mercredi 6 juin 2012 par L'intelligent d'Abidjan

Le ministre de l'Economie et des Finances, Charles Koffi Diby était l'invité du journal télévisé de 20h du lundi 4 juin 2012. Il est revenu sur le PPTE, a dressé un bilan de l'économie ivoirienne après la crise postélectorale et donné rendez-vous aux Ivoiriens au second semestre de l'année, pour la mise en ?uvre des solutions du président de la République, Alassane Ouattara.

Comment se porte l'économie ivoirienne, une année après la crise postélectorale?
L'économie ivoirienne se porte mieux. Rappelons qu'il y a à peine un an lorsque le gouvernement s'installait, les prévisions faites par les institutions les plus crédibles que sont par exemple le Fonds monétaire international prévoyaient un niveau de récession de 7,5% et un déficit de 8,5%. Ce qui veut dire que notre économie était en récession terrible au moment où le gouvernement s'installait. Nous avons fait en sorte qu'au moment où nous atteignons la fin de l'année, les prévisions qui avaient été très pessimistes ont été remplacées par de l'optimisme. Nous avons terminé l'année avec un niveau de récession de -4,7, nous avons fait mieux que ce qui était préalablement prévu. Le niveau du déficit également de -8,5 de prévu, nous sommes arrivés à-4,4%. Aujourd'hui, nous prévoyons une croissance de 8,1%. Imaginez-vous un peu le bond assez intéressant de -4,7 à 8,1%, c'est important. Cette prévision de croissance n'est pas un leurre, mais plutôt une réalité que nous comptons atteindre.

Et pour soutenir cette croissance, l'Etat a décidé cette année, d'injecter près de 600 milliards de FCFA en investissements publics. L'année passée, nous étions au total à 3% en investissements du PIB. Aujourd'hui, nous passons à 5%. Et en formation brute du capital, nous serons à 12%, c'est-à-dire 5% pour l'Etat et 6,5% pour le secteur privé et c'est l'ensemble qui constitue les investissements () L'ensemble des secteurs de l'économie sont en croissance, que ce soit le secteur primaire, le secteur secondaire, le secteur tertiaire, l'ensemble est en croissance et l'économie se porte mieux et nous y travaillons

Les mesures prises par l'Etat malgré le tableau encourageant, les populations estiment ne pas les ressentir dans leur quotidien, un mot là dessus?
Je comprends, mais que les Ivoiriens sachent également que lorsqu'un pays connaît un an de crise, selon certains grands économistes, c'est 10 ans de perte de croissance () je peux dire globalement que la Côte d'Ivoire a connu 10 ans de crise, ce qui veut dire que c'est 100 ans de perte de croissance. Mais en un an, nous passons d'une récession à une résilience et à une croissance, c'est extraordinaire () Mais qu'on sache également que la remise à niveau d'une économie ne se fait pas aussi facilement. J'estime que le gouvernement a fait le nécessaire, et nous continuons de le faire, nous souhaitons faire en sorte que l'ensemble de notre économie croisse ensemble et qu'il ne faut pas seulement tirer la croissance par un seul secteur.

Le secteur primaire doit jouer son rôle, les secteurs secondaire et tertiaire doivent jouer leurs rôles. Et en même temps, faire en sorte que notre économie devienne compétitive et que nous puissions attirer les investissements directs étrangers qui nous permettront justement de régler le problème des emplois. En 2011, nous avons injecté des centaines de milliards dans l'économie ivoirienne. En 2012, en 3 mois à peine, nous avons injecté près de 820 milliards et je viens vous dire, lorsque je regarde la centrale des risques au niveau des options de crédits que la Banque centrale (ndlr : BCEAO pour la Côte d'Ivoire) nous communique, en 2011, il y a eu 1627 milliards de crédits distribués par les banques, cette année après 3 mois, nous sommes à 1649 milliards

Des milliards et des milliards mais la vie est chère et les Ivoiriens disent que l'argent ne circule pas
Comment voulez-vous qu'une économie qui est en croissance ne produise pas l'argent qui circule. Si l'argent ne circulait pas nous ne sérions pas en croissance. Qu'est-ce qui se passe ? Ce sont des chiffres que je viens de donner tout à l'heure, à partir du moment où le système bancaire commence à faire confiance, ça veut dire que la croissance revient et que la confiance surtout revient. Je veux vous dire qu'en 3 mois, le système bancaire en matière de crédit a injecté près de 1649 milliards de FCFA dans notre économie, l'Etat Ivoirien a injecté 922 milliards de FCFA dans notre économie, ceci est très important. L'argent circule. Notre économie dans le premier semestre n'est pas assez dynamique. Elle devient beaucoup plus dynamique à partir du second semestre. Les effets de cette croissance seront ressentis sérieusement à partir du second semestre, surtout que nous sommes en train d'améliorer la capacité d'absorption, en ce qui concerne l'Etat, et faire en sorte également que le secteur privé puisse améliorer sa capacité d'absorption. Nous avons d'ailleurs fait en sorte que les délais de passation des marchés publics et les investissements soient visibles, pour que les Ivoiriens sachent que leurs préoccupations sont prises en compte. Nous sommes passés de 148 jours à 71 jours. Notre objectif, c'est de faire la promotion de la transparence et la crédibilité de cette procédure de passation des marchés publics () Les arriérés sont payés, nous avons injecté déjà 95 milliards de FCFA en ce qui concerne le stock des arriérés que nous avons. Nous poursuivrons ces efforts. Je pense que les Ivoiriens doivent être un peu patients, nous sentirons tous ces effets et d'ailleurs nous commençons à les sentir.

Et si vous avez remarqué, l'ensemble des grands chantiers de l'Etat ont démarré. L'autoroute du Nord, les travaux ont repris, la construction du pont de Jacqueville, les travaux ont repris. La sécurité en eau potable, nous y avons injecté près de 10 milliards FCFA sans oublier les effets positifs du Programme présidentiel d'urgence (PPU) qui se passent très bien et pour lequel les besoins urgents sont pris en compte. Il s'agira dans les prochains jours, puisque nous sommes en liaison avec le ministère des Infrastructures économiques, de faire en sorte que nous commencions à toiletter les pistes rurales afin de procéder à une évacuation facile des produits vivriers. C'est tout cela qui va permettre de baisser le niveau de l'inflation, nous y travaillons. En même temps pour l'inflation, faire en sorte que nous puissions huiler le circuit de distribution et en même temps lutter contre les faux frais que sont le racket et les situations de monopole qui créent un coût élevé par rapport aux denrées alimentaires les plus importantes, nous y travaillons.

Où en sommes-nous avec le PPTE, le point d'achèvement est-ce une valise d'argent à destination de la Côte d'Ivoire ?
Je ne dirais pas que ce soit une valise d'argent à destination de la Côte d'Ivoire. Mais lorsque vous consacrez le tiers de votre budget à payer la dette extérieure, cette dette extérieure là vous vous battez pour qu'en définitive elle soit annulée. Ce qui veut dire que ce que vous utilisez pour payer la dette extérieure, vous l'utiliserez désormais pour investir, créer le patrimoine et créer la richesse dans le pays, voilà pourquoi le PPTE est très important. J'ai toujours dit que le PPTE n'est pas le point d'achèvement de nos difficultés, mais c'est une plateforme que nous devons utiliser pour que ce pays rebondisse et que nous passions à un niveau de croissance qui soit inclusif. Quand je parle de croissance inclusive, il s'agit de croissance qui d'abord doit toucher les plus pauvres, faire en sorte que dans le milieu rural, le paysan ait un revenu normal, correct, qu'il puisse scolariser son enfant, qu'il puisse se soigner, qu'il puisse avoir accès à de l'eau potable, qu'il puisse avoir accès à l'électricité, c'est cela la croissance inclusive qui doit toucher les populations les plus faibles. Et je ne vous cache pas qu'au niveau des dépenses dans le budget, nous y inscrivons près de 850 milliards de FCFA et nous faisons en sorte que cela soit bien réalisé

La détermination du gouvernement
Le président de la République a pris des engagements. Le gouvernement se charge de faire en sorte que ces engagements soient respectés avec le suivi très régulier du Premier ministre. Le président de la République a décidé dans sa vision et il nous le fait savoir tous les jours, que la Côte d'Ivoire doit devenir un pays émergent à l'horizon 2020. Ce qui veut dire que nous devons devenir un pays compétitif avec un niveau de croissance à 2 chiffres positifs. C'est cela qui va endiguer la pauvreté et c'est cela qui va permettre aux Ivoiriens de mieux vivre. Le président de la République tient ses engagements. Aujourd'hui, nous ne disons plus que nous avons le devoir de réussir. Mais nous avons l'obligation de réussir pour que les Ivoiriens se sentent mieux et que la Côte d'Ivoire soit un pays envié, un pays regardé autrement, c'est-à-dire de manière positive, que nous soyons crédibles. Nous nous battons pour cela.

Retranscrits par FO


www.225.ci - A propos - Plan du site - Questions / Réponses © 2023