mardi 11 septembre 2012 par Nord-Sud

Le savant interroge. Il interroge l'homme et la nature pour espérer déchiffrer les lois. Le sage s'interroge. Il descend en lui-même pour essayer de faire sortir le divin qu'il y a en lui comme en chacun de nous Seuls les ignorants affirment. Francis Wodié n'a pas fait d'affirmation. Pour la leçon inaugurale du Conseil constitutionnel sur le thème : Le juge et la loi, il a interrogé, s'est interrogé et a fait des suggestions. On en retient que le juge, surtout constitutionnel, doit être extrêmement prudent pour ne pas sortir de son rôle. Un écart qui, comme le fleuve lorsqu'il sort de son lit, est susceptible d'emporter tout sur son passage comme il nous a été donné de voir dans certains pays. Même s'il ne cite pas la Côte d'Ivoire, l'auditoire comprend aisément que le constitutionnaliste n'est pas allé chercher l'inspiration loin de l'exemple de son pays. Le juriste a surtout attiré l'attention de ses pairs sur la valeur et l'importance du pouvoir qui est le leur à côté des deux autres que sont l'exécutif et le législatif, que le judiciaire est chargé de contrôler. Mais qui le contrôle, lui ? Le professeur émérite de droit a argué que le juge, précisément le constitutionnel, n'est pas soumis à un contrôle institutionnel. Quand le contrôle institutionnel n'existe pas, le contrôle politique arrive avec ses ravages. Le juge doit revenir à lui-même pour s'autocontrôler en puisant en lui-même les ressources de ce contrôle. Le juge, homme de droit, doit être droit. Peut-être aussi tous les hommes politiques doivent être droits, a-t-il conseillé. A en croire le formateur, le juge a une triple mission : dire le droit, rendre la justice et faire la paix. Celle de faiseur de paix, la troisième, est de son avis la fonction même que s'assigne le droit. Pour assurer ce rôle, le professeur Wodié invite le juge à revenir à l'humain qui est en lui en évitant une application aveugle de la loi. Il doit avoir les yeux ouverts, les oreilles ouvertes pour écouter les cris de la société, pour écouter les frustrations du peuple. Etre attentif aux convulsions qui peuvent agir sur la société, être attentif au murmure et même au silence de la société. Parce que telle décision peut conduire à la paix et telle autre peut conduire à d'intenses émotions. Les deux premières fonctions du juge qu'il évoque sont celle de dire le droit et celle de rendre la justice en reconnaissant à chacun ce qui lui revient. Le juge doit être sincère, honnête avec lui-même et les justiciables, a-t-il recommandé.
BKI

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