lundi 26 novembre 2012 par AFP

ABIDJAN - La justice "dangereusement partisane" qui s`exerce en Côte d`Ivoire aux dépens des seuls partisans de l`ex-président Laurent Gbagbo est "un obstacle considérable à la réconciliation", a averti lundi le groupe de réflexion International Crisis Group (ICG).

Dans un rapport intitulé "Faire baisser la pression", ICG dénonce une justice "à sens unique" concernant les crimes commis durant la crise postélectorale de décembre 2010-avril 2011, qui a fait quelque 3.000 morts.

Une vingtaine de personnalités du régime déchu sont inculpées et détenues dans le nord du pays pour crimes de sang, atteinte à la sûreté de l`Etat ou infractions économiques. Huit d`entre elles, dont l`ex-première dame Simone Gbagbo, sont aussi inculpées de "génocide".

Critiquant le choix de ce dernier chef d`inculpation "peu approprié", le centre de réflexion affirme qu`"au-delà des choix maladroits visant à grossir des crimes qui sont déjà suffisamment graves, se dégage une absence manifeste de volonté" de la part du régime du président Alassane Ouattara "de rendre une justice plus équilibrée".

"Cette justice partiale constitue un obstacle considérable à la réconciliation", actuellement "au point mort", laissant "perdurer au sein de l`électorat de Gbagbo, et bien au-delà, le sentiment d`une +justice des vainqueurs+ et d`une humiliation supplémentaire", écrit ICG.

La Cour pénale internationale (CPI) "pourrait mettre rapidement les autorités ivoiriennes devant leurs responsabilités et se charger de rééquilibrer une justice dangereusement partisane", estime-t-il.

"Seule l`audition ou l`inculpation de responsables des forces associées au pouvoir impliqués dans les violences passées pourra combattre le sentiment d`injustice" ressenti par une partie de la population, conclut International Crisis Group.

Un an après le transfèrement à La Haye de Laurent Gbagbo, soupçonné par la CPI de crimes contre l`humanité, la Cour a annoncé le 22 novembre avoir émis un mandat d`arrêt contre Simone Gbagbo pour le même chef d`inculpation.

Le bureau du procureur de la CPI a indiqué par le passé qu`il comptait aussi poursuivre des personnalités du camp Ouattara, dont certaines sont soupçonnées de crimes graves.

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