samedi 1 decembre 2012 par L'intelligent d'Abidjan

La communauté internationale célèbre aujourd'hui samedi 1er décembre 2012, la journée dédiée à la lutte contre le Vih-Sida. Si le taux de prévalence tout comme celui de la mortalité de cette pandémie connaît à travers le monde en général et en Côte d'Ivoire particulièrement une baisse significative, des efforts restent encore à mener. Et ce, pour gagner le défi d'une séro-prévalence de moins d'un (1) point à défaut de zéro (0) infection, prescrit par les objectifs du millénaire pour le développement (OMD).

Les leaders des différentes organisations de lutte contre le Sida sont à pied d'?uvre. Entre supervision des préparatifs de la journée sur le terrain dans la commune d'Abobo et l'harmonisation des stratégies pour le maintien des acquis, à quelques heures de la commémoration de l'édition 2012 de la journée mondiale du Sida, ces acteurs de la lutte contre ?'le mal du siècle'' en terre ivoirienne ont eu un agenda chargé hier. Et ce, pour gagner le défi de la mobilisation des populations à l'occasion de cet événement mondial qui vise à rappeler à tous que le VIH/sida demeure un problème majeur de santé publique. Surtout dans les pays en voie de développement. A propos, les statistiques de l'OMS (Organisation mondiale de la santé), indiquent que plus de 22 millions de personnes vivent avec le VIH en Afrique subsaharienne, pour plus de la moitié des femmes. La Région africaine abrite plus de 75 % des femmes et 85 % des enfants vivant avec le VIH dans le monde. La mortalité liée au VIH/Sida, extrêmement forte dans cette Région, a largement contribué à la réduction de l'espérance de vie, avec de graves conséquences sociales et économiques, instruit le Directeur régional de l'OMS, le docteur Louis Sambo dans son message dont nous avons obtenu copie hier. Pays leader de l'Afrique de l'Ouest, la réalité n'est pas différente en Côte d'Ivoire même si des efforts considérables ont été enregistrés dans la baisse tant du taux de séro-prévalence que de la mortalité liée à cette pandémie.

Une prévalence ivoirienne en baisse constante de 2005 à 2012
Si l'on s'en tient aux statistiques de la Direction de l'information, de la planification et de l'évaluation (DIPE) au ministère de la Santé et de la lutte contre le Sida, le taux de prévalence qui était de 4.7 en 2005 est passé à 3.4 en 2010. Et les prévisions portent cette prévalence à 2.9 pour l'an 2012. Soit une nouvelle baisse de 0.5. Depuis l'enquête de 2005, les statistiques nationales confirmées par les différentes évaluations et rapports de l'ONU-SIDA indiquent que le taux de prévalence est en baisse constante. De 4.7 en 2005, nous allons nous retrouver, selon le gap des prévisions, avec un taux de prévalence à 2.9 à fin 2012. A Abidjan, particulièrement où le taux était en hausse, les prévisions nous renvoient à moins de 6.1. C'est dire que la mobilisation des acteurs locaux de lutte que nous sommes, a payé , a signifié Alain Somian, Responsable du Suivi et évaluation du RIP+. Un réseau qui abrite en son sein 64 Ong dont celles d'OEV (Orphelins et enfants vulnérables), des professionnels du sexe ainsi que des personnes victimes de stigmatisation et de discrimination. Il y a des progrès énormes. Le dernier rapport de l'ONU-SIDA le notifie bien. Le bilan est plus positif en 2012 qu'en 2011. Cela veut dire que le travail qui a été fait, a porté , se réjouit de son côté Bamba Youssouf, président du Réseau des professionnels des médias, des arts et des sports engagés dans la lutte contre le Sida (REPMASCI).

Tout comme
la mortalité liée au Sida
Autre point d'acquis : la mortalité liée au Vih-Sida. A ce titre, les statistiques sont prometteuses. En raison de l'accessibilité aux soins, de plus de 50.000 cas de décès notifiés avant 2010, les chiffres de mortalité dus à l'épidémie du Sida sont passés en Côte d'Ivoire à moins de 40.000 décès. Sur ce point, les statistiques de la DIPE portent à 4.550 le nombre d'OEV de moins de 15 ans sous traitement ARV. Contre moins de 2000 OEV en 2005. Soit plus du double de personnes concernées par l'accès aux soins. Dans son message à 24 heures de l'évènement, le gouvernement ivoirien, par la voix du Dr Goudou Coffie Raymonde, ministre de la Santé et de la lutte contre le Sida, confirme cette réduction de la mortalité liée au Sida sous l'effet de la disponibilité des soins. Ainsi, 36.000 décès ont-ils été notifiés en 2010 contre plus de 40.000 en 2000. Selon le rapport 2011 de l'ONUSIDA, on estimait en Côte d'Ivoire en 2010 à 450.000 le nombre de personnes vivant avec le VIH dont 220.000 femmes âgées de 15 ans et plus et 63.000 enfants âgés de 0 à 14 ans. Au cours de cette même année, on enregistrait 36.000 cas de décès dus au VIH. Les efforts de lutte dans le cadre de la riposte nationale ont été perceptibles depuis 2008 lorsque le Gouvernement Ivoirien a rendu l'accès aux ARV totalement gratuit. Cela a permis de voir un nombre croissant de PVVIH sous traitement ARV qui est passé de 72011 en 2009, à 82 721 en 2010 puis à 93000 en 2011, se réjouit-elle.

6,2 millions de malades africains traités en 2011 contre 100.000 en 2003
A l'instar de la Côte d'Ivoire, la tendance est à la baisse à l'échelle continentale et internationale. A en croire Dr Louis Sambo, au fil des ans, des progrès ont été réalisés dans la lutte contre la pandémie du sida dans notre Région sous l'effet conjugué des colossaux investissements financiers pour engager la lutte et pour rendre accessibles les ARV. De gros investissements financiers ont été consentis au titre de la riposte au VIH/Sida, des médicaments et produits abordables ont été rendus plus facilement accessibles à l'ensemble des pays, des approches novatrices de prestation de services ont été généralisées, des campagnes actives ont permis d'accroître la sensibilisation à l'épidémie de VIH/Sida et les communautés ont été en première ligne de la riposte. Ces efforts ont permis de réduire le nombre de nouvelles infections à VIH dans 22 pays de la Région africaine de l'OMS. En 2011, près de 6,2 millions de personnes ont reçu un traitement, contre 100.000 personnes uniquement en 2003. L'élargissement de l'accès au traitement du VIH a réduit le nombre de personnes décédant des suites de causes liées au Sida. Selon des estimations, le nombre de personnes décédées des suites de causes liées au Sida a diminué de 500.000 en Afrique subsaharienne en 2001, par rapport au chiffre de 2005, soit une réduction de 31 % du taux de mortalité attribuable à cette maladie , indique-t-il. Comme on le voit, en Côte d'Ivoire, tout comme en Afrique et partout dans le monde, des progrès ont été réalisés. Ceux-ci restent liés aux fruits de la réponse individuelle et collective de l'ensemble des acteurs impliqués dans la lutte.

Des efforts à poursuivre
Cependant, si l'on en croit Bamba Youssouf du Repmasci, beaucoup reste à faire tant à l'échelle nationale que régionale ou même internationale pour voir se concrétiser la vision de traiter toutes les personnes affectées, de réduire sensiblement la mortalité liée au sida, ainsi que l'incidence globale du Sida. Le nombre croissant de PVVIH sous traitement ARV qui est passé de 72.011 en 2009, puis à 82.721 en 2010 et à 93.000 en 2011 prouve que notre action donne des résultats sur le terrain. Toutefois, les projections nationales de fin 2011 de porter le nombre de patients actifs sous ARV à 129.632 n'a pas été atteint. En outre, la lutte reste dépendante à 90% de l'aide extérieure. Ce sont les pays de l'Occident et de l'Orient qui cotisent pour les pays africains qui n'ont pas suffisamment de ressources pour mener la lutte. C'est un problème surtout que plusieurs de pays donateurs sont aujourd'hui frappés par des crises financières intérieures et ceux-ci tendent ainsi à réduire ou à stopper leur aide à la lutte contre le Sida. Nous avons des inquiétudes surtout que notre pays reste encore loin de l'accès universel au traitement. Il faut accentuer les efforts, a-t-il signifié. Le ministère de la Santé partage cet avis. Sur la base de la proportion de population éligible à la thérapie antirétrovirale sous traitement, la couverture TARV place la Côte d'Ivoire dans la catégorie de l'accès universel comprise entre 20 % et 39 % à la fin de l'année 2010. La Côte d'Ivoire est ainsi bien loin de l'accès universel au traitement. Des efforts sont donc à consentir pour améliorer ces résultats , a souligné la ministre Goudou Coffie. Avant de soutenir que ces efforts doivent passer par un schéma de traitement et des systèmes d'approvisionnement plus simples, plus abordables au plan financier et plus efficaces à travers une intégration plus importante des services de : Traitement Antirétroviral ; de Soins de santé primaires ; de Santé maternelle et infantile ; de Prise en charge de la Tuberculose ; de Santé Sexuelle et Reproductive. C'est une stratégie qui permet de réduire davantage les coûts et contribue à consolider l'efficacité de notre action pour l'atteinte de l'objectif zéro. Au regard de ce qui précède, l'appel à la contribution de tous et de chacun est à renouveler. C'est en cela qu'au nom du Président de la Réplique de Côte d'Ivoire, je vous invite tous, acteurs du secteur public, du secteur privé, de la société civile et partenaires au développement à conjuguer davantage nos efforts au cours de la campagne nationale de lutte contre le VIH durant l'année 2013 pour atteindre l'objectif zéro décès liés au VIH , a-t-elle lancé. Un appel à la mobilisation, qui, nul doute, sera au c?ur du message à la célébration solennelle aujourd'hui à Abobo.

M Tié Traoré

www.225.ci - A propos - Plan du site - Questions / Réponses © 2023