mercredi 9 mai 2012 par L'Inter

Le débat politique ivoirien vole bien bas. Depuis des lustres, les acteurs et animateurs de la vie politique nationale n'ont pas réussi à s'élever et à apparaître comme des exemples voire des modèles à imiter. De 1990 à 2010, le temps a passé mais, rien dans les comportements n'a changé. L'esprit partisan, sectaire et clanique est toujours la règle. Il n'est pas avec nous donc, il est contre nous.

Ridicule comme posture en 2012. Jamais les politiciens ivoiriens n'ont su tirer les enseignements de leurs propres turpitudes ou alliances voire attelage contre nature.
Au stade actuel, de fausses accusations fantaisistes fusent pour, en espèrent leurs auteurs, discréditer le pouvoir actuel. Si tel est leur état d'esprit, que peut-on espérer d'un dialogue qui se veut Républicain et citoyen ?

Le contre-exemple

La logique aurait voulu que la Côte d'Ivoire au sortir d'une crise aussi grave et polytraumatique, se rassemblât autour de l'essentiel : Le sort du pays et des populations. Las ! Le peuple, on en parle mais à la vérité, ce sont plutôt, des groupes d'intérêts qui parlent au nom du peuple pour s'accaparer ses biens et richesses. Des hommes sont devenus riches, des régions et des populations se sont dégradées et appauvries. Ce n'est pas le moindre des paradoxes. Les revendications, au nom de qui l'on prétendait combattre l'imposture, l'arbitraire, l'exclusion et l'ivoirité ont été reléguées aux calendes grecques pour laisser apparaître des comportements d'idolâtrie voire de culte de la personnalité dévoyant du coup, le substrat moral de la juste lutte du peuple contre les prévarications et autres postures tribales de rejet de l'autre pratiquées par les régimes successifs depuis Houphouët Boigny. Faute de n'avoir pas résisté à l'attrait de l'argent facile et de celui du culte de néo-responsables sortis du néant pour occuper des fonctions hautement professionnelles, techniques ou technocratiques, les politiques ivoiriens ont trompé le peuple. Ils sont l'archétype du politicien intéressé et carriériste. Ils constituent un contre-exemple affligeant et totalement reprouvant.

L'exemple

Les contre-exemples esquissés plus haut, doivent servir aujourd'hui. Mais pour l'heure, on peut repasser. Pourquoi ? Alors que le Président Ouattara a été élu sans ambages face au chef de l'Etat sortant, la classe politique a manipulé le peuple après s'être laissée manipuler par le pouvoir qui disposait encore des leviers politiques et économiques dont il a fait usus et abusus , pour rallier à sa cause des politiciens carriéristes, experts en aller et retour et reniements honteux.
Les cas Mamadou Koulibaly, Dona Fologo, Appiah Kabran, Lagou Henriette etc. sont, à cet effet, illustratifs.

Hormis Koulibaly, pur produit de la propagande socialo-communiste et Appiah, tribun rhétoricien, tous les autres ont pour dénominateur commun d'avoir appartenu au PDCI et à un haut niveau.
Malgré des choix tactiques d'intérêts personnels et de recherche de confort, ils ont une philosophie de compromis qui résulte de leur culture houphouëtiste d'origine. D'où leur prédisposition à plus d'écoute et de mesure.
A contrario, Koulibaly et les autres du FPI restent dans une posture d'opposition systématique mal à propos et totalement inadmissible. Il faut noter que la Côte d'Ivoire n'est la propriété privée de personne. L'ancien régime et ses comparses auraient pu éviter à notre pays le pogrom auquel on a assisté. S'ils étaient vraiment patriotes, ils auraient eu une attitude plus constructive. Mais, l'appât du gain les en a empêchés. Et la guerre qui est advenue est de leur faute et non de la faute de Ouattara qui a vraiment gagné l'élection du 28 Novembre 2010.
Le faux procès qui est fait au nouveau pouvoir sur le népotisme supposé et les accusations sur le budget de souveraineté ne résistent à aucune analyse et, ne sauraient être acceptés de la bouche de personnes qui, essentiellement, ont vécu sur ce budget de souveraineté de 2000 à 2010.

Classe politique discréditée

Le mal de la Côte d'Ivoire c'est, comme l'a dit l'expérimenté Houphouétiste en rupture de ban, Laurent Dona Fologo, c'est la classe politique. Plus exactement cette classe politique-là. Celle des refondateurs et de leurs suppôts. Il n'y a, pour s'en convaincre, qu'à voir la posture qui est la sienne après la présidentielle d'octobre 2010.
En effet, après que leur leader, Laurent Gbagbo, a perdu et le scrutin et la guerre que son refus d'assumer sa défaite a occasionnée, ils continuent de faire prospérer la thèse du complot néo-colonial. Ainsi, l'ancien président aurait été chassé du pouvoir par les Français et les Américains. Tout se passe donc finalement comme s'il n'y avait pas eu d'élection.
Or, il y a bien eu une élection que le chef de l'Etat sortant a perdue. Mais fidèles à cette mauvaise foi dont ils ont fait leur marque de fabrique, les Refondateurs ont désormais beau jeu de présenter Laurent Gbagbo comme une innocente victime de la françafrique. Ils s'en vont donc clamant partout que ce dernier reste et demeure le président de la République de Côte d'Ivoire. En conséquence, ils ne reconnaissent pas le président Alassane Ouattara à qui ils dénient toute légitimité.

La méchanceté a rarement atteint de tels sommets ! Comment ne pas alors rappeler les propos proprement délirants d'un Laurent Gbagbo qui déclarait, après sa défaite, que Ouattara devra lui passer sur le corps pour entrer au Palais présidentiel ! Et dire que le même s'est présenté ad nauseum comme un grand démocrate pendant de longues années.
C'était donc une imposture. Et comme il fallait s'y attendre, il a été aidé dans son lugubre et funeste dessein par le président du conseil Constitutionnel, le bien nommé, Paul Yao N'Dré qui, après avoir cautionné la forfaiture, trouvera son chemin de Damas à Accra, d'où il est revenu pour enfin dire le droit et reconnaître la victoire du mentor du RDR, le Dr. Alassane Ouattara. Ouf ! La République est sauve. Mais on ne peut pas en dire autant de l'honneur des Ahoua Don Mello, Mamadou Ben Soumahoro, Oble Jacqueline, Affi N'Guessan Pascal, Laurent Akoun, entre autres négateurs des évidences (Bédié merci).
A tout seigneur, tout honneur. A ce jour, Ahoua Don Mello est sans aucun doute celui qui se sera le plus négativement illustré pendant la crise postélectorale. Porte-parole du gouvernement fantoche Aké N'Gbo, l'ancien patron du Bnetd aura tenu jusqu'au bout le rôle d'imprécateur et de pourfendeur attitré du président élu Alassane Ouattara.
Ce technocrate que l'on avait cru modéré et sage en aura surpris plus d'un par ses outrances et ses outrages mais aussi ses extravagances.
Des excès et des outrances

Mme Oble Jacqueline a certainement commis la plus grave faute de sa longue carrière politique. Après s'être successivement abreuvée au bédiéisme et à l'alassanisme, elle a voulu, sur le tard et en pleine crise, goûté au gbagboïsme. Mal lui en prit.
Il est vrai qu'elle s'est donnée à la Refondation moins par amour que par dépit. Mais cela ne saurait excuser ni justifier une telle inconduite. Elle a payé au prix fort son nomadisme politique : elle est en exil et si elle rentrait, il n'est pas sûr qu'elle ait encore un avenir politique dans ce pays. Quelle vie !
Affi N'Guessan Pascal. L'ancien employé de Côte d'Ivoire Telecom a été au FPI ce que fut jadis Jean Jacques Béchio au PDCI : gueulard et provocateur. Ce Cassandre qui prédisait l'apocalypse en cas de défaite de Laurent Gbagbo aura jusqu'au bout joué avec le feu ! Revenu d'Addis Abeba où l'UA a reconnu la victoire du candidat Ouattara et a recommandé le transfert du pouvoir au président élu, Affi a tenu un discours contraire à ses partisans !
Il est aujourd'hui à Bouna en résidence surveillée. Voilà où mènent la démesure et le manque d'humilité.
Laurent Akoun, transfuge du PIT, (où il milita jadis,) est l'exemple parfait du nouveau converti. Enthousiaste, euphorique à l'excès, il est dans une posture de défiance que rien ne peut justifier.
Mais, il en est des excès comme des outrances : ils finissent par desservir leurs auteurs.

La leçon de grandeur de la France

La victoire de François Hollande lors des élections présidentielles du 6 mai est plutôt un camouflet pour le camp ex-LMP. Le nouveau président français avait jugé que Laurent Gbagbo était infréquentable. C'était au plus fort de la crise postélectorale que la Côte d'Ivoire a connue justement du fait du refus du candidat ex-LMP de reconnaître sa défaite. C'est pourquoi l'attitude de l'ancien président français Nicolas Sarkozy qui, non seulement a reconnu sa défaite, mais a appelé ses partisans à témoigner respect et considération au président élu, François Hollande peut être considérée comme une leçon d'honnêteté et d'humilité dont Laurent Gbagbo devrait prendre de la graine.

On a encore vu le président élu, François Hollande et son prédécesseur, Nicolas Sarkozy assister, main dans la main, à la célébration de l'Armistice du 8 Mai 1945 ; offrant ainsi au monde, l'image d'une démocratie apaisée et d'une grande nation : la France ! On se prend à rêver. Laurent Gbagbo et Alassane Ouattara auraient pu, eux aussi, donner un tel exemple de grandeur. Mais par la faute du premier, la Côte d'Ivoire a sombré dans la violence et la haine. Voir aujourd'hui les pro-Gbagbo jubiler à l'annonce de la victoire de François Hollande est proprement sidérant. Puisque Hollande qu'ils fêtent n'a jamais caché son aversion pour leur champion Laurent Gbagbo.

Bamba Alex Souleymane
Conseiller Spécial du SG du RDR
Chargé de l'information et des médias

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