vendredi 25 mai 2012 par Le Temps

La guerre des ambitions entre Alassane Dramane Ouattara et Guillaume Kigbafory Soro, tous les deux ressortissants de Ferkessédougou région du nord, s'est accentuée cette semaine. Avec un avantage pour le premier sur le second.

Usant des prérogatives que lui confère le pouvoir d'Etat, le locataire du palais de la présidence d'Abidjan-Plateau, procède au nettoyage des écuries d'Augias. Alassane Dramane Ouattara avait déjà mis sous l'éteignoir l'aile militaire proche de l'ancien Secrétaire général de l'ex-rébellion. Cela fait environ trois mois qu'il a interdit toutes sorties publiques du personnel des corps d'armées pour leur rappeler leur devoir de réserve. Une mesure du président du Rdr qui aura le mérite d'imposer le silence à des officiers Frci très bavards et méprisants des règles qui régissent leur corps.

Depuis, pas aucune déclaration publique ou médiatique de la part des commandants de l'ex-rébellion. Un rappel à l'ordre du ministre délégué chargé de la Défense s'en était occupé. Pour boucler la boucle, une sévère mise en garde du chef suprême des armées des Frci suivie d'un communiqué de l'Etat-major des armées signé par le Général Soumaïla Bakayoko lui-même avait fini par avoir raison d'eux. Ce qui en définitive scellait leur sort. Depuis lors, les Commandants Issiaka Ouattara alias Wattao, Morou Ouattara, Zackaria Koné, Chérif Ousmane, Kouakou Fofié et tutti quanti se la sont bouclée ferme.

Place désormais aux civils pro-Soro sur qui les mesures de nettoyage au karcher du président Ouattara pleuvent déjà. Le premier à subir la furia du grand chef est l'ex-ministre de l'Intégration africaine. Adama Bictogo, soupçonné de malversations dans le dossier des victimes des déchets toxiques, a été débarqué le mardi 22 mai par un communiqué de la présidence de la République. Avant-hier mercredi, un des bastions du système de la communication du clan Soro a cédé.

La communication gouvernementale trop gênée par les performances des journaux proches de l'ancien régime, a décidé de sévir. La grosse rumeur avait fait cas des sauts d'humeur du grand patron vis-à-vis du directeur général de Fraternité Matin qui ne ferait pas bien son travail malgré les moyens d'Etat mis à la disposition de ce dernier, avait envahi Abidjan. Celle-ci vient d'être confirmée par les dernières décisions du gouvernement Ouattara dont la folle envie de revoir les pièces du dispositif communicationnel se matérialise.

Résultat : le Conseil national de la presse (Cnp) et la Haute autorité de la communication et de l'audiovisuelle (Haca) changent de têtes. L'autre fait marquant de la nervosité du régime, c'est le manque de pugnacité de la presse pro- Rhdp décriée depuis un certain temps, selon des indiscrétions, par le mentor du Rdr. Ce dernier fulminant de rage à l'idée de constater les dégâts causés par la percée des journaux proches du Président Laurent Gbagbo. Le journal Le Temps notamment classé meilleure vente du top 10 des six (6) derniers mois. Et pourtant, ce ne sont pas les moyens financiers qui ont manqué pour soutenir les efforts, soutient une source proche du pouvoir.

De quoi s'arracher les cheveux. Il fallait surtout réagir au plus vite avant qu'il ne soit trop tard, d'autant que le procès de Laurent Gbagbo, le 18 juin à La Haye continue de hanter les esprits au sein du pouvoir. Grosses victimes de cette frénésie, Ibrahim Sy Savané très proche de Guillaume Soro a été lui aussi, après Adama Bictogo, emporté par la guerre des clans qui oppose le chef de l'Etat au Secrétaire général de l'ex-rébellion, son ancien Premier ministre recyclé en président de l'Assemblée nationale. Le timide Ibrahim Sy Savané - à ne pas confondre avec le Directeur général du Groupe Cyclone Ousmane Sy Savané dont on dit être le neveu en prison depuis 56 jours-, n'est plus le président de la Haute autorité de la communication audiovisuelle (Haca).

Hier, après midi il passait difficilement le flambeau à son remplaçant, Me Bourgoin un ancien du Conseil national de la presse (Cnp). Alassane Dramane Ouattara est un homme qui ne manque pas de suite dans les idées. D'une pierre, il fait deux coups, en dépoussiérant les meubles au sein du Conseil. Le doyen Eugène Dié Kacou, quasiment transformé en mascotte - il rongeait ses freins depuis l'ère Guéi Robert, servi sous Gbagbo puis sous Ouattara ? a été lui aussi dégommé. Désormais apte à faire valoir ses droits à la retraite, un soulagement qu'il aurait souhaité sous un autre angle et à d'autres circonstances plus gaies. Mais en politique, dit-on, point n'est besoin de s'embarrasser de fioriture, surtout quand la cause qu'on est censé servir n'est pas satisfaite du rendement escompté.

Tout est une question d'intérêts. Seuls les naïfs refusent de comprendre le fonctionnement des enjeux politiques dont dit le sage, devraient être une saine appréciation de la réalité du moment. Après Adama Bictogo, Ibrahim Sy Savané et Eugène Dié Kacou, qui d'autres passeront à la trappe des ambitions croisées au sommet de l'Etat ? Le clan Soro quant à lui, révèlent nos sources, fourbit ses armes. En ligne de mire, Ahmed Bakayoko actuel ministre de l'Intérieur et sécurocrate du régime Ouattara. C'est lui, selon des indiscrétions rapportées par les proches du président de l'Assemblée nationale, qui serait le porteur des péchés : l'homme voué aux gémonies qu'on s'apprêterait à abattre. Les jours prochains nous situeront.

Simplice Allard
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