lundi 16 juillet 2012 par Nord-Sud

Les raisons humanitaires évoquées pour justifier la demande de dégel des avoirs des militaires pro-Gbagbo sont loin d'avoir convaincu le tribunal d'Abidjan-Plateau.


Aujourd'hui, les enquêtes sont terminées, les gels ne se justifient plus. Après en avoir rendu compte, le président de la République, ministre de la Défense, a donné son accord pour le dégel des comptes et la levée de la suspension de soldes des militaires qui sont en prison ou en liberté provisoire. Cependant, ils ne percevront que la moitié de leurs soldes. Il s'agit d'un acte purement humanitaire, destiné à soulager les souffrances des familles des militaires condamnés, détenus provisoirement ou en attente d'être jugés. Lorsque le parquet lui a rendu compte en sa qualité de ministre de la Défense et dans les attributions d'autorité investie des pouvoirs judicaires militaires, le président de la République n'y a vu aucun inconvénient. Ainsi est levé le gel frappant les soldes et les comptes bancaires des militaires (voir la liste en encadré, ndlr), avait révélé le lt-colonel Ange Kessi Kouamé, vendredi dernier lors de la conférence de presse qu'il a animée au tribunal militaire d'Abidjan, au 17ème étage de la tour A au Plateau. Le son de cloche est différent au niveau du tribunal d'Abidjan. Selon une source judicaire bien informée, le compte bancaire du général Dogbo Blé est loin d'être débloqué. Et pour cause. Le juge d'instruction civil et le parquet d'Abidjan estiment qu'il est trop tôt pour débloquer le compte d'un individu poursuivi pour des crimes graves. Nous avons entendu Dogbo Blé sur le fond, lundi 2 juillet dernier, sur son implication dans la crise postélectorale. Ce monsieur a dit des choses incroyables. Il est poursuivi pour détournement de matériels publics, d'achat, de commerce, de détention et cession illicite d'armes et de munitions de guerre, arrestation illégale et séquestration, meurtres et atteinte à la sûreté de l'Etat. Depuis le 2 juillet, il est inculpé pour génocide. Le juge d'instruction n'a pas fini son travail. Nous continuons les enquêtes. Donc, on ne peut pas débloquer les comptes d'un tel individu. Nous allons prendre toutes dispositions pour que cela ne se réalise pas, a insisté une source proche du tribunal d'Abidjan qui a souhaité garder l'anonymat. Il faut comprendre là que la bataille autour du dégel des avoirs des pro-Gbagbo impliqués dans les crimes graves qui ont fait 3.000 morts est loin d'être terminé. La partie s'annonce serrée pour l'ancien patron de la Garde républicaine et ses compagnons dont le parquet militaire demande le dégel des avoirs.

Bahi K.

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