mercredi 16 janvier 2013 par Le Patriote

Peut-on sauver quelqu'un qui a décidé de faire, malgré les conseils et mises en garde, l'expérience de la mort ? Absolument pas. Pourtant, c'est l'attitude que semble afficher actuellement le Front populaire ivoirien. Tout montre en effet dans le comportement du parti de Laurent Gbagbo, qu'il se prête au jeu de la surenchère. Et, visiblement, il sera difficile de tirer quelque chose de lui. Le parti à la rose veut coûte que coûte un dialogue direct avec le président de la République. Toutes les déclarations produites par ses responsables convergent vers cette option. Selon Miaka Ouretto et ses camarades, il urge pour la direction de l'ancien parti au pouvoir de s'asseoir autour d'une même table avec le président de la République pour engager les discussions. Il faut qu'on définisse les règles du jeu de manière claire et consensuelle. On n'a même pas arrêté la date de manière consensuelle, comment peut-il y avoir élections, il ne peut pas y avoir élections.

Nous devons arrêter de façon consensuelle la date des élections , a indiqué Miaka lors de la cérémonie d'hommage organisée à Yopougon en l'honneur du Pr Gilbert Aké N'Gbo et ses amis après leur libération en décembre dernier. Et le président intérimaire du FPI de poursuivre : dans les jours et semaines à venir, nous allons écrire au Président Alassane Ouattara, pour lui dire que le temps est venu qu'il s'asseye avec son opposition afin de discuter de manière franche pour qu'on définisse les règles du jeu. La sécurité, il faut qu'on en parle, le financement des partis politiques, il faut qu'on en parle, la libération de nos s?urs et frères, il faut qu'on en parle. C'est ensemble que nous devons les définir. Il n'y a pas de faux-fuyant. Ce n'est pas une affaire d'amour-propre, ni une affaire d'orgueil. C'est une affaire de Démocratie. La lettre en question a été écrite quelques jours plus tard et même publiée dans la presse. Apparemment sans suite, pour l'heure. Le destinataire, en l'occurrence Alassane Ouattara, va-t-il faire droit aux exigences du FPI ? Si la question demeure pour le moment sans réponse, il convient de faire remarquer que ce que demande le comité central du FPI est difficile à obtenir, pour ne pas dire impossible. Un dialogue direct d'un parti politique avec le chef de l'Etat, en l'état actuel des choses, risque d'enfreindre à la Constitution ivoirienne, qui interdit au président de la République de discuter directement avec les partis politiques. L'article 34 de la Constitution ivoirienne stipule que : Le Président de la République est le Chef de l`Etat. Il incarne l`unité nationale. Il veille au respect de la Constitution. Il assure la continuité de l`Etat. Il est le garant de l`indépendance nationale, de l`intégrité du territoire, du respect des engagements internationaux. En tant que garant de l'unité nationale et de la Constitution, le chef de l'Etat est au-dessus des partis et mouvements politiques. Il ne peut donc pas discuter directement avec les chapelles partisanes. C'est en cela qu'il a autorisé le chef du gouvernement, le Premier ministre, qui est responsable devant lui, selon l'article 41 de la fondamentale, à créer un Cadre permanent de Dialogue avec les partis de l'opposition dans le cadre de la réconciliation nationale et pour régler les problèmes politiques entre le pouvoir et les partis de l'opposition.

Or ce cadre permanent de dialogue est visiblement au travail. Il s'est déjà réuni à plusieurs reprises, en prenant chaque fois le soin d'inviter toutes les parties prenantes. Mais chaque rendez-vous de ce cadre permanent a eu dénominateur commun : l'absence plus ou moins tacite du FPI. Par tous les subterfuges possibles, les refondateurs ont trouvé le moyen de s'y dérober, prétextant bien des fois des problèmes de calendrier ou d'impréparation aux discussions à l'ordre du jour. A Bassam, sous Ahoussou Jeannot, ils avaient carrément déserté les lieux de la rencontre en filant à l'anglaise le jour même des discussions en vue d'arrêter les résolutions finales. A maintes reprises, le ministre d'Etat Hamed Bakayoko a tenté de les rencontrer pour relancer le processus de discussion, en vain. Ces jours-ci, c'est au tour du nouveau Premier ministre, Daniel Kablan Duncan de tenter de relancer la machine. Apparemment sans succès. Le FPI ne veut pas se considérer comme un parti de l'opposition au même titre que les autres. Il veut se forger le statut d'opposant particulier, celui dont il s'était affublé jadis quand il traitait ses alliés de la Gauche démocratique de rivière qui devaient se jeter dans la mer.

Que veut donc le FPI ? Rendre le président de la République parjure en l'amenant à violer la Constitution dont il est tenu de veiller au respect ? Pourquoi snober le cadre permanent de dialogue si tant est que l'on veut sincèrement obtenir solution aux problèmes du FPI ? En quoi discuter avec le Premier ministre Daniel Kablan Duncan est-il dévalorisant ? Kablan Duncan n'est-il pas celui à qui le président de la République a délégué une partie de ses pouvoirs pour justement gérer ce genre de situation ? A vrai dire, le FPI est dans une logique dont lui seul connait les secrets et les motivations. Il refuserait le dialogue républicain qu'il ne s'y prendrait pas autrement. Le FPI se comporte comme quelqu'un qui crie sur tous les toits qu'il veut rencontrer Dieu et qui refuse de recevoir les anges qu'Il lui envoie. Le parti de Laurent Gbagbo doit accepter le dialogue avec le Premier ministre Kablan Duncan qui n'est personne d'autre que les oreilles, la bouche et les yeux du chef de l'Etat dans le Cadre permanent de Dialogue. Au lieu de faire de la surenchère. Laurent Gbagbo l'a compris en 2006 lors du dialogue direct avec les Forces nouvelles à Ouagadougou. C'est la raison pour laquelle il a délégué à l'époque ses pouvoirs à feu le ministre Désiré Tagro qui conduisait les débats dans la capitale burkinabé au nom de son gouvernement et à son nom. C'est ce que fait actuellement le Premier ministre Daniel Kablan Duncan. Il appartient au FPI, à sa suite, de le comprendre et d'arrêter de courir après un impossible dialogue direct avec le président Alassane Ouattara.

Jean-Claude Coulibaly

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