat, Alassane Ouattara ?
C'est tout à fait probable. Il faut que les Ivoiriens travaillent pour le progrès économique de leur pays. En clair, tout dépend des Ivoiriens eux-mêmes. En attendant, je peux dire que les tendances observées sont bonnes.

La directrice du Fmi, Christine Lagarde, s'est déplacée récemment au Nigeria, Niger et en Afrique du Sud. A votre avis, qu'est-ce qui justifie ce déplacement en Afrique ?
L'essentiel est de dire aux Africains qu'on s'occupe d'eux, mais aussi que le Fonds Monétaire international soutient les Africains dans le défi permanent de la pauvreté. Aussi, c'est important pour Christine Lagarde de savoir ce que le Fmi attend des Africains.

Pensez-vous que le Fmi a la confiance de ces pays visités par Christine Lagarde ?
Ce n'est pas au Fmi de s'interroger sur sa propre crédibilité. Il faut plutôt poser la question aux autorités des pays visités par la Direction du FMI.

Quelles sont les répercussions de la crise économique et budgétaire de l'Europe sur l'activité économique et budgétaire de l'Afrique et de la zone franc CFA?

Il y a plusieurs créneaux par lesquels les Africains peuvent sentir la crise économique européenne. Mais, je vais vous citer deux créneaux. Le premier créneau, c'est bien les pays à forte émigration, le Sénégal par exemple, le Mali et puis il y a les pays comme le Cap-Vert. Ensuite, si les Africains ressortissants d'autres pays d'Afrique, perdent leurs emplois en France, en Italie, il y aura une baisse de transfert en direction de l'Afrique. Aussi, les cours de production industrielle des pays producteurs de fer, bauxite, uranium, peuvent baisser. Ces pays- là, n'échapperont pas à la crise économique européenne. Heureusement que pour la Côte d'Ivoire, les produits à ?'vendre'' sont moins exposés : l'ananas, l'huile de palme, le café, la banane.

Monsieur Wayne Camard, c'est vrai que le Franc CFA sera-t-il dévalué ?

Je vais vous dire qu'il n'y a aucune raison de le croire. Regardez, on avait annoncé la dévaluation du franc CFA pour le 1er janvier 2012. Une fois encore, je le répète qu'il n'y a aucune raison de le croire. Parce que dans la zone franc CFA, les exportations se portent bien.

Aujourd'hui, que peut-on dire de la crise économique et budgétaire qui frappe les pays de l'Union Européenne ?
Dans cette crise économique et budgétaire dans les pays de l'Union Européenne, il faut séparer deux choses : la dette publique pour certains pays et le système bancaire pour d'autres. Ce sont ces deux éléments qui portent aujourd'hui atteinte à l'Economie européenne. Mais je pense que la situation n'est pas catastrophique pour l'économie européenne, si on regarde avec lucidité les fondamentaux. En tout cas, pour moi, il n'y a pas de soucis.

Avez-vous des contacts personnels avec certaines autorités politiques ou économiques en Côte d'Ivoire ?

Je suis en Côte d'Ivoire, comme je l'ai souligné au début de notre entretien, pour une mission de conseiller économique pour le gouvernement de la Côte d'Ivoire. C'est bien à ce titre que j'ai été déjà reçu par le président Alassane Ouattara, surtout pour discuter des voies et moyens pour atteindre les 8% de la croissance en Côte d'Ivoire. C'est tout.

Avez-vous un message particulier à l'attention de la Côte d'Ivoire, Etat partenaire du Fmi ?
Je ne suis qu'un simple technicien du Fonds monétaire international. Et comme je l'ai déjà souligné, ma mission est de soutenir la Côte d'Ivoire dans la voie du progrès et du développement économique, dans le strict cahier de charges de ce que les autorités de la Côte d'Ivoire souhaitent pour leur pays.

Propos recueillis par Ben Ismaël

www.225.ci - A propos - Plan du site - Questions / Réponses © 2023