vendredi 18 janvier 2013 par AFP

ABIDJAN - Charles Blé Goudé, farouche partisan de l`ex-président ivoirien Laurent Gbagbo, arrêté jeudi au Ghana, a été transféré en Côte d`Ivoire où il est détenu par la police, a annoncé vendredi le gouvernement ivoirien.

"A l`occasion d`une opération policière conjointe de la Côte d`Ivoire et du
Ghana, M. Charles Blé Goudé a été appréhendé le jeudi 17 janvier 2013. Il est
actuellement détenu en Côte d`Ivoire par les services de la police ivoirienne
dans le cadre de la poursuite des procédures judiciaires déja ouvertes contre
lui en Côte d`Ivoire", ont indiqué les ministères de l`Intérieur et de la
Justice dans un bref communiqué conjoint.

L`ex-chef des "jeunes patriotes" pro-Gbagbo, visé par un mandat d`arrêt
international émis par Abidjan pour son implication présumée dans les
violences postélectorales de décembre 2010-avril 2011 qui ont fait environ
3.000 morts, était en cavale depuis la fin de cette crise.

L`avocat israélien Nick Kaufman, chargé de coordonner sa défense, a déclaré
vendredi à l`AFP que la justice ghanéenne lui avait expliqué que l`arrestation
de M. Blé Goudé répondait à un mandat d`arrêt de la Cour pénale internationale
(CPI). "Pour le moment, je n`en suis pas sûr", a-t-il cependant ajouté.

Interrogée par l`AFP, la CPI a affirmé ne pas avoir de "lien public" avec
l`ancien ministre de la Jeunesse de Laurent Gbagbo, c`est-à-dire n`avoir pas
rendu public un mandat d`arrêt contre lui, ce qui n`exclut pas toutefois la
possibilité d`un mandat d`arrêt sous scellé, et donc encore confidentiel.
Régulièrement cité comme l`un de ceux qui pourraient être ciblés par la
CPI, M. Blé Goudé, jadis surnommé "général de la rue" pour sa capacité de
mobilisation, s`était dit prêt à comparaître devant la Cour, dans un entretien
avec l`AFP en juin 2012. "Je suis prêt à aller à la CPI parce que je ne me
reproche rien", avait-il assuré.

Il est pourtant considéré par ses détracteurs et des ONG internationales
comme l`un de ceux qui ont le plus contribué aux violences durant la dernière
crise et au-delà durant la dernière décennie de troubles, même si depuis lors
il a appelé régulièrement à la "réconciliation".

Son transfert en Côte d`Ivoire, particulièrement rapide, intervient alors
que des membres du camp Gbagbo se préparaient en hâte depuis jeudi pour
organiser sa défense au Ghana, dans l`espoir d`empêcher une extradition.
Avant l`annonce de son extradition, Human Rights Watch (HRW) avait salué
son arrestation dans un communiqué. Mais l`ONG avait appelé les autorités
ghanéennes à s`assurer, avant de le remettre éventuellement à la Côte
d`Ivoire, qu`il ne courait pas "un risque crédible de traitement inhumain ou
de torture" dans son pays.

Charles Blé Goudé, dont l`arrestation a fait beaucoup de bruit à Abidjan,
sillonnait l`Afrique de l`Ouest dans sa fuite depuis près de deux ans. Selon
des proches, il ne disposait pas du statut de réfugié politique au Ghana, lieu
d`exil de milliers de pro-Gbagbo depuis la fin de la crise de 2010-2011.

Il était devenu une figure de premier plan comme fer de lance de
manifestations parfois violentes contre l`ex-puissance coloniale française
après l`éclatement de la crise politico-militaire de 2002. Il était sous
sanctions de l`ONU depuis 2006 (gel des avoirs, interdiction de voyager).

Son mentor, Laurent Gbagbo, a été arrêté le 11 avril 2011 à Abidjan et est
détenu depuis fin 2011 à La Haye par la CPI, qui le soupçonne d`être
"co-auteur indirect" de crimes contre l`humanité. L`"audience de confirmation
des charges" devant permettre de décider de la tenue de l`éventuel procès de
l`ex-président doit démarrer le 19 février.
Communiqué des ministères de l'intérieur et de la justice relatif à la capture et à l`extradition de Charles Blé Goudé en Côte d`Ivoire
Publié le: 18/1/2013  | 

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