vendredi 11 mai 2012 par Banque Mondiale

Les solutions pour mettre un terme à la série des évasions massives constatées ces derniers temps dans certaines prisons vont bien au-delà du simple limogeage-saupoudrage de quelques régisseurs. En quelques semaines, 240 prisonniers se sont fait la belle dans 8 maisons d'arrêt et de correction, dont 52 à la MACA, le 4 mai dernier.

Pourtant le même jour, le ministre de l'Intérieur Ahmed Bakayoko avait tonné sur les antennes de la Rti que : Tous les prisonniers qui ont tenté de s'évader ont été rattrapés et remis en cellule . On se demande bien aujourd'hui de quoi il parlait ! Le gouvernement limoge des régisseurs et explique cependant les évasions par le manque d'armes, l'insuffisance du personnel de surveillance, mais aussi, dans certains cas, par des dysfonctionnements internes à l'administration pénitentiaire. Le gouvernement, depuis des mois, savait cette situation. Qu'a-t-il fait ? Il a préféré s'attaquer aux conséquences et non aux causes des évasions en relevant de leur fonction, le régisseur de la Maca et celui d'Agboville. Et le ministre qui a raconté des contrevérités aux Ivoiriens ? : Les gardes pénitentiaires ne sont mêlés ni de près, ni de loin à cette évasion vu qu'après avoir été pillés (domicile et armurerie) lors de la crise post-électorale ils sont sans armes, ils sont confinés à la simple mission de supervision, à raison de deux par bâtiment et, des entrées et sorties, à la porte principale. Au total, le ratio en ce moment est de 123 détenus par agent, fait remarquer le secrétaire général du Syndicat national des personnels de l'administration pénitentiaire de Côte d'Ivoire (Synapapci), Pascal Kouassi Koffi. Qui devrait doter les gardes de moyens adéquats pour surveiller ceux qu'on considère comme dangereux pour la société ? Qui devrait procéder au recrutement d'agents de la police pénitentiaire pour une bonne surveillance des détenus ? Le secrétaire du syndicat peut poursuivre : Nous sommes 18 à travailler par jour. A Abidjan, ce sont les gendarmes qui ont des armes et qui surveillent la Maca rouverte le 16 août 2011 après l'évasion du 31 mars. A Tiassalé, ce sont les dozos; à Korhogo, les Frci et les gendarmes ; à Daloa, les Frci comme dans les autres prisons. Sur 33, il y en a 22 ouvertes. Nous ne disposons pas de menottes, de matraques, de gaz lacrymogène, de gaz de protection et d'autres matériels de sécurité. Malgré cela, nous sommes parmi des détenus qui savent manier des armes. A la réouverture de la Maca, ils avaient insisté sur la nécessité d'avoir des armes lors de la rencontre qu'ils ont eue avec le garde des sceaux, ministre de la Justice, Jeannot Ahoussou, aujourd'hui premier ministre, de même que des treillis et une carte professionnelle. Seuls les treillis ont été donnés sans chaussures rangers, galons, épaulettes . La police pénitentiaire continue de dénoncer le fait que le décret du 2 juillet 1993, sans arrêté interministériel prévu, les ait mis sous la coupe de la direction des services judiciaires, alors que dans la pratique, ils sont gérés par la direction de l'administration pénitentiaire. Qui est-ce qui devrait normaliser cette situation ? Le gouvernement ou le régisseur ? Certainement que le limogeage de deux régisseurs, une bonne fois pour toutes, a résolu tous les problèmes des prisons ivoiriennes.

H. MAKRE

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