jeudi 27 septembre 2012 par Le Nouveau Réveil

Abobo. Les populations souffrent des problèmes d'eau et d'électricité. Cette situation est beaucoup plus récurrente dans les quartiers de Pk 18 et de Sagbé Céleste derrière fil. Dans ces localités, la particularité est que l'eau peut cesser de couler dans le robinet pendant 5, 6, 7 voire 8 mois. Cela est dans une certaine mesure valable pour l'électricité avec une très faible tension qui ne peut faire allumer une ampoule. Pourquoi et Comment les populations vivent cet enfer ?

Eau et courant, des denrées rares
Pour en savoir davantage, nous nous sommes rendus sur les lieux le 18 septembre dernier. C'est par Sagbé Céleste derrière rails derrière fil que nous avons mené d'abord notre investigation. Un quartier très accidenté et fortement peuplé. C'était sous une fine pluie. Nos premiers interlocuteurs à savoir Keita Mamadou, Koné Mohamed et Koné Djakaridja sont formels sur la question. Ici, il y a effectivement des problèmes d'eau et d'électricité. Au niveau de la lumière, la tension est très faible. Quant à l'eau, ceux qui disposent de compteurs se comptent du bout des doigts , font-ils remarquer. Pour mieux appréhender le phénomène, ils nous conseillent d'aller en profondeur du quartier. C'est-à- dire au-delà du terminus des bus 51 et 52. Ce que nous faisons. Il faut aller à pied. La route est très mauvaise , conseillent-ils. Sans prendre le risque et surtout sans endommager notre voiture, nous la confions à un mécanicien, le temps de finir notre travail. A côté du garage, nous apercevons une restauratrice. Nous nous lui faisons part de notre préoccupation. Elle nous accueille avec tous les honneurs. Je suis contente de votre visite. Peut-être qu'elle va mettre fin à notre calvaire. Nous souffrons ici. Cela fait 8 mois que l'eau ne coule plus dans mon robinet. Mais la Sodeci m'a envoyée des factures. J'ai décidé de ne pas les payer. Je veux quitter le quartier à cause de ce problème , fait savoir Mme Kouamé N'goran Evelyne. Ouattara Brahima, quant à lui, pense que la situation est maintenant meilleure. Ça va maintenant. Parce qu'il y a de cela deux (02) ans, on ne trouvait pas de l'eau dans ce quartier , précise-t-il. Nous continuons notre chemin. Dans les rues du même quartier. Sous le regard des populations surprises par notre présence. Tout cela ne nous gène pas, bien au contraire, nous sommes décidés à savoir davantage sur ces coupures intempestives. Mlle Ouattara , elle, est beaucoup plus préoccupée par le calvaire que lui cause l'électricité. On n'a pas de l'eau mais il y a aussi le cas de l'électricité. Ici dans le quartier, la tension du courant est très faible. Elle ne peut même pas faire tourner un ventilateur. Le problème dure depuis 2006. On a des compteurs. Mais on ne peut pas avoir l'électricité à partir de 19 heures. On ne regarde pas la télévision , soutiennent Dabré Maïmouna, Kouassi Brou, Koné Fatoumata et Sogodogo Salimata, toutes des vendeuses. Elles nous proposent de jeter un coup d'?il sur les compteurs. Ce que nous faisons. Après avoir parcouru quelques mètres encore pratiquement aux encablures de la forêt du banco très exploitée par les riverains (maisons et champs poussent comme des champignons). Le spectacle est désolant. Nous quittons Sagbé Céleste à 11 heures 22 minutes pour Pk 18 toujours à Abobo. Les problèmes d'eau et d'électricité font également partie du quotidien des populations. On n'a pas d'eau. On n'a pas de compteur. Le tuyau central est loin d'ici , indique Diallo Mamadou. Le problème d'eau est complexe ici. Le compteur principal est très loin. Il est à 500 mètres. Les populations n'ont pas les moyens pour s'offrir un branchement, se plaint un riverain qui a requis l'anonymat. Le constat est le même pour l'électricité. Quelle est donc l'origine de ces ennuis ?

Les branchements parallèles
Que ce soit à Sagbé Céleste comme à Pk 18, les populations sont unanimes sur le fait que les branchements parallèles sont en partie la cause des problèmes d'eau et d'électricité. J'ai appris que ce sont les branchements parallèles qui nous "tuent". Je ne sais pas ce que c'est , indique Mme Kouamé N'goran Evelyne, notre restauratrice qui nous a offert du placali à manger. Dans le quartier, peu de personnes ont de l'eau. Celles qui l'ont, la commercialisent. C'est chez elles que vont se ravitailler les autres. Mais ce qui cloche, c'est que la majorité ne dispose pas de compteur mais elles ont de l'eau de la Sodeci. Sans qu'elles ne payent de facture à la fin du mois. Il y a des branchements parallèles dans ce quartier. Des gens qui n'ont pas de compteurs mais qui ont de l'eau de robinet. C'est curieux tout cela. On ne sait pas si ces individus sont en complicité avec des agents de la Sodeci , s'étonne un autre riverain sous l'anonymat. Il ne veut pas avoir des ennuis avec les fraudeurs bien connus dans le quartier. Ils se sont organisés en véritable mafia. Tout le monde a peur d'eux. Même les agents de la Cie certains sont armés, rapportent même nos interlocuteurs. A plusieurs reprises, on a fait des rapports. Mais la Sodeci n'a pas réagi , s'offusquent-ils. Ces derniers soutiennent que l'exploitation abusive est pour quelque chose dans ces coupures d'eau. Au niveau de l'électricité, le phénomène est plus ahurissant. Des individus, on ne sait par quelle magie, arrivent à sectionner les câbles des hautes tensions. Ils les connectent à d'autres files de courant et distribuent le courant à plusieurs domiciles. Chacun paye la somme de 3000 par mois. Ces individus, dans le mois, se tirent avec au bas mot la somme de 300 à 400 000 francs Cfa alors qu'ils ne payent pas de factures, dénonce un autre riverain de Pk 18. Ces personnes, en majorité des jeunes, toujours à en croire notre source, prennent le soin de débrancher les câbles à partir de 6 heures du matin et les rétablissent à 18 heures. A Abobo Sagbé Céleste, Ce sont les compteurs qui sont surexploités. En effet, sur un ensemble de 30 compteurs, sont branchées près de 500 à 1000 personnes. Ce qui crée naturellement les baisses de tension dont parlent les populations. Mais à côté de cela, il y a aussi que la Compagnie ivoirienne d'électricité est quasiment absente dans ces localités.

Insuffisante d'investissement
Dans lesdits quartiers, les populations se plaignent que la Sodeci n'a pas fait suffisamment de branchements. Au lieu de traquer les fraudeurs, ce qu'on demande à la Cie, c'est de donner la possibilité à tout le monde d'avoir de l'eau et du courant, proposent les populations. Effectivement, dans ces quartiers, sur dix (10) personnes, une seule a un compteur de la Sodeci ou de la Cie. Les autres sont obligées de négocier pour se ravitailler. Pourtant, ces quartiers sont des grands marchés pour cette entreprise. Mais on peut dire qu'elle est quasiment absente sur le terrain. Laissant les fraudeurs s'enrichir sur son dos. Un tir que la Sodeci, la Cie et l'Etat doivent rapidement corriger s'ils veulent mettre fin à la fraude dans ces localités. Il y a vraiment urgence.

DJE KM

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