jeudi 4 octobre 2012 par AIP

Abidjan (AIP) - L'un des co-accusés au procès des militaires proches de l'ex-pouvoir, le sergent Lago Léo Jean-Noël, a voué avoir tué, lors de la crise postélectorale, le colonel major à la retraite Dosso Adama, sur l'ordre sur du général Dogbo Blé et son adjoint, et demandé pardon à la famille du défunt.

C'est moi qui ai tiré sur le colonel Dosso sur le trottoir de l'autoroute du nord, avant de le mettre sur le bas côté , a reconnu le sergent Lago Léo qui est passé aux aveux et imploré la clémence du peuple pour son acte.

Il a confié avoir agi, en compagnie de deux autres soldats, Lobé Lobé et Yapi Yavo, sur un ordre clair du général Dogbo Blé , transmis par son adjoint, le Commandant Yagba Kipré.

Le soldat repenti a expliqué que le 12 mars 2011, aux environs de 18H00, le Commandant Kipré a désigné les sergents Lobé Lobé et Yapi Yavo, et lui-même, afin d'aller au blocus du Golf hôtel chercher le colonel major Dosso aux mains du chef de poste (le sergent Toualy), et l'éliminer à un point x où il sera abandonné .

Les soldats devaient venir rendre compte au général Dogbo à la fin de la mission, selon le commandant adjoint de la Garde républicaine.

Ces aveux du sergent Lago ont semblé prendre à contre pied la stratégie de défense des avocats des autres accusés. Mais, selon le conseil du général Dogbo, Me Dirabou Mathurin, le sergent Lago, par ses aveux, se noie seul et ne pourra entrainer dans sa noyade le général Dogbo Blé qui est resté serein tout au long de l'audience.

Ce procès militaire est l'un des plus attendus en Côte d'Ivoire post-crise électorale où les victimes recherchent la vérité et l'impunité contre des crimes militaro-politiques perpétrés pour la réconciliation nationale.

L'audience a attiré de nombreux journalistes nationaux et internationaux, et un grand public qui a écouté avec soulagement, pour certains, et stupéfaction, pour d'autres, le récit détaillé du sergent Lago Léo sur le rôle de chacun des accusés dans l'enlèvement et l'assassinat, le 12 mars 2011, de l'ex-commandant du Groupement aérien de transport et de liaison (GATL).

Cinq militaires dont le commandant de la Garde républicaine et son adjoint, arrêtés en 2011 au lendemain de la crise postélectorale, sont poursuivis par le tribunal militaire pour "enlèvements, séquestrations et assassinats" d'un officier supérieur de l'armée à la retraite.

Deux des trois soldats commis à l'élimination du colonel Dosso, à savoir les sergents Lobé Lobé et Yapi Yavo, sont en fuite.

Lago Léo qui a trente ans de service dans l'armée a révélé que la mission une fois accomplie, ses deux compagnons et lui se sont rendus au bureau du général Dogbo Blé, à la présidence de la République, où, en présence du Cdt Kipré et du secrétaire du général, ils ont dit au général que la mission avait été bien accomplie, prouvant en cela, selon Lago, que l'ordre de tuer avait été bel et bien donné par le général Dogbo.

Au substitut du procureur, le sergent Lago a répondu avoir exécuté un ordre illégal par crainte pour sa vie, dans un contexte dominé par la passion.

La déposition du sergent Lago Léo, l'après-midi de mercredi, a été précédée de celle du sergent Toualy qui a situé le contexte de la présence du colonel Dosso au poste du blocus du Golf hôtel. Au sortir d'une visite au Golf, raconte Toualy, le colonel Dosso s'était fait passer au poste du blocus pour un militaire camerounais avant de décliner sa véritable identité et demandé à voir le général Dogbo Blé.

Mais, selon le chef de poste, lors de la fouille du sac du colonel major, un document manuscrit suspect est tombé et sur lequel figuraient des points géographiques de la ville d'Abidjan, inscrits sous le titre, Attaque simultanée à l'heure x . Près de deux heures plus tard, sont arrivés les trois envoyés du général Dogbo qui sont repartis avec le colonel Dosso dont le corps sans vie sera retrouvé trois jours plus tard du côté de l'autoroute du nord.

Le procès se poursuit jeudi avec l'audition des autres co-accusés dont le général Dogbo Blé, l'un des principaux coordonnateurs de la défense de la ville d'Abidjan pendant la crise postélectorale, arrêté le 15 avril 2011, quatre jours après la chute de l'ex-président Laurent Gbagbo.

(AIP)

Jmk/kp

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