vendredi 7 decembre 2012 par Le Patriote

L'ambassadeur des Etats-Unis en Côte d'Ivoire était hier, l'invité de Radio France internationale. Phillip Carter III, qui était à Paris pour la rencontre du Groupe consultatif pour le financement du PND, a répondu, comme à son habitude sans faux-fuyants, aux questions actuelles qui touchent la Côte d'Ivoire.
RFI : Mardi à Paris, le président Ouattara a sollicité 3 milliards d'euros pour les trois ans à venir, que comptent faire les Etats-Unis ?
Philip Carter III : De notre part, nous comptons préciser nos projets pour cette année, mais avant nous avons donné environ 300 millions de dollars et consolidé notre assistance dans le secteur de la santé. Et les Etats-Unis ont aidé la Banque mondiale.

RFI : Le Fmi peut-être ?
PC III : Nous sommes contributoires aux programmes de la Banque mondiale ainsi que du Fmi, des Nations-Unies, etc. Et nous avons un programme de transition pour aider la Côte d'Ivoire pour le MCC avec le même challenge.

RFI : Samedi dernier, un haut responsable des Nations-Unies a dénoncé des cas de torture et de détentions arbitraires en Côte d'Ivoire. Qu'est-ce que vous en pensez ?
PC III: Oui, je connais cette déclaration, et c'est presque la même perspective des questions présentées avec un excellent rapport de Human right watch, sur le comportement et l'utilisation des militaires dans la sécurité civile. Nous partageons les perspectives avec ce qu'a dit M. Fabius.

RFI : Donc vous êtes inquiet ?
PC III : Oui.

RFI : La répression de la part des Frci est consécutive à plusieurs attaques entre août et octobre. Est-ce que ces attaques peuvent mettre en danger le régime actuel ?
PC III : Les attaques ont créé des problèmes, des sentiments d'insécurité, c'est une évidence bien sûr. Mais si vous parlez de déstabilisation systémique, non. Ce n'est pas possible. Mais en même temps, je voudrais dire qu'ils ont le droit de répondre, c'est l'Etat qui doit assurer la sécurité. Pour nous, qu'est-ce que le Gouvernement doit faire pour assurer cette sécurité ? C'est un programme de réforme du secteur de la sécurité, qui sera installé sur le long terme.

RFI : Qui peut être les auteurs de ces attaques ?
PC III : Je ne suis pas sûr, il y a beaucoup de rumeurs en Côte d'Ivoire. Je pense que vous êtes bien placés pour poser la question au ministre de l'Intérieur et de la Sécurité.

RFI : Le ministère de l'Intérieur dit que ces attaques viennent des partisans de Laurent Gbagbo.
PC III : Je pense que ça c'est correct, mais il y a d'autres éléments.

RFI : Quand vous dites d'autres éléments, y a-t-il des gens qui sont déçus par le nouveau régime ?
PC III : Oui, il y a des éléments qui sont un peu déçus du manque de changement dans la vie quotidienne. Le Gouvernement a un programme. C'était évident. Il a permis de relancer l'économie ivoirienne. Avec ce programme, le Gouvernement a la chance, avec l'assistance des bailleurs de fonds, mais aussi du secteur privé, de régler le problème de développement en Côte d'Ivoire.

RFI : Vous dites que des réformes sont nécessaires dans la sécurité, est-ce que le Gouvernement doit dissoudre les forces irrégulières, les milices dozos, par exemple ?
PC III : Au centre de ces questions se trouvera le programme de reforme du secteur de la sécurité. Le programme ivoirien bien sûr qui va définir le rôle de chaque élément de sécurité : police, gendarmerie, militaire. Mais aussi la question que vous avez posée, comme régulariser la situation actuelle, comme celle des forces irrégulières, notamment les dozos et autres.

RFI : Et du côté de la justice ?
PC III : C'est la même chose. Parce que l'objectif du Gouvernement, c'est de s'assurer que la justice de la Côte d'Ivoire soit équitable, ouverte pour régler toutes les questions d'impunité. Nous sommes là pour encourager la restructuration du système judiciaire, pour réhabiliter les tribunaux, aider le ministère de la Justice avec l'assistance technique. Il faut que le Gouvernement, le ministère de la Justice, soient en mouvement, c'est une promesse faite.

RFI : Quand vous dites justice équitable, voulez-vous dire que des com-zones suspectés de crimes doivent être arrêtés ?
PC III : Je n'ai pas dit de manière spécifique qui. Mais je voudrais dire, comme le président Ouattara l'a déjà dit, que tous les responsables de crimes répondront devant la justice.

RFI : Qu'est-ce que vous pensez de la nomination de certains com-zones au poste de préfets?
PC III : Oui, c'est une décision inquiétante. Parce que le rapport de Human right watch amène à se poser des questions.

RFI : Aucun partisan d'Alassane Ouattara n'est arrêté, est-ce que la réconciliation est possible ?
PC III : On dit qu'il ne peut y avoir de réconciliation sans justice. La justice doit être équitable.

RFI : Si ce gouvernement ne tient pas ses promesses de réformes, est-ce que vous pourriez poser des conditions à une aide future ?
PC III : Je ne peux pas parler de l'avenir. Mais nous avons des attentes. C'est clair que nous voulons établir une sorte de culture démocratique en Côte d'Ivoire et la pierre angulaire pour moi, ce sont les droits de l'Homme et une justice équitable, la bonne gouvernance pour un processus démocratique durable. Si l'objectif, c'est d'avoir un pays émergent, je suis optimiste que le Gouvernement va atteindre ses objectifs.

RFI : Simone Gbagbo transférés à la Cour pénale internationale à la Haye, est-ce une vanité ou pas?
PC III : C'est une décision entre la CPI et le Gouvernement de Côte d'Ivoire. J'espère qu'ils vont trouver une solution mutuelle.

RFI : Laurent Gbagbo, qui est à La Haye depuis près d'un an, est peut-être une solution pour la réconciliation, ou est-ce qu'il est hors-jeu ?
PC III : Je crois qu'on doit régler la question de la réconciliation avec les individus qui sont en Côte d'Ivoire. La question de Gbagbo est une question dépassée.

Source Rfi

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