jeudi 27 septembre 2012 par Nord-Sud

Affecté dans l'Indénié après la tentative d'attaque du camp des Forces républicaines de Côte d'Ivoire d'Abengourou, le commandant Soro Dramane a pour mission de mettre en place un nouveau dispositif de sécurisation de l'Est. Dans cet entretien qu'il nous a accordé, il explique comment se déroule cette mission.

Vous avez pris les commandes de la Brigade de sécurisation de l'Est depuis 2 mois. Quelles sont vos zones d'intervention ?
Je m'occupe de la sécurisation de toute la zone Est du pays, depuis Adzopé jusqu'à Bouna en passant par Abengourou, Agnibilékrou et Bondoukou.

Peut-on avoir une idée de la situation sécuritaire d'Abengourou depuis votre arrivée ?
Vous pouvez comparer vous-même entre la situation d'avant et celle d'aujourd'hui. En matière de sécurité, on ne peut baigner dans l'autosatisfaction. Cependant, la situation commence à se normaliser progressivement grâce aux différentes patrouilles mixtes que nous organisons.

Quelles sont vos actions sur le terrain?
Je ne peux tout dévoiler au risque de porter préjudice à nos actions.

Avez-vous mis la main sur des suspects ?
Effectivement, nous avons mis la main sur des leaders de jeunes, des miliciens qui préparaient des attaques. Il y avait deux Libériens, des Ivoiriens et même de ex-Forces de défense et sécurité.

Justement, vos actions semblent méconnues du grand public
Cela est vrai mais nous sommes soumis aux instructions de notre hiérarchie. Surtout que la procédure suit son cours.

Êtes-vous suffisamment équipés pour parer à toutes éventualités ?
Actuellement nous avons une base très solide. Nous sommes satisfaits. Mais avoir d'autres équipements, ce n'est jamais de trop.

Après l'attaque manquée du camp militaire d'Abengourou, avez-vous pris des dispositions particulières ?
Quand on dit qu'une caserne est attaquée, c'est qu'il y a des complicités internes. Surtout un bataillon militaire. A Abengourou, certains de nos éléments étaient complices. Ils avaient pour mission de récupérer des armes et d'attaquer nos différentes positions. Dieu merci, certains d'entre eux ont été mis aux arrêts et seront jugés. Le procureur militaire, Ange Kessi, a même effectué une mission ici.

Quelles assurances donnez-vous aux populations par rapport aux attaques ?
Les rumeurs s'arrêteront progressivement. Ceux qui ont choisi la voie des armes, ils seront traqués jusqu'à leur dernier retranchement. Ce sera compliqué pour eux actuellement. Nous sommes déterminés et notre rigueur triomphera. La population peut dormir tranquille.

La sécurité de nos frontières est-elle assez rassurante aujourd'hui?
Evidemment, la sécurisation de nos frontières est une question très délicate. Les frontières étaient délaissées. Nous avons pour mission de boucler la frontière. Le travail a commencé mais il n'est pas encore terminé. Abengourou est  confrontée depuis quelques mois au phénomène des coupeurs de routes. Le dernier cas en date est l'attaque d'un car de 70 places par un seul individu muni d'un pistolet sur l'axe Anuassué-Abengourou. Ce n'est pas possible et c'est même incroyable. C'est comme si un directeur de banque disait qu'il a été volé. Il y a des complicités. La plupart du temps, les coupeurs de routes opèrent par renseignement. Nous faisons des patrouilles mais les uns et les autres doivent nous aider. Nous sommes-là pour la sécurisation des personnes et des biens. Nous sommes ouverts à toutes les collaborations qui peuvent nous aider à tirer un trait sur ce phénomène. C'est aussi notre préoccupation. Nous intensifions les patrouilles. Mais nous attendons un certain nombre de logistiques.

Des villages de l'Indénié sont soupçonnés d'être des camps d'entraînement de miliciens ; qu'en est-il exactement ?
J'attends qu'on me donne suffisamment d'informations. Sinon nous considérons que ce sont des zones d'ombre à éclairer.

Que répondez-vous aux militants de l'ex-parti au pouvoir de la région qui vous accusent de perquisitionner régulièrement leurs domiciles sans preuves suffisantes ?
Ce n'est pas tous les domiciles que nous perquisitionnons. Je souhaite qu'ils restent tranquilles. Si certains s'adonnent à des pratiques visant à troubler l'ordre public, nous allons agir. On a déjà bouclé un quartier et nous avons eu des résultats. Il y a un domicile où nous avons identifié près de 15 personnes inconnues dans le quartier et qui avaient des allures suspectes. L'armée a sa stratégie de sécurisation. Mon rôle est de faire en sorte que le pays avance. Nous avons des défis à relever et nous serons sans pitié pour les déstabilisateurs. Le pays a assez souffert et la population a besoin de quiétude pour la relance de l'économie. Si on ne se reproche rien, on doit se soumettre à la perquisition. L'armée a sa stratégie.

Certains de vos éléments sont accusés d'être en complicité avec des producteurs pour convoyer le cacao et des noix de cajou vers le Ghana voisin. Un commentaire ?
Je n'ai pas de commentaire particulier à faire. Mon action de sécurisation englobe tout cela. Sécuriser l'Est au maximum et lutter contre ce genre de comportements nuisibles au rayonnement de notre économie.

Quelles collaborations entretenez-vous avec les autres forces de sécurité ?
Nous faisons des patrouilles mixtes. S'il y a des interventions, nous les faisons avec la police et la gendarmerie. En tout cas, depuis mon arrivée tout se passe bien.

Qu'est-ce que la visite du chef d'état-major, Soumaïla Bakayoko, a apporté ?
Ce fut un plaisir pour nous de recevoir notre chef. Il nous a prodigué beaucoup de conseils. Pour l'essentiel, il nous a dit de rester toujours en jambe. Que les éléments respectent le chef de bataillon de sécurité de l'Est (Bse) que je suis. Que la rigueur et la discipline militaire règnent dans nos rangs. En fait, ce sont des conseils d'autorité et de discipline militaires que nous avons eus avec notre chef.

Que dire pour rassurer la population de l'Indénié ?
Que la population se soumette aux contrôles de routine. Qu'elle accepte les principes de sécurité. Nous sommes là pour elle. S'il y a des informations qui peuvent contribuer au renforcement de la sécurité, qu'elle n'hésite pas à nous les communiquer. Elle doit aussi faire fi des rumeurs et vaquer à ses occupations comme d'habitude.

Entretien réalisé par
Koffi Jean Luc à Abengourou

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