mardi 5 fevrier 2013 par Le Temps

Il est 10 heures 47 minutes le lundi 4 février 2013, lorsque notre équipe de reportage arrive dans la cours du Centre hospitalier universitaire (Chu) de Cocody. Nous nous dirigeons directement dans la salle des urgences où quelques malades, malgré le mot d'ordre de grève, espèrent désespérément recevoir les premiers soins. Un malade doute accidenté et arrivé depuis un bon moment, est étendu sur la table dans la salle de réception. Les parents, assis un peu plus loin, attendent avec anxiété le passage d'un médecin qui pourrait sauver leur enfant. Par curiosité nous visitons une chambre dans laquelle sont admis les malades. Abandonnés, ils réagissent dès que l'on s'approche de leur chambre. Les yeux hagards et vides de vie, une dame tente tant bien que mal de nous adresser la parole. Mais hélas, ses efforts sont vains. D'autres malades fatigués, soupirent profondément dans leurs lits sans trop d'espoir. Nous quittons la salle d'attente pour le 5e étage en l'occurrence le centre néonatale du Chu de Cocody.

En ce lieu, les chefs de services sont en place. Mais, aucun médecin n'est en vue. Tous ont déserté les bureaux. Notre tentative d'arracher quelques mots à un médecin trouvé sur place s'est soldé par un échec. Il nous est impossible d'avoir accès à la chambre des prématurés et de la pédiatrie pour en savoir davantage sur leur état de santé. Nous remontons aux 8e étage où se trouve le service d'urologie. Le constat est le même. Sur ce pallier, les différents chefs de service sont en place. Là aussi, les médecins ont fait défection. Un monsieur assis sur le banc dans le hall attend sagement. Approché, celui nous explique qu'il est venu chercher les résultats de son analyse. Il se dit être surpris que les médecins entrent en grève ce matin. Il est abattu et nous demande ce qu'il doit maintenant faire pour entrer en possession de ses dossiers d'analyse. Un autre malade a choisi d'attendre son médecin traitant, devant la porte de son bureau. Je vais l'attendre jusqu'à ce qu'il arrive. Peut-être aura-t-il pitié et il, me recevra, dit le malade qui nous parle sous le sceau de l'anonymat. Pendant ce temps, dans la cours du Chu de Cocody, tous les agents de la santé sont arrêtés et discutent entre eux.

Un syndicaliste avec un mégaphone dans la main, harangue ses collègues. Nous demandons à tous de venir émarger sur la liste que nous tenons ici. Chacun des agents doit s'inscrire impérativement pour qu'il soit valablement défendu. Les responsables syndicaux font circuler le message selon lequel tout journaliste en fonction doit présenter sa d'identité de journaliste professionnel avant d'obtenir les informations dont il a besoin. Le message est suivi à la lettre par les syndicalistes qui avant de nous livrer les informations, exigent de nous la carte professionnelle. Aux consultations internes, les caisses sont fermées. Pourtant des malades attendent avec le secret espoir qu'avec un peu de chance ils seront reçus par leurs médecins traitant. Nous nous approchons d'une femme venue pour attendre son médecin. Je suis venue à un rendez-vous formel que j'ai obtenu de la part de mon docteur. Alors là, je suis inquète, fait-elle entendre. On peu lire sur les visages des parents des malades, la désolation. Une femme qui venait voir son pédiatre s'est retrouvée toute seule dans la salle des urgences. Elle est presqu'en larme avec son bébé au dos. Dans le hall, les parents défilent avec leurs malades. D'autres font un effort pour contenir leur désarroi lorsqu'ils voient les médecins réunis sous les arbres en train de discuter. Depuis la façade qui précède l'entrée principale du Chu de Cocody, on peut apercevoir l'attroupement sous les arbres d'un bon groupe des agents de la santé en pleine discussion. Instantanément, ils sont rejoints par les autres agents des autres services de santé. Le mot d'ordre est clair. Il faut paralyser les services du Chu de Cocody. A 11 heures 21 minutes, nous mettons le cap sur le Chu de Yopougon. Dans ce centre, tous les services sont fermés. Cependant, le Major Sylla, un des responsables du collectif des syndicats des agents de la santé, rassure.

Les syndicats haussent le ton

Nous assurons un service minimum dans les urgences, dans les services de gynécologie et de la réanimation. Mais, si jamais un de nos agents est agressé par un soit disant Frci, nous arrêtons complètement le service minimum immédiatement, a-t-il averti. De nombreux malades se sont tout de même présentés aux urgences pour percevoir des soins. Mme Doumbia est presqu'en terme d'une grosse qu'elle depuis bientôt neuf mois. Elle est venue à son rendez-vous habituel. Elle ignore que les médecins sont en grève. Je suis venue voir la sage-femme. Elle m'a donné rendez-vous pour aujourd'hui 9 heures. Je suis là depuis le matin. Je l'ai vu mais elle ne m'a pas regardée. Alors je suis assise pour l'attendre, dit-elle. La chaleur aidant, les salles d'attente se vident.

Il est 12 heures 3 minutes lorsque nous arrivons au Chu de Treichville. C'est le calme plat aux services des urgences. L'Homme blouse blanche nous éconduit. C'est sans doute le médecin de garde. Il demande à ce que tout le monde vide la salle des urgences. A côté de la porte d'entrée, une femme attend avec ses ordonnances dans ses bras. L'atmosphère est glacial permis les malades assis à même le sol au dehors. Une autre femme est lasse d'attendre. Je suis arrivée et il n'y a personne pour me recevoir. Je suis bloquée se désole-telle. Pour cette première journée de lundi, la grève a été totalement suivie par l'ensemble des agents de la santé. Aux dernières nouvelles, le collectif vient d'obtenir une audience à la Primature pour aujourd'hui mardi 5 février 2013 à 18 heures.

Jean-Baptiste EssisSanté: Service minimum dans les centres hospitaliers pour cause de grève
Publié le: 4/2/2013  | 

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