jeudi 31 janvier 2013 par L`Inter

Après Gao et Tombouctou, Kidal la troisième grande ville tenue depuis 9 mois par les islamistes vient de tomber. Mais on ne peut dire pour autant, que la question du nord malien est réglée. Une solution définitive au problème touarègue s'impose.

L'opération Serval déclenchée le 11 janvier dernier par les forces françaises avec l'appui de l'armée malienne, ressemble bien à une guerre éclair. Moins de trois semaines après le début des hostilités, les islamistes ont visiblement jeté l'éponge. Les trois grandes villes du Nord qu'ils tenaient sont tombées les unes après les autres quasiment sans résistance. Depuis mardi soir, la localité de Kidal, leur dernier bastion est reprise à son tour par les forces coalisées franco- africaines. Tout a débuté tard dans la nuit de mardi 29 janvier par le débarquement des forces spéciales françaises sur l'aéroport de la ville. Cette fois- ci, les forces maliennes n'ont pas participé à l'assaut. Le Mouvement nationale pour la Libération de l'Azawad, (MNLA) dont les forces avaient pris position sur place avant le débarquement des troupes françaises, ne voulait pas voir l'armée malienne, qu'il considère comme ennemie, sur un terrain qu'ils estiment être leur fief. En effet, c'est depuis Kidal, début 2012, que ce mouvement indépendantiste a engagé les hostilités avec l'armée malienne pendant que le président Amadou Toumani Touré (ATT) était encore au pouvoir. Ce sont les forces françaises, qui contrôlent actuellement la ville, en attendant les soldats nigériens et tchadiens qui prendront la relève. A en croire certaines sources, les Français auraient conclu un accord avec les indépendantistes, avec bien sûr l'approbation de l'armée malienne, pour que cette dernière ne soit pas présente à Kidal.

Où se cachent les jihadistes?

Depuis leur déroute, les islamistes se seraient repliés plus au nord vers la frontière algérienne, une zone de massifs montagneux, repaire idéal pour leurs combattants. Pour ces jihadistes, ce n'est qu'un retour dans leur base arrière d'où ils opéraient bien avant d'entreprendre la conquête du Nord Mali. Désormais leur mode opératoire va changer. De leur tanière du massif de l'Adrar, Aqmi, Mujao et Ansar Dine vont livrer une véritable guérilla aux soldats nigériens et tchadiens qui seront déployés dans ce vaste désert où les Français ne veulent pas se hasarder. Avant d'engager ses troupes dans cette guerre, le président français François Hollande avait indiqué que son pays ne va pas rester dans la région. La France laissera la place aux troupes africaines dont le déploiement se poursuit lentement. Pour permettre à la Mission internationale de soutien au Mali, (MISMA), d'accomplir convenablement sa tâche, près d'un milliard de dollars est demandé aux donateurs. La moitié de cette somme a déjà fait l'objet de promesses lors d'une réunion tenue en marge du 20e sommet de l'Union africaine à Addis-Abeba du 27 au 29 janvier dernier. Lorsque cette force africaine sera effectivement opérationnelle dans tout le septentrion malien, la question de l'intégrité territoriale du Mali sera plus ou moins réglée. L'on pourra alors penser aux élections que le président par intérim Dioncounda Traoré prévoit pour le mois de juillet 2013, si tout se passe bien. Mais avant d'en arriver là, la question du Nord malien refera surface, cette fois autour d'une table ronde. Le MNLA qui a ouvert la boîte de Pandore de cette crise du Nord Mali, en engageant la guerre de l'Azawad contre l'armée malienne, a déjà repris pied dans son fief de Kidal. Faut-il l'en déloger par la force? En tolérant le retour des indépendantistes touaregs dans leur fief de Kidal, la France veut obliger Bamako à privilégier la solution diplomatique de la question de l'Azawad. Le mouvement est aujourd'hui scindé en deux entités depuis la création toute récente du Mouvement islamique de l'Azawad, (MIA). Contrairement au MNLA, la dissidence prône le règlement politique de la crise et n'est pas fondamentalement pour la séparation de ce vaste territoire qu'est l'Azawad du reste du Mali. Par contre le MIA tient, tout comme le MNLA, à ce que la spécificité de ce quasi pays soit reconnue. Tout dépendra de la forme que les autorités maliennes donneront à cette entité qui a tout d'un Etat.

Charles d'Almeida

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