mercredi 29 fevrier 2012 par L'expression

L'éternel amour, le dernier livre de Bandaman Maurice retrace le parcours d'Adama, jeune apprenti chauffeur de gbaka sur le chemin de la richesse. Après moult épreuves, il atteint son but. Il rentre cependant physiquement diminué.



Il est des livres qu'on déguste, goulûment. D'une seule traite. Assurément, L'éternel amour, de Bandaman Maurice, fait partie de ces ?uvres romanesque qui vous attirent, vous captent, vous emprisonnent et ne vous lâchent plus. Le dernier livre du ministre-écrivain disponible depuis quelques jours en librairie, captive tout au long de ses 216 pages. Si L'éternel amour est un roman (ce genre littéraire se caractérise pour l'essentiel par une narration fictionnelle plus ou moins longue), il emprunte cependant, dans sa discursivisation romanesque, quelques éléments du récit initiatique que l'on rencontre fréquemment dans le conte. Les récits initiatiques sont inspirés des initiations, qui forment un ensemble de rites et d'enseignements oraux qui a pour but la modification radicale du statut religieux et social de la personne initiée. Le rite de passage d'un statut à un autre possède une dimension symbolique et met souvent en scène un passeur, même si le héros, dans certains cas, peut jouer lui-même le rôle du passeur. L'histoire d'Adama s'inscrit dans cette dynamique. Après une déception amoureuse, le héros, apprenti chauffeur de gbaka, entame une aventure au sortir de laquelle il espère devenir riche et reconquérir le c?ur de la belle Awa que son ancien patron, Warifatchè, lui avait ravie. Déterminé à se rendre à La Mecque, en Arabie Saoudite (il a appris que l'on s'y enrichit à la vitesse de l'éclair), le désormais ex-apprenti chauffeur, commence son voyage par le Mali. Il y fait la rencontre d'un vieil aveugle, qui lui fait payer au prix fort trois paroles importantes, écoute la voix d' Akèdèwa, sa bonne conscience et se détache petit à petit des choses matérielles. Véritable parcours du combattant, mais aussi quête effrénée du savoir islamique, de l'élévation spirituelle et morale, le voyage d'Adama le fait successivement passer par des hauts et des bas. Il jubile par exemple lorsqu'il gagne 70 millions de francs au Pari mutuel urbain (Pmu), mais déchante quelques temps après lorsqu'on lui annonce que son ticket est faux (pages 65, 66, 67). S'il ne s'offusque pas de cette perte, c'est parce qu'Adama n'a pas oublié une des bonnes paroles prodiguées par le vieil aveugle : Dans la vie, personne ne sait son jour de gloire. Persuadé que le sien n'est pas loin, Adama s'évertue à traduire en actes tous les commandements du vieil aveugle. Au bout du compte, il rentre chez lui aveugle, castré mais riche comme Crésus. Il retrouve la belle Awa, défigurée et enlaidie après une guerre farouche qui a endeuillé son pays. Dans L'éternel amour, Maurice Bandaman ne se contente pas de narrer une histoire. Si, pendant des décennies, les romanciers négro-africains d'expression française ont été directement ou indirectement influencés par la littérature, les écrivains africains cherchent aujourd'hui, à s'affranchir de ce carcan en évoluant vers une écriture plus originale et en s'essayant à de nouvelles expériences. Maurice Bandaman met, de ce point de vue, un point d'honneur à donner livre cours à son inspiration, à son goût, à sa connaissance de la culture ivoirienne et africaine. Ses fréquentes références linguistiques et spatio-temporelles à la Côte d'Ivoire l'attestent. Maurice Bandaman fait également montre, dans ce roman, d'une grande connaissance de la religion musulmane. Il dissémine tout le long de l'?uvre, des préceptes islamiques, véritables leçons de vie. L'éternel amour est paru chez Sésame édition. C'est le 13ème livre de Maurice Bandaman, Grand Prix littéraire d'Afrique Noire en 1993 avec son conte romanesque, Le fils-de-la-femme-mâle

M'Bah Aboubakar

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