lundi 26 novembre 2012 par L'Inter

Je voudrais volontairement ne sacrifier à aucune formule protocolaire pour m`adresser à toi. Je voudrais, en toute franchise, parler à un ami qui m`honore de cette qualité depuis plus d`une décennie et envers qui j`ai un devoir de vérité.

Depuis que tu as publiquement émis le v?u de briguer la présidence de la Confédération africaine de football (CAF), il y a une sorte de voile de silence et d`inertie que les responsables du football ivoirien utilisent pour étouffer ta candidature.

Aujourd`hui encore, alors que les candidatures sont ouvertes depuis le 8 novembre pour être clauses le 9 décembre 2012, ces responsables, qui auraient dû accorder à ta candidature, le parrainage de la Fédération ivoirienne de football (FIF), ne semblent guère s`en soucier. Or une telle élection découle d`une volonté nationale qui s`affiche, s`affirme et se déploie à travers la fédération nationale.

Toutes les portes, enthousiastes il n`y a pas très longtemps à l`idée de porter aussi loin que possible ta candidature, sont devenues muettes. Elles semblent s`être refermées à double tour. Elles ne bruissent plus de ferveur autour de ton nom. Personne, maintenant, n`évoque ta candidature. Or est-ce uniquement et seulement ta candidature ?

Témoin oculaire de la grande ambition que tu nourris pour le football ivoirien, depuis 1999, je t`ai vu briguer la présidence de la FIF et celle de l`UFOA. Je t`ai surtout vu hisser le nom de la Côte d`Ivoire aux ComitéS Exécutifs de la CAF et de la FIFA en tant que membre de ces deux structures. J`atteste modestement que tu as mené toutes ces batailles, habité par le sincère désir d`honorer la Côte d`Ivoire. Les Eléphants, première nation de football en Afrique, en portent la marque distinctive. Ta volonté de te mettre au service du football tout court ne s`est jamais démentie. Tous ceux qui, actuellement, dirigent le football ivoirien avaient été, à tes côtés, de fidèles lieutenants pour certains, de vaillants soldats pour d`autres.

Aujourd`hui, ce sont eux qui portent la cagoule. Ce silence et cette indifférence qu`ils entretiennent ne sont ni plus ni moins qu`une stratégie pour briser ton élan, décourager tes partisans et en définitive, consolider l`avancée de ton adversaire sur le terrain de la campagne. C`est une stratégie pour rendre inaudible ta voix et brouiller complètement ton image dans l`opinion sportive africaine. Car une victoire, dans une telle bataille, commence d`abord et avant tout chez soi. Ils le savent, qui scient sciemment la branche sur laquelle tu dois t`appuyer pour convoiter l`Afrique. Une bataille d`une telle envergure, où le lien du candidat avec son pays d`origine est une force, manquerait assurément de saveur sans l`onction de la FIF. Même si personne ne peut parier sur le risque qu`il y a pour tes soutiens, à travers l`Afrique, de prendre prétexte de ce silence et de cette indifférence de la FIF pour se désolidariser de ta candidature. La difficulté, ce n`est pas d`aller à l`assaut des autres fédérations mais plutôt d`être confronté au mauvais signal que la FIF envoie à ces fédérations en te tenant dans un silence méprisant. Le défi est moins de les convaincre que d`avoir le blanc-seing des tiens, à temps.

Au combat, les janissaires font la promesse et portent le défi de ne jamais trahir. Ils prennent l`engagement de ne surtout jamais reculer devant l`adversaire. Tes troupes intérieures, hier si promptes à se ranger derrière toi, semblent aujourd`hui passées dans le camp de l`adversaire. Elles semblent avoir rompu les rangs et cherchent l`excuse pour ne pas faire bloc derrière toi. Tes lieutenants d`hier, qui t`ont succédé à la FIF, et qui n`ont pas du tout l`élégance de te renvoyer l`ascenseur, déploient toutes sortes d`astuces pour te trahir. Ils poussent le cynisme à te voir quémander l`obole d`un soutien. Ils jouent sur tes nerfs et jubilent à t`éteindre. Ils ont `tué` ta campagne en interne, de façon pernicieuse, et il te sera difficile de surmonter ce handicap. N`est-il pas mieux pour toi de renoncer ?

Quel est ce candidat dont les fidèles lieutenants ou supposés tels, une fois le candidat monté aux avant-postes, tournent casaque ? Le traquenard est trop voyant. Tu a mené des batailles où tu as été trahi sans t`en rendre compte, mais tu ne dois pas batailler à te voir trahi jusqu`à l`humiliation. Ton acte ne sera pas vu comme le renoncement facile d`un homme qui manque de conviction. Ceux qui voudront t`accuser de n`être pas allé jusqu`au bout dans cette aventure ont déjà eu leur réponse dans l`attitude égoïste, égocentrique d`une fédération déterminée à ne pas marquer sa solidarité à l`endroit de celui-là même qui a bâti la réputation dont elle jouit aujourd`hui. Président, ne va pas à Canossa. Ce n`est pas seulement un sentiment personnel que j`exprime à travers cette lettre ouverte que j`ai décidé de t`adresser. C`est l`avis de la majorité des Ivoiriens qui suivent de près la vie du football ivoirien et qui se désolent du spectacle ahurissant d`un pays qui est en train de renier, sacrifier l`un de ses fils les plus valeureux, pour des raisons jusqu`ici inconnues. Ne te laisse pas clouer au supplice de ceux qui veulent ricaner de ton sort. Ne te laisse pas abattre non plus. Le temps qui passe porte témoignage, chaque jour, de ce que la vie n`est jamais un long fleuve tranquille. Tes collaborateurs d`hier, qui se gaussent aujourd`hui de t`enfermer dans leur agenda dans le seul but de ne pas te permettre de prendre date avec l`Histoire, ne savent pas que l`Histoire ouvre ses portes à qui elle veut et quand elle veut. Que la FIF garde sa lettre de parrainage. Ne t`en préoccupe plus. Renonce désormais à parler de candidature à la CAF. Si elle t`a fermé sa porte, celle de l`Histoire va, un jour, s`ouvrir à toi.

En toute amitié
Litié BOAGNON
Journaliste sportif

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