lundi 19 mars 2012 par Le Temps

Les populations de Goudi sont sur le pied de guerre suite à l'incarcération arbitraire de quatre jeunes accusés d'avoir incendié la maison de l'ex-chef dudit village.
Goudi, un village Dida situé dans le département de Divo, vit en ces temps-ci, des moments de crise. Et pour cause, les populations dudit village veulent en découdre avec l'ex-chef du village M. Kokora Koffi Joseph, qu'ils accusent d'avoir fait emprisonner quatre jeunes du village. La tension est vive et les populations en guise de représailles contre leur ex-chef, ont incendié la maison du dignitaire qui s'est refugié ailleurs dans les environs. En effet, le procurreur du tribunal de Divo, vient de faire arrêter et emprisonner à la prison civile de Divo, quatre jeunes de Goudi. Selon les propos de l'un des parents des quatre jeunes, le procureur de Divo a agi, sans tenir compte de la présomption d'innocence de ces derniers, sur la plainte de l'ex- chef Kokora Koffi Joseph qui a été destitué par la population de Goudi, au motif que les populations ont mis le feu à sa maison du village et y ont volé la somme de vingt millions de Fcfa. En effet, les faits remontent au mois de janvier 2012, lors des obsèques d'un jeune du village nommé Azoda Amane Antonio. Celui-ci est décédé le 25 décembre 2012 à Grand-Bassam dans des circonstances mystérieuses. Pour avoir le c?ur net et déceler le mystère de ces morts subites, la population de Goudi et en particulier les jeunes dudit village, ont décidé de procéder par l'épreuve de Gôpôh pour démasquer les mains obscures qui se cachent derrière et qui sont à l'origine des morts en cascade des cadres du village. C'est ainsi que, le vendredi 6 janvier 2012, après la levée de corps à l'hôpital général de Port-Bouët, suivie du transfère du corps à Goudi, les jeunes du village, qui depuis avant le lever du soleil, attendaient la dépouille mortelle à un kilomètre du village, récupèrent le cops dans le corbillard aux environs de 16 heures. Le corps du jeune Antonio fait le tour du village en dénichant des coupables. Il faut noter que, cette épreuve de Gôpôh qui était une véritable chasse à l'homme a même été filmée selon les propos des témoins que nous avons pu joindre, par les jeunes de Goudi et les invités venus pour apporter leur compassion à la famille éplorée.
Le corps refuse d'aller au cimetière
Le lendemain, c'est-à-dire le samedi 7 janvier 2012, après la messe de requiem, aux environs de 12 heures, le corps refuse d'aller au cimetière pour son dernier voyage. Les villageois et surtout les jeunes décident alors de reprendre l'épreuve de Gopoh. Cette fois-ci, en plus des premières personnes désignées par le corps le vendredi 6 janvier 2012, d'autres sorciers sont mis en cause. Malgré la présence de la gendarmerie, la furie de la jeunesse de Goudi ne sera pas contenue. La population va alors assister impuissamment au lynchage des coupables. C'est ainsi que dans la même veine la maison de l'ex-chef du village qui est le frère ainé du père du défunt va être incendiée. Les témoins du village font remarquer que dès l'annonce du décès du jeune Azo Antonio, M. Kokora Koffi Joseph sans même avoir adressé ses condoléances à son frère cadet, aurait quitté le village nuitamment sur la pointe des pieds, accompagné de son épouse, pour se réfugier dans la brousse. L'ex-chef qui aurait des antécédents de pratiques de sorcellerie aurait déjà fait des aveux dans le cas du jeune Kouadio Bertin et a préféré fuir le village pour ne pas être pris une seconde fois dans une affaire du même genre.
L'ex-chef fuit le village pour éviter la furia des jeunes
C'est d'ailleurs en son absence que dans la nuit, des inconnus viennent à leur tour incendier la maison. Le chef Kokora qui a été informé de ce qui lui est arrivé. Sans effectuer un tour à Goudi pour prendre le pool de la situation et constater l'ampleur du désastre, il se rend directement à la gendarmerie de la ville de Hiré, pour porter plainte contre les quatre jeunes qui sont arrêtés et arbitrairement détenus à Divo. Ceux-ci clament leur innocence à la gendarmerie de Hiré. L'ex-chef Kokora Koffi Joseph, convoqué à plusieurs reprises par la gendarmerie de Hiré pour une confrontation, ne répondra jamais. Alors que l'enquête est toujours en cours pour retrouver les vrais coupables, le procureur de Divo, sous prétexte que l'enquête traine, aurait ordonné que le dossier lui soit transmis. Le même jour (le 6 mars 2012), les quatre jeunes sont déportés à Divo et emprisonnés à la prison civile de ladite ville. Les villageois, eux, crient à l'injustice et à une grave atteinte de violation des droits de l'homme. En attendant le procès, la tension est vive dans la contrée et les villageois jurent à qui veut les enttendre qu'ils protesteront si jamais les quatre jeunes sont condamnés par la justice de Divo.

Jean-Baptiste Essis
jean.essis@gmail.com

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