lundi 24 septembre 2012 par Nord-Sud

Après sa tournée dans les villages frontaliers du Ghana voisin pour installer des comités d'éveil, Cissé  Daouda Salif,  secrétaire départemental du Rassemblement des républicains (Rdr) à Abengourou, évoque les enjeux de la fermeture des frontières avec le Ghana.


Quel commentaire faites-vous de la fermeture des frontières d'avec le Ghana ?
Je salue cette action du chef de l'Etat. Il est vrai que nous allons au Ghana soit par amitié ou pour nos affaires. La fermeture risque de peser sur les chiffres d'affaires de certains opérateurs économiques. Avant la fermeture, j'étais au Ghana et j'ai été choqué de voir certains de nos compatriotes pro-Gbagbo louer des maisons, de voir qu'ils paient le loyer un ou deux ans en avance, sans toujours les habiter cependant. Ils y vont de temps en temps. Souvent c'est la nuit qu'on les voit entrer. Nous avons demandé aux propriétaires de ne plus leur louer de maisons. Car si les attaques dégénèrent, les conséquences pourraient être très lourdes pour les villages qui les hébergent. Le chef de l'Etat ghanéen devait agir conséquemment pour ne pas qu'on n'en arrive à cette situation de fermeture de nos frontières terrestres, maritimes et aériennes avec son pays.

Quelles sont les consignes données par la direction de votre parti pour sensibiliser les populations après les attaques contre les positions des Frci?
Nous travaillons en étroite collaboration. Nous échangeons régulièrement et le secrétaire général (Amadou Soumahoro, ndlr) est pour la sensibilisation de nos compatriotes qui résident surtout dans les villages frontaliers afin qu'ils ne soient pas complices des déstabilisateurs. Il s'est toujours inquiété de la perméabilité de nos frontières avec le Ghana voisin. Ma tournée s'étendra bientôt dans les villages de la commune et des sous-préfectures d'Abengourou.
Justement, vous venez d'entreprendre une tournée d'installation des comités d'éveil dans les villages à la frontière avec le Ghana. Concrètement, en quoi consiste cette démarche?
La frontière de la Côte d'Ivoire avec le Ghana est la plus poreuse parce que la Côte d'Ivoire partage plusieurs villages avec ce pays. Dans ces conditions, le contrôle devient difficile d'autant plus que tous les campements ivoiriens à cette frontière ont des entrées et des sorties sur le Ghana. Pour maîtriser le flux migratoire, nous avons créé plus d'une vingtaine de comités de surveillance et d'éveil. Nous avons répertorié vingt-deux sorties officieuses sur le Ghana. Nous avons installé un comité de surveillance à chacune d'elles.

Comment fonctionnent ces comités ?
Ils sont constitués de quatre ou cinq personnes, cordonnées par des équipes mobiles qui font la ronde tous les trois jours. Ils ont des numéros verts qui leur permettent d'alerter l'équipe mobile. A son tour, elle saisit le préfet de région, les gendarmes, les policiers et les militaires.

D'où tirez-vous vos ressources ?
Dans l'ensemble, c'est du volontariat. Et les jeunes sont dévoués. Nous pensons que les attaques par ici, par là sont de trop. Nos villages et campements proches des frontières doivent être des points focaux pour extirper les déstabilisateurs. Nos équipes mobiles fonctionnent avec dix motos que nous avons réquisitionnées pour l'occasion.

N'est-ce pas une mission dangereuse pour ces jeunes ?
C'est vrai mais, c'est une mesure transitoire. Nous n'avons pas le choix. Si nous voulons que le président de la République réalise notre rêve, nous devons prendre des initiatives. Avec les attaques récurrentes, la population doit s'organiser parce que trop, c'est trop. C'est un appui aux Forces républicaines de sécurité qui ne sont pas déployées dans ces zones. D'ici la fin de l'année, nous ferons le point de nos actions sur le terrain. Nous sommes en train de réfléchir à d'autres actions  de sécurisation de nos villages. La psychose doit s'arrêter au sein de nos populations qui ont besoin de quiétude pour travailler.


Entretien réalisé par Koffi Jean Luc à Abengourou

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