jeudi 20 septembre 2012 par Le Patriote

19 septembre 2002 -19 septembre 2012, dix ans déjà que la rébellion armée secouait la Côte d'Ivoire. Vous qui en avez été un acteur, pouvez-vous revenir sur les causes qui ont sous-tendu cette lutte armée ?
Ce qui nous a motivés en 2002, comme tout le monde le sait, c'était pour restaurer la démocratie et la paix en Côte d'Ivoire. Au temps du général Guéi, il y avait beaucoup de dérapages. Etant dans l'armée en tant que commando parachutiste à la Firpac dans le groupe d'intervention rapide para commando, l'armée était divisée et même politisée. Ce qui n'était pas du tout normal. L'armée doit demeurer apolitique. Au sein de l'armée régnait le vent de la discrimination et du tribalisme. Les nordistes étaient montrés du doigt. Tout cela se remarquait dans les patrouilles.

Quel rôle avez-vous joué particulièrement à partir du 19 septembre 2002 ?
A partir du 19 septembre, nous avons mené beaucoup d'actions sur le terrain. Nous avons combattu à Abidjan et d'Abidjan nous sommes allés à Bouaké. Entre Abidjan et Bouaké, nous avons été confrontés à un problème, car on nous avait tendu une embuscade au niveau de Yamoussoukro. Mais nous avons pu franchir Yamoussoukro et nous sommes rentrés sur Bouaké.

10 ans après la crise du 19 septembre 2002, quel regard avez-vous aujourd'hui quand vous regardez dans le rétroviseur?
10 ans après, je suis satisfait des retombées de notre mouvement. Nous avons atteint notre but, notre objectif, c'est-à-dire l'instauration de la démocratie et de la Paix en Côte d'Ivoire. Je peux dire sans toutefois verser dans l'autosatisfaction, que le bilan a été globalement positif.

Si les mêmes conditions qu'il y a dix ans se présentaient avec son lot d'injustice, de discrimination, d'intolérance, seriez-vous prêt à reprendre les armes comme en 2002 ?
Oui. Si les mêmes causes se présentaient, je serai prêt à agir de la sorte. Nous, en prenant les armes, nous avions un objectif. Figurez-vous que moi, j'étais un soldat dans l'armée de Côte d'Ivoire, régulièrement payé, mais ce sont les causes que j'ai cité plus haut qui ont fait que je me suis révolté. En tant que ressortissant du Nord, je ne pouvais pas laisser mes frères mourir de la barbarie du pouvoir de Laurent Gbagbo. Il fallait ce soulèvement pour que les choses changent et c'est ce que nous avons fait.

Durant ce parcours de 2002 à aujourd'hui, aviez-vous eu des regrets par moments ?
J'ai souffert de chaque perte de nos amis et soldats. Nous avons perdu pas mal d'éléments. Je salue la mémoire de tous nos camarades qui sont tombés au combat et je profite de votre support pour encore présenter mes condoléances aux familles de nos illustres disparus.

Il y a certainement des faits qui vous ont marqués tout au long de cette crise. Pouvez-vous nous en citer ?
Les faits qui m'ont marqués négativement comme je viens de le dire, c'est la disparition de certains chefs. C'est malheureusement la loi de la guerre, quand vous commencez ensemble, il y en a parmi vous qui perdent la vie. La vie est ainsi faite. J'ai des amis comme Oumar Diarrassouba dit Zagga- Zagga, un camarade avec qui j'étais à la Firpac, nous étions dans la même section, qui malheureusement est tombé aux premières heures à Bouaké. Je peux citer Mobio qui était un civil, Petit Kolo, Kass, qui malheureusement n'a pas cerné le sens de la lutte.

(Source : Blog Soro Guillaume)

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