mardi 31 decembre 2013 par APA

La non attribution du Prix Super Ebony 2013 du meilleur journaliste est, diversement, interprétée dans le milieu de la presse ivoirienne qui juge la sanction du Jury trop sévère pour les uns et courageuse pour les autres.

Nous avons travaillé en toute indépendance et nous avons décidé de ne pas attribuer le Super prix Ebony compte tenu du niveau moyen de cette édition dont la plus forte note ne dépasse pas 6,5/10 a déclaré, samedi nuit lors de la 15ème Nuit des Ebony, Yacouba Kébé, président du Jury avant de quitter à pas alertes le pupitre.

Le verdict jette l'émoi dans la salle. La pilule est difficile à avaler . De timides applaudissements approuvent la sanction dans la salle quand la majorité des invités et journalistes n'y voient que du feu .

48 heures, après et à froid, le mercure n'a pas baissé au sein de la corporation. L'indignation est énorme. Du jamais vu ! , s'écrie un jeune journaliste. Et pourtant, il fallait bien qu'un jour des gens ramènent les journalistes, partisans du moindre effort à l'ordre rétorque un autre.

Pour Abdoulaye Villard Sanogo, Vice-président de l'Observatoire de la liberté de la presse, de l'éthique et de la déontologie (Olped), la décision du Jury est salutaire soulignant qu'il faut faire confiance aux aînés qui ont pris cette décision.

Connaissant la rigueur de Zio Moussa et Kébé Yacouba, je ne suis pas étonné de la décision du Jury. Et cela doit nous interpeller pour retrousser nos manches en respectant les règles de la profession indique-t-il soulignant que chaque genre journalistique a sa façon professionnelle d'être rédigé. On ne peut pas écrire une enquête ou un reportage de la même façon , tranche M. Sanogo.

Une position que ne partage pas Guillaume Gbato, le Secrétaire général du Syndicat national de la presse privée de Côte d'Ivoire (Synapp-ci). Pour le syndicaliste, la non attribution du Super Ebony 2013 pose, à la fois, un problème de fond et de forme. Dans la forme, il marque son désaccord avec le Jury dont l'argumentaire est discutable , selon lui.

Le Super Ebony n'est pas un concours à part entière. Le Jury, ayant attribué les prix des catégories Presse écrite et en ligne, Radio et Télévision, la logique aurait voulu qu'il proclame le super prix Ebony récrimine-t-il.

Dans le fond, Guillaume Gbato estime que la faiblesse du niveau des grands genres est tributaire des conditions de travail des journalistes. Pour faire ces grands genres, il faut des moyens que les entreprises de presse ne mettent, généralement, pas à la disposition des journalistes insiste-t-il.

Pour Gooré Bi-Hué, Président de l'Organisation des journalistes professionnels de Côte d'Ivoire (Ojpci), la sanction du Jury est la preuve qu'il y a du travail à faire. Le renforcement des capacités est, désormais, plus qu'impératif. C'est un signal qui interpelle toutes les organisations professionnelles avec en premier l'Unjci (Union nationale des journalistes de Côte d'Ivoire, affirme-t-il.

Par ailleurs, M. Gooré dit ne pas être surpris par la décision. Car, selon lui, il y a des journalistes lauréats qui ne sont pas forcément les meilleurs des rédactions. Quant à Mamery Camara dit Mam Camara, ex-président de l'Unjci c'est une décision ?'courageuse'' qui reflète la presse ivoirienne décriée , ces derniers temps, par les professionnels.

L'un des invités spéciaux de la soirée, Jim Boumelah, président de la Confédération internationale des journalistes (Cij), a indiqué, pour sa part, n'avoir jamais vu un jury qui n'octroie pas de prix soulignant, toutefois, n'ayant pas connaissance des règles du Prix.
A ce propos, Abdoulaye Villard Sanogo qui a eu ce privilège, rapporte qu' aucune disposition du règlement du Prix Ebony ne fait obligation au Jury d'attribuer absolument le prix même si le niveau ne le mérite.

HS/ls/APA

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