mercredi 8 fevrier 2012 par L'expression

Le contrat de la gestion des ordures ménagères attribué à l'entreprise Satarem Greensol fait couler beaucoup d'encre et de salive. Dans cette interview accordée à Onuci Fm, Anne Ouloto, ministre de la Salubrité urbaine, apporte des éclaircissements et lève des coins du voile.

Comment s'est fait l'appel d'offres qui a consacré la société Satarem Greensol comme responsable de la gestion des ordures ménagères en Côte d'Ivoire?

Je suis moi-même surprise de la passion que cela suscite mais c'était pour nous l'occasion de rompre avec des habitudes qui avaient cours dans ce secteur d'activité. Ce ministère existe depuis 2007 et jusqu'à ce jour, il n'y a jamais eu d'appel d'offres pour la gestion des ordures. Tous les contrats dont nous avons hérité sont des contrats qui découlent du gré à gré entre l'Etat et les opérateurs privés. Ces contrats ne sont pas signe de bonne gouvernance et nous avons voulu rompre avec cela. Nous avons aussi opté au niveau du ministère pour un système de gestion intégrée des ordures ménagères. Cet appel d'offres a drainé du monde. Des opérateurs sont venus de partout pour apporter leurs perspectives. Nous avons jugé nécessaire de retenir Satarem Greensol pour ce nouveau système de gestion des ordures ménagères dans le district d'Abidjan. Malheureusement, dès que nous avons annoncé le nom de celui qui a été retenu, nous avons été l'objet d'attaques de toutes sortes. J'ai simplement déploré et je continue de déplorer le manque d'informations crédibles distillées par certains journaux. Je vous assure que l'entreprise Satarem Greensol mérite d'avoir ce marché.

D'où vient alors que l'on vous reproche d'avoir fait confiance à une entreprise qui connaitrait des difficultés, qui aurait même été radiée de France ?
La France n'est pas la Côte d'Ivoire. La Côte d'Ivoire a ses lois et ses règlements. Si cette entreprise, qui a des filiales un peu partout dans le monde, a eu des difficultés avec la France, je veux bien qu'on me le prouve. Je ne peux pas utiliser la rumeur comme étant un élément d'information crédible. Cette entreprise est venue soumissionner au même titre que d'autres qui sont venues des Etats-Unis, d'Europe. Alors, quel élément avons-nous pour disqualifier une telle entreprise à partir de rumeurs ? Je considère qu'il faut sortir de ce genre de logique, il faut sortir de la désinformation, de la manipulation et du mensonge. Les Ivoiriens n'ont pas besoin de cela, ce qu'ils attendent de nous, c'est notre politique de gestion des ordures pour les débarrasser définitivement de ces dépôts sauvages et les faire vivre dans un environnement propre, de façon permanente. Pourquoi veut-on nous distraire ?

Vous confirmez que vous avez respecté en la matière les directives de l'Uemoa ?
Je ne suis pas le technicien d'appel d'offres en Côte d'Ivoire. C'est la Direction des marchés publics qui contrôle et qui coordonne tout ce qui concerne les appels d'offres. C'est une direction qui relève du ministère de l'Economie et des Finances et le ministre Charles Diby a suivi cet appel avec le plus grand sérieux parce que les pressions étaient inacceptables et intolérables. Le personnel du ministère de la Salubrité y compris moi-même, avons fait l'objet de harcèlement. Quel est ce pays où l'on peut accepter qu'un ministre soit harcelé parce qu'on souhaite qu'il attribue un marché par un gré à gré ? Mais je ne le ferai pas, je peux vous le dire. Il y a des procédures en Côte d'Ivoire, nous sommes un Etat de droit. Celui qui estime qu'il a soumissionné et qu'il a des reproches à faire, pourquoi n'utilise-t-il pas les voies de recours au lieu de se promener de rédaction en rédaction pour faire de la désinformation ? C'est une grosse farce et ceci n'honore pas notre pays. Attribuer un marché à une entreprise n'est pas une question de copinage, ce n'est pas une question partisane.

On vous accuse du délit d'initié, le fait d'avoir le ministre Adama Bictogo dont le frère ainé Salif est le président du conseil d'administration de Greensol

Le ministre Adama Bictogo est un collègue. Il n'est pas mon patron et il n'a aucune autorité sur moi pour m'obliger à faire quoi que ce soit dans une affaire qui ne le concerne pas. C'est la première observation que je voulais faire. La deuxième m'amène simplement à vous poser une question banale : s'il s'était trouvé que le nom Salif Bictogo avait été Salif Koffi, est-ce que cela aurait posé problème ? Quelle qualité j'ai pour interdire à M. Salif Bictogo de mener les affaires qu'il veut mener avec X ou Y ? Ce qui m'aurait posé un problème, c'est si la personne s'appelait Ouloto ou si la personne était liée à moi en tant que ministre. Cela aurait posé des problèmes d'éthique. Et encore, on peut avoir des frères ou parents qui sont des hommes d'affaires. Il faut simplement retenir que tout ce que l'Etat peut exiger de nous, c'est la transparence, l'équité et l'objectivité dans ce genre de dossier.

Propos recueillis sur Onuci Fm par Napargalè Marie

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