samedi 25 aout 2012 par Le Banco

Le Parti démocratique de Côte d'Ivoire (PDCI) tiendra bientôt son 12ème Congrès ordinaire. Des clans s'affrontent pour avoir le dessus des débats lors du Congrès en faisant passer leurs idées. De ces hommes et femmes, il y a Kouadio Konan Bertin dit KKB, président de la JPDCI et nouveau député de la Commune de Port-Bouët. Il s'envole ce lundi pour les Etats-Unis d'Amérique pour répondre à l'invitation des militants de son parti politique vivant au pays de l'Oncle Sam. Il y participera à une journée de réflexion avec pour thème "la redynamisation du PDCI-RDA". Avant son départ, il a accordé en exclusivité à LEBANCO.NET, cette interview.


Monsieur le président de la JPDCI, Honorable député de Port-Bouët, vous êtes invité aux Etats-Unis pour participer à un séminaire des militants de votre parti politique avec le thème : "Redynamisation du PDCI". Pouvez-vous nous en dire un peu plus ?

Je voudrais tout d'abord vous remercier de nous donner l'occasion de partager nos idées et nos vues avec l'ensemble de ceux qui vous suivent sur www.lebanco.net. Je suis en effet invité aux Etats-Unis, à Atlanta plus précisément par le collège des délégués PDCI-RDA des USA. C'est un honneur qui nous est fait. Et je voudrais vraiment les remercier d'avance. J'y vais pour participer à une journée de réflexion sur "comment redynamiser notre structure commune, le PDCI-RDA. Vous savez, je le dis et je le répète. Pour nous qui avons choisir de bâtir une carrière politique au PDCI-RDA et nulle part ailleurs, notre avenir politique est donc lié à la vie du PDCI-RDA. C'est pourquoi l'avenir du PDCI-RDA nous préoccupe au plus haut point. De sorte que nous avons déjà engagé la réflexion. Et je pense que sur cette question de l'avenir du PDCI, j'ai largement diffusé mes idées. Elles sont connues de l'ensemble de nos militants, je crois.

Est-ce que vous pouvez rapidement les rappeler ? Surtout les grandes lignes.

Les grandes lignes ? Bon je ne veux pas faire le séminaire avant d'arriver aux Etats-Unis. Mais retenons tout simplement que le PDCI-RDA est à un tournant décisif de son histoire. En ce sens que nous venons d'achever un cycle, et nous devons commencer un cycle nouveau. Généralement quand on est à cette phase de la vie, il y a quelques moments de turbulences. Donc nous devons préparer sereinement ce 12ème Congrès du PDCI-RDA. C'est cela la priorité aujourd'hui.

Comment voyez-vous ce Congrès avec vos nouvelles idées de redynamisation ?

Le Congrès est souverain. Et il y a un collège qui participe à ce Congrès. Chacun y va avec ses idées. Maintenant, si vous idées ont convaincu le maximum, vos idées triomphent. Donc à nous d'expliquer et de convaincre nos amis militants pour qu'ils acceptent nos idées.

Cependant, depuis un certain temps, on constate une bipolarisation des débats pour le Congrès. D'un côté les anciens et de l'autres ceux qui demandent du sang neuf pour redynamiser le parti. On compare souvent vos sorties à des frasques. Qu'en pensez-vous ?

Ecoutez, c'est tout à fait normal. C'est la preuve que le PDCI-RDA est un parti véritablement démocratique. Les débats d'idées, c'est ça qui nourrit une association sérieuse comme le PDCI-RDA. Je ne veux pas m'étaler sur le jugement des autres. Le plus important, c'est ce qui va fortifier le parti. Que ça vienne de nous ou de quelqu'un d'autre, ce qui prime pour nous, c'est la survie du PDCI-RDA.

Parlons de la JPDCI. KKB et la JPDCI, c'est fini ou ça continue ?

C'est fini en ce sens que j'ai fini mon mandat, depuis belle lurette. Donc je suis dans l'attente de l'organisation du Congrès des jeunes pour passer le témoin. Et je le répète, ma philosophie à moi, c'est qu'on ne fait pas son temps et le temps des autres. KKB a fait son temps à la tête de la jeunesse. KKB a formé des jeunes dont je suis fier. Et mon souhait, c'est de les voir à l'?uvre. Or, ils ne sont jeunes que tant qu'ils auront entre 15 et 35 ans. Si je passe plus de temps encore à la tête de la jeunesse du parti, alors j'aurais fait leur temps et je n'aurais pas eu le temps de les voir à l'?uvre. Voyez-vous ? Donc KKB attend allègrement que se tienne le Congrès de la jeunesse du PDCI-RDA pour que je passe le témoin. De ce point de vue, je suis un homme tranquille. Je pense avoir rempli ma part du contrat vis-à-vis de nos militants et vis-à-vis du PDCI-RDA.

Une parenthèse. Peut-on, selon les statuts et règlement intérieur de votre parti, organiser le Congrès de la jeunesse indépendamment à celui du PDCI ?

Ce n'est pas possible. Les jeunes, les femmes et les membres statutaires vont au Congrès pour faire le bilan. Alors si vous renouvelez les structures des jeunes et des femmes, vous mettez de nouvelles personnes qui n'ont pas participé à ce bilan, comment vont-elles aller faire le bilan ? Donc vous voyez bien que rien que pour ça, ce n'est pas possible. Mais, les textes ne le prévoient pas. On va au Congrès du parti, une fois qu'on a renouvelé les structures et les Instances du parti, et bien ceux qui viennent renouvellent à leur tour les structures et instances du parti selon les nouvelles orientations du Congrès qui est souverain.

Parlons du Président Bédié. Vous vous êtes battu pour qu'il revienne d'exil et occupe la tête du PDCI et reprenne son fauteuil de président de la République. Aujourd'hui, on vous taxe d'être contre son maintien à la tête de ce parti. Qu'en est-il ?

Ma seule volonté ne fait pas la différence. Ce sont les militants qui décident. Au Congrès, les militants diront ce qui est bon pour l'avenir du PDCI-RDA. Si les militants estiment que Bédié garantit l'avenir du PDCI-RDA, on s'alignera.

Ce n'est donc pas une position tranchée ?

Au Congrès, on ne va pas avec sa seule conviction. On y va en prenant en compte celles des autres. Et c'est la majorité qui domine. Si la majorité se dégage en faveur d'une position et non la vôtre, vous vous alignez. C'est cela la démocratie.

Pensez-vous que ce 12ème Congrès ne finira pas en éclatement du PDCI-RDA ?

Je ne pense pas. Nous ferons en sorte qu'on n'y arrive pas. Le PDCI-RDA doit renégocier sa cohésion interne, c'est important. S'il veut revenir aux affaires, l'éclatement n'est pas le chemin du retour au pouvoir. Si on en arrive à l'éclatement, il faut dire alors que Houphouët-Boigny serait mort définitivement.

Dans les couloirs du PDCI, il y a des militants qui pensent qu'à l'issue de ce Congrès, il faut tout sauf un Baoulé à la tête du parti. Qu'en dites-vous ?

Il ne faut pas les gens raisonnent de cette façon. De la même façon, il y en a qui disent qu'il faut tout sauf un Baoulé, d'autres disent que c'est un Baoulé qu'il faut à la tête du PDCI-RDA. Dans un cas comme dans l'autre, ce n'est pas ça le rêve d'Houphouët. Ce n'est pas ça le PDCI-RDA. Quand on est militant du PDCI, on ne raisonne pas comme ça. Un Baoulé peut être à la tête du PDCI-RDA, s'il mérite, s'il a les qualités pour l'être. Houphouët l'a été, Bédié aussi. Mais on ne part pas a priori avec de tels raisonnements pour dire tout sauf un Baoulé ou bien rien que des Baoulé. Non, KKB n'est pas dans ce schéma. Oui, il faut un Ivoirien, militant du PDCI-RDA qui a du mérite, qui peut nous conduire à la victoire dans la vision et la philosophie politique de Félix Houphouët-Boigny. Le PDCI est le creuset dans lequel on formate l'idée qu'a eu Houphouët de bâtir une Nation. Nation suppose que nous allions au-delà de nos clivages ethniques, religieuses. Houphouët a fait en sorte que jusqu'avant sa mort, un Ivoirien en vaut un autre. Il ne raisonnait pas en fonction de nos origines et le PDCI-RDA n'est pas ce parti-là. C'est un parti de l'ensemble des Ivoiriens. Regardez le parcours politique d'Houphouët. Il n'a été député pour la première fois qu'à Korhogo, pas à Yamoussoukro chez les Baoulé. Parce qu'il a été accepté par les Ivoiriens de Korhogo. Vous savez également très bien que l'Ouest de la Côte d'Ivoire a soutenu Houphouët. Donc, nous devons revenir à ces valeurs-là. Ce sont des choses que KKB combat avec force : le tribalisme et l'ethnicisme dans le débat. Et de toutes les façons, le Baoulé n'est pas une entité qui se réclame comme tel dans le PDCI-RDA. Non, ce n'est pas cela. Les Baoulé ne demandent qu'une seule chose, c'est d'apprendre à vivre en harmonie avec ses autres frères de la Côte d'Ivoire que ce soit au PDCI ou ailleurs. C'est quand on n'a plus d'idée, on n'a rien à proposer qu'on affectionne ces clichés. Ces clichés, malheureusement tuent l'Afrique, tuent la Côte d'Ivoire depuis un moment. On va à un Congrès, dans mon entendement, ce sont des Ivoiriens qui vont au Congrès. Peu importe ce qu'ils sont à l'origine.

Il court aussi des bruits comme quoi KKB ambitionnerait être le Secrétaire général du PDCI-RDA. Est-ce vrai ?

Ce n'est pas mon v?u. Ce n'est pas mon souhait d'être ceci ou d'être cela. Je n'ai rien demandé. Houphouët-Boigny lui-même l'a dit jusqu'à sa mort, il n'a jamais rien demandé. Mais ceci étant, je pense que c'est une justice qui veut que chacun ait de l'action ce qu'il mérite de l'action politique. Moi, je milite pour l'édification d'un parti politique. Je milite pour la préservation des acquis de Félix Houphouët-Boigny. Je milite pour la survie de son ?uvre politique. Parce que j'estime que quand on est bon Houphouétiste, au plan politique, l'instrument qu'il a révélé au monde s'appelle le PDCI-RDA. Quand on est Houphouétiste et qu'on aime Houphouët-Boigny, on doit se battre pour que son ?uvre politique ne disparaisse pas après lui. Voici le sens de mon combat. Maintenant qui va occuper tel ou tel poste à quel moment, ça c'est un autre débat.

Il a aussi le RHDP qui essaie de mettre en avant les idées d'Houphouët-Boigny. Qu'est-ce que vous en pensez puisque son instrument politique est le PDCI-RDA, selon ?

Ça, c'est le RHDP. Le RHDP fait le rattrapage de la philosophie d'Houphouët. Voyez-vous c'est l'association de ceux qui se réclament d'Houphouët pour pérenniser son ?uvre. Mais le PDCI-RDA, c'est l'authenticité, c'est que Houphouët a créé lui-même avant de mourir. C'est la maison-mère. Alors le RHDP sera fort quand le PDCI sera toujours fort.

Terminons avec votre voyage aux USA. Que pouvez dire aux militants du pays de l'Oncle Sam ?

Je n'ai rien à ajouter d'autre. C'est seulement de dire aux militants des Etats-Unis que je leur donne rendez-vous le samedi 1er septembre comme convenu. Je souhaite qu'ils se mobilisent et qu'ils viennent nombreux à cette rencontre-séminaire. Il y de nombreux Ivoiriens qui sont aux USA. Vous savez, ceux de nos frère qui ont eu cette chance d'aller vivre à l'extérieur, qui se sont frottés aux autres civilisations, aux autres pratiques et qui ont eu l'ouverture d'esprit doivent avoir le souci de ramener dans leur pays la Côte d'Ivoire les expériences positives qu'ils ont pu acquérir où ils sont partis. Je serai heureux de recevoir des propositions, des suggestions de nos militants aux Etats-Unis, qui ont vu les Obama, qui ont fréquenté les grands partis de la grande tradition démocratique venir enrichir ce séminaire. Nous allons nous en servir pour venir effectivement enrichir les débats ici au PDCI-RDA avant d'aller au Congrès. C'est pourquoi, je considère que c'est un grand rendez-vous auquel je vais participer. Et je souhaite que, eux-mêmes, ils aient conscience de cela et qu'ils se préparent sérieusement. Ce sera sans nul doute, un grand événement.

Interview réalisée par Guy TRESSIA

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