jeudi 14 juin 2012 par L'Inter

Après Mitterrand, Chirac et Sarkozy tous qualifiés d' Africains , pour leur particulière attachement au continent noir, François Hollande est lui aussi en passe de devenir un autre ami de l'Afrique.

En un mois à peine de présence à l'Elysée, le fraîchement élu président français, François Hollande a déjà reçu trois dirigeants africains. Le roi du Maroc, Sa majesté Mohamed VI, les présidents Thomas Boni Yayi du Bénin et Mahamadou Issoufou du Niger, sans compter ses entretiens téléphoniques avec d'autres dirigeants africains dont le guinéen Alpha Condé, une vieille connaissance et le président ivoirien Alassane Ouattara. Mais quel type de relations le nouveau président français va t-il nouer avec les dirigeants du continent noir ? C'est la question fondamentale. Durant la campagne pour la présidentielle, lui et ses proches ont clairement affiché leur volonté d'enterrer définitivement la Françafrique , cette politique floue basée sur des intérêts tout aussi obscures qu'entretenait une cellule dite des affaires africaines de l'Elysée. D'ailleurs, pour montrer sa détermination à rompre avec cette politique, François Hollande a supprimé ce département à la réputation sulfureuse. Désormais, c'est le ministère de la Coopération qui s'occupe des relations avec l'Afrique. Mais comment expliquer qu'en un mois de présence à la tête de l'Etat, François Hollande ait reçu plus de dirigeants africains que ses pairs occidentaux ? A dire vrai, l'Afrique demeure au centre des intérêts français, même si les chiffres en matière d'échanges économiques démontrent souvent le contraire. Pourtant au cours du débat télévisé de l'entre-deux tours le 3 mai 2012 entre Sarkozy et Hollande, l'Afrique n'a été évoquée que durant quatre petites minutes sur les deux heures d'horloge de cette joute verbale. Le continent noir restera pour de longues années encore, le principal pourvoyeur de matières premières agricoles et minières à l'ancienne puissance coloniale. En recevant lundi 11 juin 2012 le président nigérien, François Hollande a pressé Mahamadou Issoufou d' accélérer la mise en exploitation par AREVA de la future mine géante d'uranium d'Imouraren, prévue fin 2013. Pour qui connaît ce que représente de nos jours, cette ressource minière dans la politique énergétique de la France, on comprend aisément les raisons d'une telle pression du président français sur son homologue nigérien. La volonté clairement affichée de François Hollande de fournir un appui logistique à la Cedeao, si elle décide de mener la guerre aux rebelles et islamistes de tout acabit qui font la loi dans le nord malien, n'est pas fortuite. La présence de ce kyste que constituent Aqmi et Ansar Dine dans le septentrion malien, met dangereusement en péril les intérêts français, notamment du Groupe Areva au Niger voisin. Quel pays aura alors le privilège d'accueillir le premier, le nouveau président français pour sa toute première visite officielle sur le continent ? Ils sont nombreux en tout cas, les dirigeants africains qui se targuent d'être les amis personnels de Hollande. Lors de son passage à l'Elysée le 29 mai dernier, le béninois Boni Yayi Boni s'est félicité de l'entretien très fructueux qu'il a eu avec son très cher ami François Hollande. Mais d'autres lui disputent ce privilège, notamment le Guinéen Alpha Condé et le Nigérien Mahamadou Issoufou, tous deux des camarades socialistes du président français. Mais au-delà de ces supposées amitiés, les vraies raisons qui motiveront le premier déplacement du président français dans tel ou tel pays africain, demeurent avant tout économiques ou géostratégiques.

Charles d'Almeida.

Code photo : DébatSarkholl 2 dans (photographe)

Légende : Lors du débat télévisé Sarkozy- Hollande du 3 mai 2012, l'Afrique n'a occupé que 4 minutes sur 120. Ce qui n'empêche pas le continent de demeurer au centre des intérêts de l'ancienne puissance coloniale.

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